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Elections/Présidence provisoire

Pour ou contre la vérification des élections

dimanche 3 avril 2016

Une commission de vérification électorale pour faire la lumière sur les élections de 2015, l’autre défi du président provisoire Jocelerme Privert. Pour ou contre, la classe politique et le Parlement sont divisés sur la question. Interrogé vendredi par Le Nouvelliste, un conseiller électoral fraîchement installé a indiqué que le CEP est favorable à la formation de cette commission, mais qu’il revient au chef de l’État de la mettre sur pied.

« Au niveau du CEP, nous avons besoin de cette commission, cela nous rendra plus confortable et nous saurons pour qui nous allons organiser les élections », a confié au Nouvelliste un conseiller électoral, membre du bureau de quatre membres que préside Léopold Berlanger. Toutefois, a souligné ce membre du CEP sous couvert de l’anonymat, il revient au chef de l’Etat de former la commission de vérification électorale. Tous les secteurs ayant désigné des membres au CEP sont favorables à cette commission et se sont déjà prononcés sur la nécessité de cette structure, a ajouté notre source bien placée au CEP.

Au cours d’une rencontre lundi dernier au palais national entre le chef de l’Etat et les neuf membres du CEP, la question de la commission de vérification électorale avait été abordée. « Le président Privert nous avait fait savoir que la majorité des secteurs qu’il a déjà rencontrés lui ont conseillé de mettre sur pied cette commission », a indiqué au journal un autre membre du CEP joint au téléphone. Selon lui, tous les membres de l’institution électorale avaient plaidé pour une évaluation des élections du 9 août et du 25 octobre par une structure parallèle au CEP. « C’est notre souhait », a-t-il dit au journal.

Le Parlement divisé sur la commission de vérification

Au Sénat comme à la Chambre des députés, les parlementaires sont divisés sur la formation ou non d’une commission de vérification électorale. Pour le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé, membre du bloc majoritaire, il ne peut pas y avoir d’élections dans le pays sans la formation de cette commission pour faire la lumière sur ce qui s’est passé le 9 août et le 25 octobre. « C’est une obligation pour la paix et la tranquillité », a-t-il martelé, soulignant qu’il revient à l’exécutif de mettre sur pied cette structure.

Parallèlement, le sénateur Carl Murat Cantave du bloc minoritaire, élu sous la bannière de KID, proche du PHTK, a indiqué qu’il faut rester dans le cadre de l’accord du 5 février qui, selon lui, n’avait pas prévu de commission de vérification électorale. « L’accord a dit qu’il faut appliquer les recommandations de la commission du 22 décembre 2015… », a-t-il soutenu pour écarter toute idée de mise en place de la commission de vérification.

Le PHTK contre une commission de vérification électorale

Pas question de perdre du temps avec une commission de vérification électorale, c’est la position du parti de l’ancien président Michel Martelly. Selon Guichard Doré, l’un des conseillers du PHTK, il y a deux catégories de gens qui veulent cette commission : « Ceux qui veulent une longue transition de trois ans et ceux qui veulent l’annulation générale des élections », a-t-il dénoncé.

M. Doré a appelé le nouveau CEP à tout mettre en œuvre pour l’élection d’un président le 14 mai prochain comme le veut l’accord du 5 février. Selon lui, il y a déjà eu deux évaluations sur les élections de 2015. Selon les résultats de l’ancien CEP, Jovenel Moïse, le candidat à la présidence sous la bannière du PHTK, est arrivé en tête des élections du 25 octobre dernier. Pour le conseiller du PHTK, avec seulement 24 députés élus sur 119 et 2 sénateurs sur 20, on ne peut pas accuser son parti d’avoir fraudé.

La plupart des partis politiques les mieux placés, selon les résultats des élections du 25 octobre, exigent la formation de cette commission de vérification électorale. C’est le cas pour Lapeh avec comme candidat à la présidence Jude Célestin arrivé en deuxième position ou la plateforme Pitit Dessalines avec comme candidat à la présidence Moïse Jean-Charles placé en troisième position, Fanmi Lavalas avec Maryse Narcisse arrivée en quatrième position ou encore Eric Jean Baptiste placé en cinquième position.

Dans un communiqué, le MOPOD a attiré l’attention de l’opinion sur le fait que toute nouvelle joute électorale organisée, « par calcul ou naïveté, sans avoir préalablement fait la lumière sur les élections avortées du 25 Octobre 2015, va entraîner le pays dans une instabilité politique grandissante ». Il a appelé à la formation sans délai et en toute transparence d’une « commission d’enquête et de vérification électorale chargée de restituer la sincérité du scrutin avant le redémarrage du processus électoral ».

Le Premier ministre Énex Jean-Charles, qui a salué l’installation des membres du CEP, a dit attendre également un rapport de l’équipe de Léopold Berlanger. Interrogé sur la formation de la commission de vérification électorale, le chef de la Primature a déclaré jeudi, en marge de sa participation à l’inauguration de la place Hugo Chavez, que « la position du gouvernement, c’est l’application de l’accord du 5 février 2016 ».

Vingt-quatre heures auparavant, le porte-parole du Département d’Etat américain, John Kirby, avait déclaré : « Comme l’accord du 5 février 2016 s’y est engagé, nous encourageons le CEP à implémenter rapidement les recommandations techniques de la Commission d’évaluation électorale indépendante, visant à améliorer la transparence et l’impartialité du dernier tour des élections. Une telle action permettra de renforcer la confiance de la population dans le processus électoral. »

Selon lui, son pays attend avec impatience de voir la mise en œuvre de toutes les dispositions de cet accord qui doit aboutir à « l’investiture d’un nouveau président démocratiquement élu le plus rapidement possible, afin que le gouvernement puisse travailler de concert avec les partenaires haïtiens pour faire face immédiatement aux défis auxquels le pays est confronté ».

Installés mercredi dernier, les membres du CEP commencent à prendre connaissance des dossiers et à procéder à une évaluation à l’interne, a indiqué au journal un conseiller électoral. Une seule certitude, il n’y aura pas d’élection en Haïti le 24 avril 2016 comme le stipule pourtant l’accord du 5 février.

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com


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