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Il y a un nouveau Jovenel Moïse sur le terrain

mercredi 11 mai 2016

Cela lui a pris un an. Même plus. Jovenel Moïse a enfin fait le premier pas, la semaine écoulée. Non seulement il a rencontré des partis politiques qui ne sont pas du même bord que le PHTK, mais également il a porté le changement jusqu’à rencontrer Hector Anacasis, ex-sénateur et premier responsable de Lapeh, le majò jon du parti de Jude Célestin.
Alors que le président Michel Martelly se fait remarquer sur les réseaux sociaux en pleine répétition pour préparer son retour dans le monde de la musique, est programmé au prochain Haitian Compas Festival de Miami, est annoncé pour une performance à Las Vegas, redevient de plus en plus le musicien qu’il n’avait jamais cessé d’être, Jovenel Moïse, lui, se mue en politicien. En vrai homme politique.
Le nouveau Moïse du PHTK se montre capable de dépasser les clivages de son camp et cherche la main de ses adversaires et compétiteurs d’hier. Dans la politique haïtienne, telle que nous la connaissons, ce tournant est spectaculaire en dépit du fait que l’on n’a pas encore vu Jovenel Moïse, Jude Célestin, Jean-Charles Moïse, Maryse Narcisse à une même table.
Il faut dire que cela fait des mois que les observateurs s’interrogeaient sur l’incapacité du Parti Haïtien Tèt Kale à élargir son champ d’action, son périmètre de vision et sa pensée. Depuis que Jovenel Moïse est candidat à la présidence, aucun parti, aucun des nombreux candidats à la présidence, même pas Laurent Lamothe ou Steve Khawly que l’on présente souvent comme proche du courant rose ne s’est rapproché de lui. Aucun petit candidat non plus, d’ailleurs.
Jovenel Moïse était seul avec les reliquats des Tèt kale encore fidèles. Visiblement, il veut changer de braquet.
Ce repositionnement intervient après l’échec remarqué des manifestations de rue de ses partisans et les tentatives mort-nés de bloquer les rues de la capitale plusieurs jours de suite au moyen de barricades de pneus enflammés. Ce repositionnement souligne les déboires que suscite sa présence soutenue sur les ondes pour porter la bonne parole sans convaincre grand monde de le suivre. Il entérine la fin des gesticulations des députés pour renverser Jocelerme Privert, sous prétexte qu’il n’a pas pu doter le pays d’un président élu pour occuper la chaise bourrée ce 14 mai.
Tous ces ratés ont dû peser dans la décision de Jovenel Moïse de changer de méthode. L’homme-banane était de plus en plus seul, avec pour rares soutiens quelques voix américaines et onusiennes, dans sa bataille pour des élections au plus vite.
Pour affronter le verdict de la commission de vérification et bâtir une stratégie pour l’avenir, Jovenel Moïse a besoin de nouveaux alliés et nombreux sont ceux qui ont besoin de lui pour ne pas sortir du jeu avant la fin du film de nos élections introuvables. Même Jocelerme Privert a besoin d’un Jovenel Moïse en campagne pour donner un vernis démocratique à la transition qu’il conduit sans GPS.

AUTEUR

Frantz Duval

duval@lenouvelliste.com
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