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Comment en finir avec les prolongations crispées ?

vendredi 1er juillet 2016

Le résultat du premier quart de finale de l’Euro 2016, opposant le Portugal et la Pologne, s’est joué aux tirs aux buts (1-1 à l’issue du temps réglementaire puis des prolongations, 5 tirs aux buts à 3 en faveur du Portugal). La prolongation fut une période de jeu très terne et l’achèvement de la rencontre par une séance de tirs aux buts laisse, au vainqueur comme au vaincu, un goût amer.

Une prolongation laide, crispée et crispante

Dans ce type de prolongation, le jeu est souvent crispé, fermé, bloqué. La peur d’encaisser un but inhibe l’esprit offensif et la combativité des protagonistes. La prise de risque est minimale et chacun consolide son organisation défensive. Chaque équipe se dirige avec résignation vers la séance des tirs aux buts qui s’apparente à une roulette russe. Ainsi, par exemple, si les deux dernières finales de coupe du monde se sont « débloquées » lors de la prolongation, celles des coupes du monde 1994 et 2006 furent enlaidies par cette crispation. En outre, l’attribution d’un titre, qu’il soit mondial, continental ou national, à l’issue de la loterie des tirs aux buts laisse planer un sentiment d’illégitimité.

Déplacer la séance de tirs aux buts avant la prolongation


L’économiste Dario Perkins propose, sur le Slate’s soccer blog, une solution lumineuse pour mettre fin à la malédiction des prolongations « crispées » : faire jouer la séance de tirs aux buts avant la prolongation ! Dario Perkins n’a pas rédigé son billet sous l’empire de substance illicite : il préconise simplement d’établir ainsi qui serait déclaré vainqueur si le score demeurait paritaire à l’issue des prolongations. A l’évidence, en effet, mettre en place (de façon désormais systématique) une séance de tirs aux buts avant la prolongation changerait la physionomie de l’extra time. L’équipe ayant perdu l’épreuve des tirs aux buts n’aurait plus d’autre solution que de se ruer à l’attaque en prolongation. Fini les calculs d’apothicaire pour l’équipe ayant eu le moindre talent ou l’infortune de perdre la séance des tirs aux buts, et en cas de victoire finale, quelle extase !

Un aménagement possible : le « but en or » conditionnel

On pourrait imaginer un aménagement pour rendre l’affaire plus attractive et plus équitable encore : mettre en place le golden goal conditionnel. Il s’agirait de rendre terminal un éventuel but marqué par l’équipe ayant remporté les tirs aux buts, alors même qu’un but marqué par l’équipe ayant perdu l’épreuve des tirs aux buts, serait, lui, non décisif. Ceci aurait la vertu d’écourter l’espérance de temps passé sur la pelouse, épargnant de la fatigue au vainqueur (et préservant l’équité des matchs couperets suivants).

Fini le sentiment d’une victoire obtenue sur un coup de dés

Que l’on mette en place ou non la procédure du but en or conditionnel (c’est à dire « en or » ou « pas en or » selon l’identité de l’équipe ayant marqué), l’idée de Dario Perkins d’organiser les tirs aux buts avant la prolongation est remarquable. Car, même si le score n’évolue pas pendant la prolongation, le sentiment que la victoire s’est jouée sur un coup de dés aura perdu l’essentiel de sa raison d’être : l’équipe défaite aux tirs aux buts aura bénéficié de 30 minutes pleines pour forcer le destin. Elle n’aura plus aucune excuse de ne pas avoir été titrée ou qualifiée. S’il est trop tard pour souffler cette idée à l’UEFA pour le présent Euro, proposons là à la FFF pour la prochaine Coupe de France : l’amélioration sera tellement évidente que la Dario Perkins solution pourrait se généraliser promptement dans le football planétaire.

dario perkins


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