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Une semaine de grèves et manifestations pour relancer le mouvement contre la loi travail

lundi 16 mai 2016

Grèves reconductibles dans les transports, nouvelles manifestations dans toute la France… A partir de mardi 17 mai, l’opposition à la réforme du code du travail tentera de se relancer, bien que le projet de loi ait été adopté, sans vote, en première lecture à l’Assemblée nationale.

Manifestations les 17 et 19 mai

Sept syndicats – Confédération générale du travail (CGT), Force ouvrière (FO), Fédération syndicale unitaire (FSU), union syndicale Solidaires, Union nationale des étudiants de France (UNEF), Union nationale lycéenne (UNL) et Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) – ont appelé leurs organisations respectives à « construire » deux nouvelles journées de grèves et manifestations, mardi 17 et jeudi 19 mai, les sixième et septième en un peu plus de deux mois. A Paris, le défilé de mardi partira à 14 heures de la place de l’Ecole-Militaire et se dirigera vers Sèvres-Babylone, non loin du Sénat ; jeudi, il ira de Nation à la place d’Italie. En ligne de mire, le texte de Myriam El Khomri, la ministre du travail, adopté jeudi après le recours à l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution, et contesté jusque dans les rangs de la majorité. Il doit encore être débattu du 13 au 24 juin au Sénat, pour un vote le 28, avant un nouvel aller-retour entre les deux chambres et une adoption définitive à la fin de juillet.

Les syndicats jugent le projet de loi trop favorable aux entreprises et pas assez protecteur envers les salariés, en particulier parce qu’il instaure la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche. Leur objectif : prouver leur détermination, malgré l’essoufflement constaté lors des dernières manifestations, moins fournies et émaillées de violences. Lors de la dernière mobilisation, le 12 mai, 55 000 personnes ont défilé en France, selon le ministère de l’intérieur – 50 000 dans la seule capitale, selon la CGT. Au plus fort du mouvement, le 31 mars, ils étaient 390 000 manifestants selon les autorités, 1,2 million selon les organisateurs. Selon un sondage BVA pour Orange et i-Télé publié dimanche (mené les 12 et 13 mai auprès d’un échantillon représentatif de 1 160 personnes), 54 % des personnes interrogées approuvent le mouvement des syndicats – 67 % sont des sympathisants de gauche, et 33 % des sympathisants de droite.

Interdictions de manifester

Pour le rassemblement de mardi, des interdictions de manifester ont été notifiées à une dizaine de militants du collectif Action Antifasciste (AFA) Paris-Banlieue et du Mouvement interluttes indépendant (MILI). Ces militants sont interdits de séjour entre 11 heures et 20 heures dans les quatre arrondissements de Paris concernés par le défilé (6e, 7e, 14e et 15e), et de 18 heures à 7 heures sur la place de la République et les rues alentour, où se rassemble le mouvement Nuit debout. Michel Cadot, le préfet de police de Paris invoque l’article 5 de la loi sur l’état d’urgence, qui permet « d’interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics ». Il rapporte des « débordements » et des « actions violentes » lors des derniers rassemblements contre la réforme du code du travail.

Manifestation des policiers place de la République

Mercredi 18 mai, Alliance, syndicat majoritaire des gardiens de la paix, a appelé à manifester pour dire « stop à la haine anti-flic », après plus de deux mois de manifestations marquées par de nombreux affrontements. Au vu du sentiment de « défiance relayé jour après jour contre des policiers fatigués, épuisés » et des « centaines » de policiers blessés dans les manifestations, Alliance veut mobiliser « pour que tout cela cesse », explique le syndicat. Il évoque un « acharnement irresponsable » qui consiste « à vouloir faire croire que les policiers sont des brutes sauvages qui frappent aveuglément sur la jeunesse », et dénonce « cette démagogie idéologique qui prône la haine et la violence contre la police républicaine ».

La manifestation aura lieu à midi sur la place de la République – un lieu fortement symbolique, où se tient chaque soir le rassemblement du mouvement citoyen Nuit debout. Un collectif, baptisé « Urgence, notre police assassine », veut d’ailleurs tenir une contre-manifestation mercredi, peu avant sur la même place. Des manifestations similaires sont prévues dans une cinquantaine de villes.

Lundi, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a souligné sur RTL qu’il n’« incrimin[ait] » pas les policiers pour les violences survenues lors des manifestations. « S’il y a des dérapages », les policiers « doivent être sanctionnés. » Mais « ils sont un peu en burn-out, il faut bien comprendre aussi, entre l’état d’urgence, les manifs aujourd’hui, l’Euro 2016 demain », a-t-il ajouté, rappelant les « 18 millions d’heures supplémentaires dans la police nationale qui aujourd’hui ne sont pas payées », les policiers ne pouvant « pas prendre tous leurs congés de récupération ». « Lors de la dernière manifestation à Paris [le 12 mai], les casseurs ont voulu entrer dans le cortège syndical et c’est notre rôle de protéger le cortège, et on a eu des camarades du service d’ordre qui ont été blessés », a-t-il aussi rappelé.

Des grèves reconductibles sont aussi prévues chez les routiers, les dockers, les marins, les facteurs, à la SNCF ainsi qu’à Paris Aéroports – le rejet de la réforme du code du travail se greffant parfois sur des revendications propres à chaque secteur.

Les routiers ouvriront le bal dans la nuit de lundi à mardi, à l’appel des fédérations FO et CGT. Un mouvement qui devrait toucher le Nord, Nantes, Caen, Marseille et surtout Bordeaux, mais pas l’Ile-de-France, selon FO ; la CGT prévoit de bloquer les ports du Havre et de Nantes-Saint-Nazaire.

A la RATP, le préavis déposé par la CGT ne couvre que la journée de mardi. Mais à la SNCF la CGT-Cheminots (premier syndicat) appelle à cesser le travail chaque mercredi et jeudi, et SUD (Solidaires, unitaires, démocratiques)-Rail (troisième) tous les jours à partir de mardi. Les cheminots entendent dénoncer la loi El Khomri, mais surtout peser sur les négociations en cours sur leurs conditions de travail. Le préavis de SUD-Rail s’étend jusqu’au 11 juillet, soit le lendemain de la finale de l’Euro de football, organisé à Paris à partir du 10 juin.

Côté transports aériens, des débrayages sont attendus dès mardi à Paris Aéroports, à l’appel de la CGT notamment, et une grève sera lancée jeudi par l’Union syndicale de l’aviation civile (USAC)-CGT, premier syndicat de la direction générale de l’aviation civile, qui représente les contrôleurs aériens, le personnel administratif et les techniciens.

Perturbations en vue aussi dans les ports mardi et jeudi, à l’appel de la CGT, qui invite aussi à un blocage progressif des produits pétroliers dans les raffineries.


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