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Déterminer l’essentiel et s’y tenir

vendredi 12 février 2016

Le président Michel Martelly n’est plus président depuis le 7 février. Il n’est pas encore redevenu pleinement le chanteur Sweet Micky, sinon il n’aurait raté pour rien au monde le carnaval 2016. Pour le moment, reste l’homme politique qui se cherche activement une place sur l’échiquier national. Le président n’est plus, mais le nouveau président n’existe pas encore. Nous le cherchons. La crise qui était électorale est en train de se muer en crise de transition. Pour être plus précis, la question qui intéresse tout le monde est qui va être élu président provisoire d’Haïti ? A voir le comportement des uns et des autres, on donne déjà dans l’inconscient collectif soit un mandat plus long que prévu au futur président, soit des pouvoirs qu’il n’aura pas. Faut-il souligner que peu de gens avaient lu l’article de la Constitution de 1987 amendée qui dispose en la matière ? Si on l’avait lu, on se serait rendu compte que le flou tissé et l’imprévision de nos constituants ouvrent la porte à des centaines d’interprétations. Il y en a qui s’éloignent et de la lettre et de l’esprit de ce qui est dans le texte si, tant soit peu, un jour, il y avait une intention claire dans cet amendement scélérat de la Constitution que mille mains ont concocté, écrit, corrigé, modifié, remodelé, jusqu’à ce qu’on ne sache plus quelle version est la vraie. Un fait est, nous sommes pris par l’accord du 6 février et par le Parlement pour aller dans une direction qui ne donne aucune garantie. L’alternative opposée à l’accord n’est pas plus reposante. Qui sait ce qui se passera le 14 février si le Parlement n’arrive pas à élire un président provisoire ? Qui sait ce qui se passera si après 120 jours le processus électoral n’est pas complété ? De quel processus électoral parlons-nous ? De celui du CEP d’Opont ? De celui qui résultera des évaluations ? La dynamique politique va-t-elle donner le temps au temps pour que chacun trouve ses marques et fasse ses preuves dans la conjoncture qui s’ouvre avec le départ de Michel Martelly ? Autant d’interrogations qui sont sans réponse ce vendredi à quelques heures d’une élection dont les règlements, le mécanisme, les règles du jeu ne sont inscrits nulle part. En cette mi-février qui s’annonce, nous partons à l’aventure avec des acteurs politiques rongés par une faim insatiable de pouvoir. En accaparant toutes les prérogatives, le Parlement risque de finir comme l’Armée d’Haïti. Le processus électoral de 2015 est à deux doigts de se transformer en une impasse et la transition bien plus longue que qui que ce soit ne l’espère, si nous ne nous mettons pas d’accord sur l’essentiel.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com


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