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Bras de fer minier au Brésil

lundi 16 mai 2016

Pour quelques dollars de plus… Ou plutôt pour quelques dizaines de milliards de dollars. Ce n’est pas le titre d’un nouveau western, mais plutôt celui d’un thriller brésilien. En jeu, le bras de fer qui oppose la justice du pays aux deux géants miniers, BHP Billiton et Vale. Le parquet brésilien a décidé de leur serrer la vis. Il a estimé, mardi 3 mai, à 155 milliards de reais (33,6 milliards d’euros) le montant des dommages causés par la rupture de deux barrages miniers.

La triste affaire du Rio Doce remonte au 5 novembre 2015. Ce jour-là, deux barrages qui retenaient les eaux usées d’une mine de fer dans l’Etat du Minas Gerais ont cédé. Un désastre qui a fait 19 morts et enseveli une vaste zone sous la boue et les déchets contaminés. Le poids de ce drame humain, environnemental et financier pèse, depuis, sur les épaules de Samarco, le propriétaire de la mine, et de ses deux actionnaires, l’anglo-australien BHP Billiton et le brésilien Vale.

L’annonce de l’offensive du parquet brésilien et le montant de la réparation demandée ont fait chuter les cours de Bourse de BHP Billiton et de Vale. Même si les groupes miniers ne paieront probablement pas les 33,6 milliards d’euros réclamés, la perspective d’une longue bataille judiciaire inquiète les investisseurs.

« Pire catastrophe écologique »

BHP et Vale avaient négocié un accord avec un juge fédéral sur un montant de compensation. Il avait été conclu en mars. Samarco s’est dit prêt à verser 12 milliards de reais sur quinze ans pour pallier les dégâts écologiques. Une amende plus digeste. Le groupe minier aurait reçu la ratification de cet accord, mercredi 4 mai.

Quel poids aura-t-il face à la procédure civile qui vient d’être lancée ? Il donnera en tout cas du fil à retordre aux juristes. Et contribuera au suspense de ce feuilleton environnementalo-financier. D’autant que des procureurs du Minas Gerais accusent les dirigeants de Samarco d’avoir dissimulé des documents aux organisations environnementales.

Le patron de l’entreprise, Ricardo Vescovi, dit vouloir reprendre la production, fin 2016, aux deux tiers de sa capacité. Un préalable, selon lui, pour honorer le paiement des compensations. Problème : pour les procureurs, la hausse du rythme d’extraction de la mine est en partie responsable de la « pire catastrophe écologique au Brésil ».

L’accélération des extractions minières, combinée au ralentissement de la croissance chinoise, a laminé les cours du fer, comme des autres métaux. En 2015, le minerai de fer est tombé au-dessous du seuil symbolique des 50 dollars (43,80 euros) la tonne, et a même glissé sous les 40 dollars, en décembre. A comparer aux 130 dollars atteints en janvier 2014. Une véritable descente aux enfers. Pourtant, cette année, les cours des métaux rebondissent. Le fer en bénéficie. Vendredi 6 mai, la tonne se négociait à 58,29 dollars, à la Bourse de Qingdao, en Chine.


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