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L’étau se resserre autour de Privert

jeudi 28 avril 2016

Conformément à la lettre adressée par le président de la Chambre des députés au président provisoire, les présidents des blocs politiques à ladite chambre ne se sont pas rendus au Palais national hier mercredi pour rencontrer le président Privert. Cette décision prise en la circonstance justifie le refus des députés de discuter des termes de référence de la Commission de vérification. Ils proposent au président Privert de modifier l’agenda de la rencontre en mettant l’accent sur l’accord du 5 février et de la date butoir du 14 mai prochain. Il s’agit d’un camouflet infligé à Privert dans cette conjoncture de crise où les mouvements de contestation des partisans de Jovenel Moïse augmentent en nombre.

La plupart des députés de la 50e législature croient nécessaire d’engager des pourparlers entre le Parlement et la présidence pour l’établissement d’un nouvel accord à l’approche du 14 mai, prévu dans l’accord du 5 février dernier, pour la passation des pouvoirs entre le président provisoire et celui qui devait être élu le dimanche 24 avril. D’autres députés, plus intransigeants, attribuent la non-réalisation des élections d’avril à la négligence de Privert et sont favorables à la poursuite de la transition sans la présence de ce dernier au Palais national. Même si une majorité écrasante de députés contestent la mise en place de la Commission de vérification, il en est autrement s’il s’agit de voter pour destituer Jocelerme Privert, qui bénéficie jusqu’à présent du soutien des députés du bloc GPEP, qui contient 34 députés et du bloc indépendant avec une dizaine de députés. Toutefois, rien n’indique que ces parlementaires resteront fidèles au président.

Au Sénat de la République, où la situation est différente, avec 22 sénateurs en fonction, dont 11 proches du président provisoire, il sera difficile de dégager une majorité de 16 sénateurs pour venir à bout du président provisoire. Les pères conscrits gardent leur calme au moment où leurs collègues de la Chambre basse multiplient les initiatives pour trouver une alternative à la date butoir du 14 mai. Le vote d’une chambre ne peut en aucun cas pousser le président provisoire à la démission. Sur le plan budgétaire, les recettes de l’Etat ne permettront pas au gouvernement d’atteindre ses objectifs. Sur 44 milliards de gourdes prévues pour les six premiers mois de l’exercice fiscal, seulement 34 milliards ont été collectées. Le ministère de l’Economie et des Finances et celui de la Planification, tenant compte du refus des bailleurs de venir en aide au budget d’investissement du pays pour cet exercice, se voient obligés de rééquilibrer le budget rectificatif. Les institutions internationales n’apporteront aucune aide au gouvernement pour compenser le budget d’investissement sous la présidence de Jocelerme Privert. Le budget rectificatif comportera des provisions pour les dépenses de fonctionnement de l’Etat et pourront à la rigueur satisfaire les dépenses d’investissement à hauteur de 10% du budget d’investissement qui était prévu pour l’exercice fiscal de cette année.

Le soutien de la communauté internationale, particulièrement des Américains, aux partisans du candidat Jovenel Moïse, par l’entremise des manifestations de rue, constitue une étape pour parvenir à la déstabilisation de la présidence de Jocelerme Privert. Depuis trois semaines, toutes les manifestations et tous les mouvements de perturbation de la circulation dans la zone métropolitaine concoctés par le Parti haïtien Tèt Kale sont appuyés par des ambassades étrangères occidentales installées dans la capitale haïtienne.

Après la publication dans le journal Le Moniteur des termes de référence de la Commission de vérification, pendant combien de temps Jocelerme Privert pourra-t-il se maintenir au pouvoir ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com

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Lemoine Bonneau

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