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Leur bataille, ce n’est pas nous…

jeudi 14 avril 2016

Nos chefs croquent à pleines dents la pomme de la discorde électorale. Ils s’écharpent sur la vérification des élections de 2015. Il y a ceux qui sont pour la recherche de la vérité, ceux qui sont contre. PHTK, KID, AAA et autres alliés de l’ex-président Michel Martelly sont dans le camp des contre. Le PHTK, accusé par certains d’être l’un des bénéficiaires d’actes frauduleux perpétrés le 9 août et le 25 octobre, joue aujourd’hui à la victime.

Cette formation politique, à l’origine de plusieurs manifestations ces derniers jours pour exiger le respect de l’accord du 6 février, le retour au processus électoral pour qu’il y ait un président élu au palais national le 14 mai 2016, sort également la carte du boycott.

Le PHTK a refusé ce mardi de participer aux discussions avec le président Jocelerme Privert pour déterminer les termes de référence de la commission de vérification. Les porte-paroles du parti disent ne pas vouloir prêter le flanc à un plan pour faire dérailler le processus électoral, exclure Jovenel Moïse, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle.

Sauf un improbable revirement, des pourfendeurs et partis politiques compétiteurs du PHTK vont avoir les coudées franches pour monter cette commission.

Pour le moment, le talon d’Achille de cette commission en gestation risque d’être son déficit de neutralité si le PHTK de Jovenel Moïse reste sur la corde raide du refus de participer, d’observer le travail de la commission de vérification au Centre de tabulation.

Jovenel Moïse, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle du 25 octobre, durcit le ton. Il accuse. Le CEP subit d’immenses pressions du gouvernement actuel et d’un petit groupe de voix puissantes qui fait tout pour chavirer le processus électoral, a affirmé Jovenel Moïse dans une tribune publiée dans le Miami Herald, mardi.

Le candidat à la présidence du PHTK, accroché à l’avis favorable de la présidentielle donné par l’OEA, l’UE, des représentants du gouvernement américain, a indiqué que les politiciens traditionnels se sentent menacés par son projet politique porteur de modernité, de progrès.

Quoi que disent les Tèt Kale, il y a une autre compréhension de leur refus de la commission de vérification. Ce refus catégorique du PHTK est interprété comme « une peur bleue de la vérification » pour ne pas mettre au grand jour d’éventuels squelettes gardés dans les placards des élections de 2015.
Le désaccord, entre-temps, reste entier. La moindre des choses qui puisse arriver au pays sera de passer toute l’année 2016, après 2015, à se battre sur des questions électorales. Ce ne sera pas sans conséquences. Les besoins pressants de la population continueront à être éclipsés par cette bataille pour le pouvoir. Le pouvoir- plus fin que moyen-pour changer les conditions matérielles d’existence des citoyens et citoyennes. Le pouvoir plus moyen pour assouvir des faims de clans, de camps.

Dans ces conditions, le temps nécessaire est-il pris pour mesurer l’impact réel de l’insécurité alimentaire qui gagne du terrain, plus de 3.5 millions de personnes selon les chiffres officiels ?

Qui pense aux travailleurs, à leur pouvoir d’achat ? Par rapport à un taux d’inflation ayant largement dépassé les 5 % sur le dernier exercice, le seul induisant l’augmentation de salaire, qu’est-ce qui sera fait ?

Avec 14 % d’inflation en février, des discussions sur l’augmentation des salaires minimums, sur l’accompagnement de nos entreprises en proie à d’immenses difficultés avancent-elles au sein du Conseil supérieur des salaires ?
Qui s’est penché sur le taux d’intérêt élevé des crédits privés qui plombent la croissance des entreprises ?

Qui évoque les bons de commande faméliques de ces entreprises, obligées de licencier, de pratiquer la politique de la survie avec des salariés qui crèvent, dans beaucoup de cas, en toute solidarité avec des patrons qui peinent à joindre les deux bouts ?

Le tableau est sombre. Il peut y avoir de petites éclaircies au milieu de 2017. Si l’on cesse ce petit jeu entre affreux, déguisés en Adonis, grands et beaux défenseurs de la démocratie et du progrès. Il est plus que clair que la bataille des chefs n’est pas pour nous…

Roberson Alphonse

robersonalphonse@lenouvelliste.com
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