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Les marchés surpris par l’adoption de taux négatifs par la Banque du Japon

lundi 11 avril 2016

Afin de tenter de relancer une inflation et une économie vacillantes, la Banque du Japon (ou BoJ – Bank of Japan) a annoncé, vendredi 29 janvier, l’instauration de taux d’intérêt négatifs, une mesure exceptionnelle justifiée par les turbulences actuelles sur les marchés, surpris par cette annonce soudaine.

La BoJ a fixé à -0,1 % son taux de dépôt au jour le jour, un outil qui consiste à pénaliser les banques qui placent leurs liquidités dans ses coffres plutôt que de les prêter. En théorie, abaisser ce levier en dessous de zéro devrait stimuler le crédit et donc l’activité économique. A la Bourse de Tokyo, cette annonce a fait bondir l’indice Nikkei jusqu’à 3,5 % avant qu’il ne fluctue. Une vingtaine de minutes avant la clôture, il augmentait de 2,4 %. Le yen a également chuté dans la foulée, le dollar s’élevant à 120,40 yens, contre 118,90 yens un peu plus tôt. « Le gouverneur [de la BoJ] Haruhiko Kuroda a bâti sa réputation en changeant de cap sans crier gare, et la décision de ce jour ne fait que conforter sa réputation », a réagi Capital Economics dans une note.
Y’a-t-il un précédent ?

Cette mesure, qui a été adoptée par une courte majorité (5 voix contre 4), entrera en vigueur à partir du 16 février et pourrait être amplifiée « si jugé nécessaire », a précisé l’institution, qui marche ainsi dans les pas de la Banque centrale européenne (BCE). En juin 2014, la BCE était devenue la première grande banque centrale du monde à tester les taux négatifs, imitant la politique suivie par d’autres banques centrales de plus petite taille, comme celles du Danemark ou de Suisse.

Le comité de politique monétaire de la BoJ a par ailleurs reconduit à l’identique son vaste programme de rachat d’actifs d’un montant actuel de 80 000 milliards de yens par an (quelque 600 milliards d’euros), qui était resté inchangé depuis la fin d’octobre 2014.
Pourquoi maintenant ?

La Banque du Japon explique avoir décidé de passer à la vitesse supérieure du fait de « la volatilité des marchés financiers mondiaux, sur fond de poursuite du déclin des prix du pétrole et d’incertitudes dans les pays émergents et exportateurs de matières premières, en particulier en Chine ». Les cours du brut ont récemment chuté au plus bas depuis 2003, les places financières ont trébuché – à Tokyo, le Nikkei a subi son pire début d’année depuis 1949 – et le yen s’est renforcé, un élément susceptible de heurter les profits des firmes exportatrices nippones. « Pour ces raisons, il y a un risque grandissant » que le moral des entreprises japonaises soit affecté, et la fin de la déflation, retardée, argue la BoJ.
Quelles conséquences sur la politique de Shinzo Abe ?

Après des débuts encourageants, les effets de la politique de relance du premier ministre, Shinzo Abe, qui vient de perdre son principal artisan, le ministre de la revitalisation économique, Akira Amari, emporté par un scandale financier, se sont essoufflés et les critiques se sont multipliées face à des réformes structurelles jugées insuffisantes.


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