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Danton Léger désavoué par son ministre de tutelle

vendredi 3 juin 2016

Le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jean Danton Léger, est apparemment largué par l’administration Privert-Jean-Charles à la suite des mesures d’interdiction de départ prises contre les anciens membres du Conseil électoral provisoire et ceux du gouvernement Paul. Déjà, le ministre de la Justice avait annoncé la couleur en publiant dans la presse la convocation dudit commissaire au ministère de la Justice et de la Sécurité publique le mercredi 1er juin 2016. Depuis son installation au parquet en mars dernier, Danton Léger n’a raté aucune occasion pour justifier la compétence du parquet d’enquêter sur la gestion des fonds PetroCaribe. Convocation, interdiction de départ et confrontation ont été les mesures adoptées par le commissaire du gouvernement dans le cadre de cette enquête.

Dans les milieux proches de la présidence, les actions du commissaire Léger étaient considérées comme une entrave aux efforts du gouvernement de lutter pour un climat d’apaisement social. Sa nomination au sein du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) à la fin de la semaine dernière a été perçue comme une bouée de sauvetage. Vingt-quatre heures après avoir reçu cette lettre, Danton Léger allait multiplier les mesures d’interdiction de départ. Les commissions Justice du Sénat et de la Chambre des députés se montraient mécontentes des agissements du commissaire Léger. Juristes, professeurs d’université, anciens commissaires du gouvernement et hommes de loi, qui ont opiné sur ces mesures, ont tous désapprouvé les actions de Jean Danton Léger. Le chef de la poursuite ne reçoit aucun soutien public argumenté sur la capacité du parquet d’enquêter sur la gestion des grands commis de l’Etat.

Gardant un profil bas depuis l’annonce de sa convocation mercredi par le ministre de la Justice suivie de l’annulation des mesures d’interdiction de départ, Danton Léger va quitter le parquet par la petite porte. D’autres commissaires avant lui s’étaient fait remarquer dans la gestion du parquet. Me Claudy Gassant ne faisait pas dans la dentelle en instituant la permanence du parquet. Par cet acte, l’ex- commissaire du gouvernement avait bien voulu institutionnaliser cette structure destinée à la poursuite des contrevenants. L’actuel sénateur Jean Renel Sénatus s’était illustré dans la lutte contre la débauche des mineures dans sa juridiction lorsqu’il occupait le poste de commissaire du gouvernement.

Depuis la chute de Jean-Claude Duvalier, en février 1986, Bayard Vincent fut le seul commissaire du gouvernement à avoir pris,en février 1991, une mesure d’interdiction de départ contre les membres d’un gouvernement sortant. Il s’agissait à l’époque de 150 personnalités, dont des membres du gouvernement de Mme Ertha Pascal Trouillot, des directeurs généraux en poste et d’autres personnalités. Le commissaire avait agi, croit-on, sur injonction de l’administration Aristide/Préval. Le coup d’Etat manqué de Roger Lafontant dans la nuit du 6 au 7 janvier 1991 fut la raison fondamentale de cette décision prise par le nouveau président de l’époque. Depuis lors, aucun autre gouvernement n’avait adopté une telle mesure à l’encontre des membres d’un gouvernement sortant.

AUTEUR

Lemoine Bonneau

lbonneau@lenouvelliste.com


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