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Bloc-notes

Fòk Abraam di « sètase »

mercredi 20 juillet 2016

Tous les jours, des gens meurent assassinés. Tous les jours, des gens se regardent mourir d’indigence, de pauvreté. Tous les jours, le pays se réveille dans le flou, l’incertitude, les pouvoirs politiques souffrant d’un déficit de reconnaissance. Lequel déficit est entretenu par des membres d’un Parlement avec lequel le pays a voulu faire, non parce qu’il croit en sa légitimité, mais parce qu’il n’a pas souhaité créer un vide institutionnel qui pourrait être propice à toutes les dérives.

Voilà que cette sagesse est retournée aujourd’hui contre lui par ceux-là mêmes qui en sont les premiers bénéficiaires. Le pays leur a offert un statut, un salaire, des frais, des véhicules, du pouvoir, de l’influence. Et voilà que, tandis que des gens meurent, tandis que la pauvreté frappe la majorité de la population, ils utilisent ce salaire, ces frais, ce statut, ces véhicules, ce pouvoir, cette influence pour défendre des intérêts inavouables que certains d’entre eux avouent pourtant, parce qu’ils ont dépassé le stade de la honte et affichent sans vergogne leur mépris de l’intérêt commun.

Tous les jours, on entend la rumeur que l’exécutif empêtré cherche un argent que le pays n’a pas, un argent qui pourrait être, devrait être utilisé pour servir la population et assurer des politiques publiques, pour acheter des votes. Tous les jours, on entend la rumeur (mais est-encore une rumeur ?) que tel parlementaire ou tel prétendu bloc pose ses conditions : Je veux ci, je veux ça, les finances, la banque centrale. Donnez-moi ce que je veux et repassez me voir.

On le disait depuis longtemps que ce pays produisait des individualités monstrueuses, indifférentes au bien commun et à l’altérité, n’existant que dans la seule logique de leurs intérêts personnels et utilisant sans appréhension ni réticence tous les moyens, y compris l’exercice du pouvoir politique, pour défendre ces intérêts.

Ces individualités monstrueuses triomphent aujourd’hui au Parlement. Il est temps de poser sérieusement la question des responsabilités personnelles au sein de l’institution parlementaire. Car tout individu est personnellement responsable devant la société. Il est temps d’imposer ne serait-ce que des sanctions symboliques à ces représentants du peuple qui ne représentent personne, sont partout sauf dans les deux lieux où l’argent qu’ils reçoivent du pays réclamerait leur présence : au Parlement et dans leurs circonscriptions. L’une de ces sanctions symboliques, qui aurait valeur exemplaire, serait que les médias cessent de les suivre dans les hôtels où ils vont parader et les privent de micros, leur rappelant qu’ils sont payés pour s’exprimer au Parlement et représenter les populations par lesquelles ils prétendent avoir été élus.

L’enseignant est payé pour donner ses cours, l’ouvrier pour vendre à prix injuste sa force de travail. Quel est le travail qu’un certain nombre de parlementaires fournissent à la nation, à la société ? Pourquoi empochent-ils notre argent ? Certains d’entre eux ne cessant d’ailleurs d’en réclamer plus. Combien de temps encore allons-nous payer ces gens qui font tout et de tout sauf leur travail ?

Fòk Abraram di « sètase ». Que les organisations de défense des droits humains, les médias, la société civile, les formations politiques mettent la pression pour que messieurs les parlementaires accomplissent le travail pour lequel nous les payons. À voir les comportements de certains parlementaires, on pourrait modifier l’enseigne, la remplacer par : bric-à-brac, petit démêlé, achat et vente…

On dira que mon langage est violent, qu’il faut respecter l’institution. Justement. C’est l’institution qu’il faut respecter. Cela implique de ne pas ou ne plus caresser dans le sens du poil ces soi-disant représentants qui n’œuvrent que pour l’avilir.

AUTEUR

Antoine Lyonel Trouillot

zomangay@hotmail.com


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