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Robin Williams a mis fin à ses jours en se pendant’’’

mardi 12 août 2014

Capable de toutes les imitations, improvisateur de génie, vedette de comédies familiales (Madame Doubtfire) et de thrillers inquiétants (Insomnia), disc-jockey subversif (Good Morning, Vietnam) et professeur de rêve (Le Cercle des poètes disparus), Robin Williams a été retrouvé sans vie à son domicile de Tiburon (Californie), lundi 11 août.

Sa disparition, à l’âge de 63 ans, a provoqué une émotion considérable dans le monde entier.

La police locale a confirmé mardi que l’acteur s’était suicidé chez lui en se pendant avec une ceinture. Son corps présentait des cicatrices sur les bras, non loin desquels gisait un couteau. Les autorités californiennes ont néanmoins indiqué que l’enquête allait se poursuivre afin de déterminer la présence éventuelle de drogues ou d’alcool dans le sang de Robin Williams au moment de sa mort.

Son attachée de presse avait indiqué plus tôt que l’acteur « combattait une dépression sévère » depuis plusieurs années. Robin Williams avait en effet séjourné l’été dernier dans une clinique afin d’« effectuer quelques réglages sur sa sobriété ». En 2006, il avait déjà passé du temps dans un établissement spécialisé après avoir interrompu une période de vingt ans d’abstinence. Dans les années 1980, Robin Williams a souvent évoqué sa consommation de cocaïne, expliquant :

« Un produit qui vous rend paranoïaque et impuissant ? Bien sûr que je prends. »

DES DÉBUTS À LA TÉLÉVISION

Robin Williams est né le 21 juillet 1951 à Chicago, dans une famille aisée. Sa mère est issue d’une dynastie politique du Sud, son père est cadre supérieur chez Ford. Il a raconté avoir passé une enfance solitaire, jusqu’à ce qu’il découvre le théâtre, au lycée. A cette époque, sa famille s’est installée en Californie.

En 1973, il est admis à la Juilliard School, à New York, où il a pour condisciple Christopher Reeve, futur Superman. En 1978, deux ans après avoir quitté la prestigieuse école, Robin Williams décroche un petit rôle dans la série « Happy Days », celui d’un extraterrestre nommé Mork. Le personnage rencontre un succès immédiat au point que la chaîne NBC met en chantier une série, « Mork and Mindy », qui sera diffusée de 1978 à 1982. Les audiences décollent aussitôt et font de Robin Williams une star aux Etats-Unis (en France, la série est restée inédite jusqu’en 2008).

Les téléspectateurs découvrent ce que savait déjà le public des spectacles que Robin Williams donnait depuis le début de la décennie : ils ont sous les yeux un homme capable de toutes les expressions, de toutes les imitations, doué d’un sens de la répartie hors du commun. Les scénarios de « Mork and Mindy » sont construits pour faire place à ce talent subversif, qui dynamite les conventions avec une gentillesse confondante.

Cette oscillation entre les bons sentiments et la provocation donne le mouvement de toute la carrière de Robin Williams, qui s’apprête à devenir une star de cinéma.

En 1980, Robert Altman lui offre le rôle de Popeye, dans une adaptation de la bande dessinée produite par Disney. Si le film est un échec, il démontre que Williams n’a pas plus de mal à habiter le grand écran que le petit. En 1982, il est Garp, dans Le Monde selon Garp, adaptation par George Roy Hill (1921-2002) du best-seller de John Irving et se glisse dans l’univers cruel et comique de l’écrivain.

UN IMMENSE SUCCÈS POUR « GOOD MORNING, VIETNAM »

En 1987, Robin Williams endosse l’uniforme d’Adrian Cronauer, disc-jockey aux armées, situé à Saïgon pendant l’escalade militaire américaine au Vietnam. Sagement antimilitariste, Good Morning, Vietnam, réalisé par Barry Levinson est un immense succès, qui vaut à Robin Williams sa première nomination à l’Oscar.

Deux ans plus tard, c’est le versant sentimental de son talent qui lui vaut la seconde, pour Le Cercle des poètes disparus, de Peter Weir. Telle que la compose Robin Williams, la figure du professeur John Keating, qui tente avec succès d’inculquer le sens du beau à une bande de philistins dans un pensionnat américain, est à la limite du sentimentalisme. L’acteur l’en préserve grâce à quelques éclairs d’absurdité comique.

En 1992, Robin Williams prête sa voix au génie dans Aladdin, le dessin animé qui parachève la restauration de la suprématie du studio Disney sur le marché du cinéma familial. Le personnage protéiforme correspond exactement aux capacités d’imitateur et d’inventeur de voix de l’acteur dont les improvisations sont ensuite mises en images par les équipes de Disney. Mais ce succès artistique est suivi d’une violente querelle entre Robin Williams et le studio – qui avait pourtant produit Good Morning, Vietnam. Le comédien reproche à la multinationale d’employer « son » personnage pour vendre des produits dérivés, alors qu’il l’avait interdit dans le contrat.
Au même moment, Robin Williams trouve ses plus beaux rôles. Dans Fisher King ; Le Roi pêcheur, de Terry Gilliam (1991), il est un clochard psychotique qui prend les rues de New York pour l’Angleterre du Cycle de la Table ronde. La même année, il joue un Peter Pan adulte dans Hook, de Steven Spielberg face au capitaine crochet de Dustin Hoffman.

Comme ce dernier dans Tootsie, Robin Williams s’essaie bientôt au travestissement. Madame Doubtfire (1993), de Chris Columbus, lui offre le rôle d’un père de famille qui se déguise en nounou quinquagénaire pour rester près de ses enfants. Si la performance ne brille pas par sa subtilité, elle permet à Madame Doubtfire de rester un élément indispensable à toutes les vidéothèques enfantines - au côté duquel figure certainement Jumanji, un autre film très apprécié du jeune public sorti en 1996, où Robin Williams se retrouve coincé dans une jungle.

Toujours immensément populaire, Robin Williams ne trouve pourtant pas les rôles à la mesure de son talent. Lorsqu’il rencontre Woody Allen, pour Harry dans tous ses états (1998), le personnage reste secondaire. Et lorsqu’il devient Patch Adams, clown et médecin au chevet des enfants malade dans Docteur Patch Adams (1998), de Tom Shadyac, le critique Roger Ebert (1942-2013) lui reproche, à juste titre, d’« extraire les larmes une à une, par liposuccion, sans anesthésie ».

UN OSCAR DANS LA CATÉGORIE SECOND RÔLE MASCULIN

Heureusement, en 1997, Gus Van Sant lui a confié le personnage de Sean Maguire, le professeur qui remet Will Hunting sur le bon chemin. Bien dirigé, Robin Williams reprend en mode mineur son personnage de mentor du Cercle des poètes disparus, et décroche enfin un Oscar, dans la catégorie second rôle masculin.

On le voit ensuite dans quelques thrillers – Insomnia, de Christopher Nolan, Photo Obsession, de Mark Romanek, tous deux sortis en 2002 et souvent en président des Etats-Unis. Il est Teddy Roosevelt dans la série « La Nuit au musée » (il venait de tourner le quatrième épisode, dont la sortie est prévue pour Noël) et Ike Eisenhower dans Le Majordome (2013), de Lee Daniels.

S’il n’avait jamais abandonné sa carrière de comique sur scène (sa dernière tournée américaine remonte à 2009), Robin Williams n’a guère fréquenté les théâtres. A une exception près : il avait été Estragon, face au Vladimir de Steve Martin, dans la mise en scène d’En attendant Godot, de Samuel Beckett, par Mike Nichols.

Thomas Sotinel
Journaliste au Monde

Un talent polymorphe

21 juillet 1951 Naissance à Chicago

1978 Débuts à l’écran dans la série télévisée « Happy Days »

1987 Première nomination aux Oscars pour son interprétation dans « Good Morning, Vietnam »

1989 Deuxième nomination, pour « Le Cercle des poètes disparus »

1993 « Madame Doubtfire »

1997 Oscar du second rôle masculin pour « Will Hunting »

11 août 2014 Mort à Tiburon (Californie)


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