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Jovenel Moïse, Guy Philippe, un tandem de choc

mardi 30 août 2016

Muet comme une tombe sur la conclusion du rapport partiel de l’UCREF évoquant la possibilité qu’il ait utilisé ses entreprises pour blanchir de l’argent, Jovenel Moïse, candidat à la présidence du PHTK, était dans la Grand’Anse ce week-end pour mener campagne. Des photos publiées sur les réseaux sociaux le montrent aux côtés de Guy Philippe, candidat au Sénat, objet quant à lui d’un mandat d’amener du juge d’instruction des Cayes Bénit Noël. Guy Philippe, ex-commissaire de police, ex-chef rebelle, est « reproché », selon le mandat, d’assassinat, de tentative d’assassinat, d’attaque armée contre la force publique.

« Je confirme que le mandat d’amener est authentique », a confié au journal Pierre Espérance du RNDDH, scandalisé par le comportement du candidat à la présidence du PHTK, Jovenel Moïse. « Un candidat qui veut rompre avec les mauvaises pratiques comme l’impunité, la corruption, le blanchiment d’argent ne devrait pas s’associer à quelqu’un qui refuse de répondre d’un mandat d’amener décerné par la justice », a estimé le militant des droits de l’homme, soulignant que l’attaque contre le commissariat des Cayes « est un acte terroriste ». Il y a dans ce tandem vu dans la Grand’Anse, ce week-end, l’expression du non-respect de la vie humaine, a soutenu Pierre Ésperance.

En ce qui concerne le rapport de l’UCREF indiquant qu’il est « possible que monsieur Jovenel Moïse manipule des fonds qui n’ont rien à voir avec ses entreprises et qu’en « attendant d’autres documents, ce rapport partiel est transmis aux autorités compétentes pour les suites utiles, et ce conformément à l’article 35 de la loi du 11 novembre 2013 relative au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme », Pierre Ésperance a multiplié les qualificatifs comme « accablant », « triste », « révoltant ».
Pour lui, huit jours après la transmission du dossier au parquet de Port-au-Prince, Jovenel Moïse « doit fournir des explications ».

Qui ne dit mot consent…

« Son silence est préoccupant pour les bien-pensants, les citoyens et les citoyennes », a estimé Sauveur Pierre-Etienne, le coordonnateur de l’OPL, allié électoral de Jude Célestin, l’un des compétiteurs de Jovenel Moïse.
Sarcastique, Sauveur Pierre Etienne se réfère à la vieille formule pour se faire, en attendant, une opinion : « Qui ne dit mot consent ». Le politologue, dans la foulée, a estimé que Jovenel Moïse, candidat à la magistrature suprême du pays, ne peut pas s’enfermer dans le mutisme. « Si l’UCREF, une institution de l’État vous indexe, même si on ne peut pas vous poursuivre en justice pendant la campagne électorale, il faut clarifier tout ça devant l’opinion », a indiqué Sauveur Pierre-Etienne croyant qu’il faut éviter la chasse aux sorcières, sans faire l’économie de la recherche de la vérité concernant ces accusations contre ces deux hommes politiques qui sont loin d’être des quidams. « Nous devons savoir », a-t-il insisté, affirmant que « seule la garantie d’un procès juste et équitable peut permettre de savoir ».

Jovenel Moïse et Guy Philippe, unis face à Lavalas

Me Jean-Henry Céant, le leader de Renmen Ayiti, candidat à la présidence, a indiqué que le silence de Jovenel Moïse peut-être l’expression de deux choses. Elle peut vouloir dire que le candidat constitue une batterie d’avocats pour réagir par rapport à l’action de l’UCREF. Au plan politique, le mutisme peut-être l’expression d’une prudence de la part du candidat qui veut peut-être éviter des contrecoups si d’aventure ce qui est dans le rapport était vrai. Cependant, sans la précaution analytique, Me Jean-Henry Céant, tranchant, estime « qu’on devrait enquêter sur tous les candidats, notamment les figures de proue, ceux qui paraissent les meilleurs ». Il s’est demandé pourquoi cette enquête sur Jovenel Moïse. « Il ne faut pas que cela ressemble à des représailles », a indiqué Me Jean-Henry Céant. Le notaire, rappelant que Guy Philippe est couvert par le décret électoral, croit que Jovenel Moïse « voudrait profiter de la popularité de Guy Philippe dans la Grand’Anse ». « C’est peut-être un choix de Jovenel Moïse qui montre clairement qu’il fait face à Lavalas », a estimé Jean-Henry Céant.

De-risking et impunité

Joël Vorbe, membre du directoire du parti Fanmi lavalas qui a émis « son opinion personnelle », s’est demandé, « en plein débat sur le de-risking, comment allons-nous voter une loi contre le blanchiment d’argent alors qu’on n’est même pas capable de prendre les mesures contre les gens qui l’auraient pratiqué comme le démontrent des enquêtes effectuées par des entités étatiques ? ». « La société a une réflexion très profonde à faire sur les choix à opérer pour le futur du pays », a estimé Joël Vorbe, qui rappelle que Guy Philippe, candidat au Sénat validé par le CEP, est sur « la liste des gens les plus recherchés aux États-Unis ». Le membre du directoire du parti de Jean-Bertrand Aristide, combattu par Guy Philippe en 2004, a indiqué que le pays doit déterminer si c’est le choix de l’illégalité légale que l’on veut léguer aux nouvelles générations ».

Machination politique contre Jovenel Moïse, un homme « propre »

À défaut d’une réaction de Jovenel Moïse qui n’a pas répondu aux questions du journal depuis la semaine dernière, Reynald Lubérice, porte-parole du PHTK, a sorti ses griffes. Le rapport de l’UCREF illustre la « vassalisation des institutions déjà faibles » par « M. Privert et les ennemis d’Haïti »,a fulminé Reynald Lubérice qui est revenu sur des allégations antérieures indiquant que Jovenel Moïse était le valet de Martelly, le gardien de la plantation de figue banane à l’intérieur de laquelle il y a une piste d’atterrissage utilisé par des narcoaéronefs. « C’est un exercice de machination politique. Sur combien de candidats l’UCREF a-t-elle enquêté ? », s’est demandé Reynald Lubérice. Tout cela vise à « salir Jovenel Moïse qui est propre », a soutenu Reynald Libérice.

« Un commentateur a dit que si Jovenel Moïse s’appelait Jovenel Madsen, Jovenel Mevs, il n’y aurait aucun problème qu’il réussisse. C’est parce qu’il s’appelle Jovenel Moïse qu’il est condamné », a indiqué le porte-parole du PHTK, qui ne s’est pas prononcé sur la volonté de Jovenel Moïse ou non de se présenter devant la justice. Il ne veut pas anticiper, espérant que la justice ne soit pas « vassalisée ». « La chose de l’UCREF est sortie le même jour que le sondage disant que Jovenel Moïse est devant ses compétiteurs à 41 % des intentions de votes », a dit Reynald Lubérice, qui a qualifié de « montage » pour assassiner des gens aux Cayes afin de jeter la responsabilité sur les opposants. « Guy Philippe, à ce que je sache, a une immunité en tant que candidat au Sénat. Pourquoi dit-on qu’il y a un mandat d’amener contre lui alors que M. Guy Philippe circule librement dans la Grand’Anse où il fait campagne ? ». « Ce n’est pas sérieux. C’est juste une tentative pour divertir, pour utiliser la presse à des fins politiques mais en réalité la presse ne devrait pas se laisser mener sur cette voie. En réalité, c’est un complot politique, une machination politique », a martelé Reynald Lubérice.

Entre-temps, le CEP n’est pas au courant du mandat d’amener décerné contre Guy Philippe, a confié Uder Antoine à l’émission Sa k ap Kwit sur la Télé 20, animée par Robenson Geffrard.

AUTEUR

Roberson Alphonse

robersonalphonse@lenouvelliste.com


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