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"Nuit debout" : après l’évacuation matinale, le mouvement reprend à Paris

lundi 11 avril 2016

Le mouvement a été lancé au soir du 31 mars, contre le projet de loi de réforme du code du Travail. Il reprend de plus belle, malgré l’évacuation.

Source AFP

Le mouvement ne semble pas prêt de s’arrêter. Malgré le démantèlement du campement de "Nuit debout", situé place de la République à Paris lundi matin, le mouvement entend bien poursuivre sa mobilisation et rassemblait plusieurs centaines de personnes dans la soirée. "Ils ont voulu nous enterrer, mais ils ont oublié que nous étions des graines et que nous allons repousser !", a lancé à la foule Fanny, de la commission écologie lors d’une Assemblée générale. Des centaines de personnes avaient convergé en fin d’après-midi sur la place de la République, où étaient aussi présents de nombreux policiers.

Depuis onze jours, cette esplanade du coeur de la capitale est devenue l’épicentre d’un mouvement citoyen inédit, lancé au soir du 31 mars contre le projet de loi de réforme du code du Travail "et le monde qui va avec", qui a essaimé dans plus d’une cinquantaine de villes. Les manifestants se sont retrouvés chaque soir, souvent par milliers, dans une ambiance de kermesse et de forum altermondialiste.

"On n’expulse pas une idée"

Mais leur autorisation de se réunir a expiré dimanche soir. L’évacuation de lundi matin, qui s’est déroulée sans heurts, a vidé la place de ses stands, tentes et matelas. La préfecture de police de Paris expliquait toutefois dans la journée qu’"une nouvelle déclaration de manifestation a été déposée, signifiant que le mouvement pourra reprendre lundi soir". "Ils veulent nous casser, on veut juste continuer", commente Seven, 28 ans. Désignant une tente rouge en train d’être montée, il explique "cette tente, c’est un acte de résistance". "On n’expulse pas une idée, de retour pour l’AG à 18H00 !" a tweeté en fin d’après-midi @nuitdebout tandis que sur la place, des centaines de personnes commençaient à se réunir. En province aussi, pas question de baisser les bras.

A Lille, les organisateurs se disent "motivés comme jamais" et appellent sur leur page facebook à venir "nombreux" place de la République. A Lyon, plusieurs centaines de personnes s’étaient retrouvées samedi soir place Guichard. "Le désir de tout le monde est de prendre plus de pouvoir sur nos sociétés et nos vies", résumait Cyril, l’un des organisateurs. Sur Facebook, les organisateurs du mouvement toulousain demandaient de rapporter bâches, cordes, palettes et lampes frontales, se préparant pour un véritable campement lundi soir, rebaptisé "42 mars".

Plusieurs dégradations

"La lutte continue, on n’est pas fatigués", résumait un slogan lancé par les manifestants parisiens place de la République. Parmi eux, Françoise, retraitée, est venue tous les soirs depuis le début du mouvement : "Ça me plaît beaucoup de voir un mouvement en pleine construction et qui redonne la parole à tous sans exception." L’évacuation n’a pas coupé son envie de revenir : "Stop aux interdictions, ça suffit de nous couper la parole." Après l’assemblée générale, une réunion entre les référents des différentes "commissions" qui composent le mouvement était prévue vers 21H00 pour "discuter de comment organiser la suite", a précisé l’une des initiatrices du mouvement, qui se fait appeler Camille.

Partir ? Rester ? Occuper un autre lieu ? De nombreuses questions ont été soulevées par les incidents dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque quelques centaines de personnes ont voulu se rendre au domicile du Premier ministre Manuel Valls. Huit personnes ont été interpellées et des dégradations déplorées par les autorités. "On ne veut pas que le mouvement soit montré pour ce qu’il n’est pas, ce n’est pas un mouvement violent", affirme Camille.

La présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (Les Républicains) avait jugé dimanche "souhaitable qu’on évacue la place de la République ou alors, si on ne l’évacue pas, que les manifestants eux-mêmes la sécurisent et empêchent la casse, l’agression des policiers, les dérapages". Les maires de Paris et des IIIe, Xe et XIe arrondissements ont promis de rester "intransigeants face aux débordements et aux violences" : "S’il est légitime de rêver d’un autre monde, il ne l’est pas de dégrader celui-ci."


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