MosaikHub Magazine
L’Echo de l’éco

Haïti dans l’ombre du rapprochement États-Unis-Cuba

mercredi 30 mars 2016

Les images de la visite historique du président américain, Barack Obama, en terre cubaine ont certes fait le tour du monde avec la magie de la technologie, mais les Haïtiens doivent retenir davantage de ce tournant de l’histoire. Dorénavant, les multinationales américaines se bousculent au portillon pour avoir pignon sur rue dans les meilleures places de La Havane et des autres villes au pays de Raul Castro.

Après de longues années d’embargo et d’isolement, la grande puissance nord-américaine décide d’inverser la tendance et de renoncer à sa stratégie improductive. D’aucuns disent que les Cubains, forts de leur dignité et de leur diplomatie, sont sortis gagnants de cette visite. Mais les entreprises américaines qui s’installeront bientôt sur l’île ont aussi gagner leur part dans ce rapprochement qu’on dit gagnant-gagnant.

Aussitôt, les comparaisons disproportionnées fusent de partout jusque dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux. Les gens se demandent pourquoi le premier mandataire américain n’a pas jugé bon de rendre visite à la première république nègre pendant ses deux mandats à la Maison-Blanche ; Même le séisme du 12 janvier 2010, qui a attiré l’attention internationale sur Haiti, n’a convaincu le premier locataire de la Maison-Blanche de mettre les pieds en Haiti.

En mai 2007, selon le directeur général d’Alimport (Cuban Food Imports Company), Pedro Alvarez, cité par wikipedia, le volume total du commerce américano-cubain a atteint 2,4 milliards de dollars et l’importation de produits agricoles a atteint 7,8 millions de tonnes, incluant le riz, les haricots, le maïs, les céréales, les œufs et le poulet. Le principal obstacle entre les deux pays demeure l’embargo économique, en vigueur depuis 54 ans. Barack Obama est le premier président américain en exercice a visité l’ile depuis que Calvin Coolidge y a foulé le sol en 1928 pour une conférence panaméricaine.

Il est évident que les intérêts commerciaux et stratégiques que représente Cuba ne peuvent être comparés à ceux offerts par un pays où les politiciens se fichent des intérêts de la nation et des conditions socioéconomiques de la population. De 1986 à 2016, nous avons gaspillé une trentaine d’années dans une transition, dit démocratique, sans jamais savourer les fruits économiques.

Même si les Haïtiens ont tendance à se montrer dociles vis-à-vis des Américains en matière de diplomatie et dans les échanges commerciaux, l’absence d’infrastructures de base, d’une législation attractive dans les affaires met le pays le dos au mur. Les Cubains, même au plus fort de l’embargo, ont su construire un système éducatif fort, pousser la recherche universitaire dans divers domaines, notamment dans la science médicale, au point de devenir une référence pour le monde. Les Américains ont beaucoup à tirer de l’expérience cubaine.

Dans ce rapprochement entre les deux ennemis voisins, sans nul doute, le Cubain moyen ne sera pas laissé au bord de la route. Les intérêts économiques de Cuba seront défendus avec fermeté. Le gouvernement cubain a adopté, en 2014, une loi sur les investissements étrangers pour faciliter les échanges avec ses principaux partenaires régionaux (Venezuela, Brésil, Argentine, Bolivie, Équateur). Et cette loi est susceptible de s’ouvrir aux États-Unis d’Amérique. Pourtant, le président cubain a donné la garantie que son pays restera socialiste.

Haïti se réclame de la démocratie occidentale. En cinq ans, citoyens et autorités n’ont pu conjuguer leurs efforts pour organiser des joutes afin de choisir de nouveaux dirigeants et ainsi assurer l’alternance démocratique. Ces compétitions financées en grande partie par l’international, n’ont pas apporté des résultats probants au point que l’économie haïtiene pâtit considérablement de la crise postélectorale.

Qui va croire en nous quand nous ne pouvons pas assurer les fondamentaux de notre existence ? Au moins, en ce sens, les autorités cubaines ont fait preuve de cohérence. N’est-ce pas pour cela que le grand voisin du Nord, malgré les divergences idélogiques et politiques, lui a fait ce clin d’œil ?

AUTEUR

Dieudonné Joachim

djoachim@lenouvelliste.com -


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