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Euro 2016 : c’est déjà un succès !

dimanche 10 juillet 2016

Un tournoi riche en rebondissements, la fête au rendez-vous, des buts magnifiques et un pays qui croit en ses Bleus... L’Euro 2016 restera un bon souvenir.

Source AFP

Après le succès face à l’Allemagne, les Français doivent battre le Portugal pour décrocher la victoire dans leur Euro. Un titre à domicile serait l’apothéose de ce mois de compétition, mais après 50 matches et avant cette finale, l’Euro en France laisse déjà une image positive alimentée par les surprises islandaises et galloises, les festivités irlandaises et des Bleus en symbiose avec leurs supporters.

Un succès dans le jeu

Il reste une rencontre à jouer mais l’Euro 2016 est déjà réussi sur le terrain. Certes, le premier tour n’a pas toujours été palpitant, conséquence du passage à 24 équipes au lieu de 16. Mais ensuite, les matches à élimination directe ont apporté l’enjeu, le suspense et le frisson propres à ces grands tournois. Avec des affiches de rêve : Allemagne - Italie et son invraisemblable séance de tirs au but en quarts (1-1, 6 t.a.b. à 5) ou Allemagne - France en demie (0-2).

En plus de ces classiques, l’Euro a eu ses deux belles histoires avec les parcours inespérés de l’Islande, quart-de-finaliste et tombeuse de l’Angleterre en 8e, et du pays de Galles, demi-finaliste et bourreau de la Belgique en quarts. Quelles performances pour une première participation ! David qui fait chuter Goliath : le scénario a beau être immémorial, il séduit à tous les coups. Avant la finale, 107 buts ont été inscrits en 50 matches, soit 2,14 buts par match. Moins qu’à l’Euro-2012 (2,45), qui se jouait à 16 équipes, ou qu’au Mondial-2014 (2,7), où 32 sélections étaient en lice. Mais les joueurs ont eu le mérite de marquer sur des pelouses décriées pour leur mauvais état.

Au-delà des chiffres, il y a les gestes de classe : frappe sensationnelle dans la lucarne du Français Dimitri Payet contre la Roumanie, talonnade incroyable du Portugais Cristiano Ronaldo face à la Hongrie ou superbe retourné acrobatique du Suisse Xherdan Shaqiri contre la Pologne. Quand on parle de records, c’est le signe qu’un tournoi est sportivement réussi. Ronaldo a égalé le record de buts du Français Michel Platini dans l’histoire de l’Euro : 9, signés dans la seule édition 1984 pour le Français alors que le Portugais les a mis en quatre tournois. Et avant la finale, le Français Antoine Griezmann a marqué 6 buts en 6 matches.

Le point noir des hooligans

La menace terroriste, après les attentats de 2015, était la crainte numéro un et la vigilance ne se relâche pas avant la finale. Près de 1 300 policiers et gendarmes seront déployés au Stade de France dimanche, près de 1 400 dans la fan zone de Paris et 700 dans les transports en commun. Ils seront 3 400 sur les Champs-Élysées après le match.

Mais un autre péril a refait surface : le hooliganisme. Oubliez l’image de supporters ivres et bedonnants en train de se bagarrer. Le hooligan moderne est jeune, travaille et touche de bons revenus, soigne sa condition dans les salles de gym, ne boit pas, se déplace en meute et filme ses exactions sur caméra portable pour les poster sur le net. C’est le profil-type des Russes qui ont agressé des Anglais à Marseille dès le deuxième jour de l’Euro. Ces scènes de violence inédites, en tout cas dans l’organisation quasi-militaire dont ont fait preuve les agresseurs, ont conduit le procureur de Marseille à parler de "chasse aux Anglais". "Les Anglais disent toujours qu’ils sont les seuls hooligans. Nous sommes venus démontrer que les Anglais sont des fillettes", avait expliqué un des Russes venus en découdre sur le Vieux-Port.

Deux Anglais ont été grièvement blessés et rapatriés le 1er juillet seulement en raison de leur état. Le plus durement touché, Andrew Bache, 51 ans, conservera "très probablement" de lourdes séquelles, avait alors indiqué une source proche du dossier. Pour l’Euro 2016, 90 000 personnes ont été mobilisées pour la sécurité, dont 72 000 policiers et gendarmes, selon le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a répertorié plus de 1 000 interpellations au 4 juillet. Depuis l’élimination de la Russie au premier tour, il n’y a plus eu d’incident notable.

Des scènes de liesse

Les terribles agressions de Marseille ont d’abord donné une image catastrophique de l’Euro. Mais une fois cette séquence évacuée, les scènes de joie et de fête ont pris de plus en plus de place et marqueront les mémoires. Au top de la popularité dans les villes où ils sont passés, les supporters de l’Eire, de l’Irlande du Nord ou du pays de Galles. L’une des séquences cultes de cet Euro des supporters est celle où, à Bordeaux, des fans de l’Eire chantent dans un tunnel "Stand up for the french police" ("Debout pour la police française") sur un air des Pet Shop Boys. Au mégaphone, les policiers leur répondent sur le même air "Go home for the french police" ("Rentrez chez vous pour la police française").

Autre tube, l’hymne "Will Grigg’s on fire", calqué sur un vieux hit dance des années 90 en hommage à un attaquant nord-irlandais... qui n’a finalement pas joué une seule minute. Surprenante quart-de-finaliste, l’Islande a aussi séduit grâce à ses supporters, leur bon esprit, leur fameux "Huh !", cri de communion avec leur équipe rythmé par des claquements de main, ensuite imité par les Français. "Nous sommes de gentils vikings", s’est amusé l’un de ces fans islandais, Arni Gardar, croisé durant le tournoi.

Enfin, le bon parcours de l’équipe de France a réveillé ses supporters. Fan zones bondées, Marseillaise entonnée à tue-tête, concert de klaxons et drapeaux tricolores dans les rues : la France a renoué avec des images qui rappellent la liesse populaire du Mondial-98.

Un effet sur la croissance ?

Au plus bas dans les sondages et à moins d’un an de la présidentielle, François Hollande peut-il bénéficier dans l’opinion du bon parcours des Bleus ? C’est ce qui était arrivé à Jacques Chirac après le titre mondial de 1998, qui lui avait valu onze points de popularité en plus, de 48 % à 59 % selon l’institut Ifop. "Si un rebond de moral n’est pas à exclure et si un éventuel petit rebond de popularité par ricochet n’est pas non plus à exclure pour François Hollande, la redite de l’épisode Mondial 98 est assez improbable", assure Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l’Ifop.

Car le contexte est différent : "Économiquement, nous étions dans une période faste avec un taux de croissance proche des 3 %. Rien à voir avec aujourd’hui", rappelle le politologue et sondeur Bruno Jeanbart. Reste que le bon parcours des Bleus peut permettre, au moins temporairement, de regonfler le moral d’un pays qui souffre sur de nombreux fronts : crise économique, défiance envers les politiques, climat social dégradé et craintes d’attentats terroristes après les drames qui ont endeuillé l’année 2015.

Une victoire en finale aurait une "bonne incidence" sur le moral des Français, a affirmé François Hollande samedi. Tout en se gardant bien d’y associer sa propre popularité : "Ca n’a rien à voir (...) Je ne suis pas joueur, pas entraîneur et donc je n’ai aucun mérite dans les succès de l’équipe de France". De toute façon, que le président en bénéficie ou pas, l’euphorie que créerait une victoire ne durerait pas, prédit Jérôme Fourquet : "Très vite, après la période estivale, l’actualité et les réalités lourdes nous rattraperont."


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