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CSA-HAITI 2016

Angela Davis, grande icône du mouvement noir américain, rend hommage à Haïti

lundi 13 juin 2016

Plus de 800 personnalités de tout acabit, de nationalités différentes, étaient venues écouter jeudi soir Angela Davis, grande figure du mouvement noir américain, dans une conférence sur le thème « Transformation, idées et représentations », tenue à l’hôtel Marriot. Ce fut pour les participants un moment d’apothéose. « Si vous travaillez avec les médias américains, vous ne viendrez jamais en Haïti », a déploré Angela Davis.

« Nous les Noirs, nous avons une grande dette envers Haïti. C’est la racine de la liberté », précise Mme Angela Davis sous les tonnerres d’applaudissements d’une assistance en jubilation avant de citer deux de nos Héros de l’indépendance, Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines. Et d’ajouter : « Remettez les 21 milliards de dollars à Haïti. Les Français ont fait tort à cette nation qui a acquis son indépendance au prix de son sang et de ses rudes sacrifices. »

Au passage, cette militante révolutionnaire et membre des Black Panthers en 1967 a salué l’arôme de la résilience chez le peuple haïtien. « Malgré les catastrophes naturelles qui ont bien sûr facilité la richesse des autres, malgré les crises politiques, malgré les sans-abri, malgré la pauvreté, Haïti est toujours debout », a-t-elle souligné.

Aux côtés de Nelson Mandela, Malcom X et Martin Luther King, Angela Davis est une figure emblématique du mouvement noir dans le monde. Déjà à l’âge de 18 ans, elle adhère au parti Communiste et devient membre des Black Panthers en 1967. Militante intrépide, elle a combattu le bon combat pour l’égalité des Noirs et des Blancs mais aussi pour l’émancipation des travailleurs à travers le monde. Pour ses positions radicales et révolutionnaires, elle a été condamnée à mort en 1972. Grâce à une mobilisation à portée planétaire, Angela Davis, 72 ans aujourd’hui, a été libérée. Aujourd’hui, elle est heureuse de fouler le sol d’Haïti où, selon elle, la liberté a vu le jour pour tous les Noirs.

Toujours au sujet d’Haïti, Angela Davis affirme : « J’ai dû voyager en France pour développer une appréciation pour Haïti. Là, j’ai pu lire Gouverneurs de la Rosée de Jacques Roumain qui m’a beaucoup inspirée. Ma liberté a ses racines dans les Caraïbes. » Mme Angela Davis explique, en passant, que c’est dans cette région de la Caraïbe, à la suite de son embarcation pour Guadeloupe, après sa visite à Cuba, qu’elle a connu la prison pour la première fois. Elle avait été incarcérée pour qu’elle ne vînt pas injecter le sérum de la liberté dans le sang des Guadeloupéens.

Très appréciée du public pour ce qu’elle représente, les vagues d’ovations se succèdent incessamment dans cette grande salle de l’hôtel Marriott. On a l’impression que l’emblème de la liberté brillait sur tous les visages. Joie incessante. Après un profond soupir, son regard balaie la salle un instant, Angela Davis laisse encore parler son cœur : « C’est magique d’être en Haïti même à un moment de crise. Si vous travaillez avec les médias américains, vous ne viendrez jamais en Haïti, car on a tellement dit de mauvaises choses sur ce pays. »

Par ailleurs, celle qui a déjà fait une grève de faim pour les réfugiés haïtiens à Guantanamo, Angela Davis, icône de la rébellion américaine, n’a plus la coupe afro qui l’a rendue populaire dans les années 1970, mais ses croyances sont toujours fortes, et elle est toujours militante des luttes sociales et politiques aux États-Unis. À 72 ans, elle continue à croiser le fer contre l’inégalité et le racisme sous toutes leurs formes. Elle promet encore de défendre l’Amérique contre Donald Trump qui, selon elle, charrie tout un monde de racisme contre les Noirs. « Nous ne pouvons pas lui permettre de briguer la Maison-Blanche », dit-elle ardemment.

Emmanuel Thélusma
temmanuel@lenouvelliste.com


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