MosaikHub Magazine

Monsieur le Président, offrez-nous le meilleur de vous !

lundi 1er février 2016

Depuis septembre, le pays attendait les élections d’octobre pour savoir sur quel pied danser. Depuis octobre, il ne danse pas et attend. Novembre et décembre se sont déroulés sans déblocage de la situation. Et voilà que février s’annonce déjà comme janvier, comme un autre mois de perdu pour le pays, pour l’économie, pour la démocratie. Ne parlons pas des statistiques moroses, des clignotants au rouge, mais de ce sentiment de lassitude et du goût de défaite qui plombent toutes les initiatives. Le climat est mortifère en Haïti. Il est temps pour le président de la République de se draper dans les plis de la grandeur de sa fonction et d’appeler les parties prenantes de la crise actuelle autour d’une table pour ménager une sortie honorable au pays dans les jours qui viennent. Le temps presse, il faut qu’une issue soit trouvée. Pas pour le président Michel Martelly ni pour les acteurs de la crise, mais pour le pays. Le président de la République doit prendre l’initiative de faire le premier pas, et les pas qui coûtent, parce qu’il ne reste plus d’institutions à même de le faire au moment où nous écrivons ces lignes. Ce vendredi, tout ce qui restait de semblant de restes au Conseil électoral s’est désagrégé avec les nouvelles démissions de deux des membres, dont le président du CEP. En l’état, on ne peut plus publier les résultats des municipales, encore moins poursuivre le processus électoral. Les élections de 2015 sont dans une parfaite impasse, avant que le processus n’aboutisse, avec l’évaporation du Conseil qui les avait organisées. Avec les démissions de ce vendredi, ni demain, ni le 7 février, ni le 29 mars, ni le 14 mai, le Conseil électoral de Pierre-Louis Opont ne pourra conclure les élections. On sera dans l’obligation de vraiment tout évaluer ou de tout recommencer quand un autre CEP prendra fonction. Le Conseil électoral n’est pas la seule institution qui fait défaut à la nation. Le Parlement n’est toujours pas complété. Il manque six sénateurs sur trente et vingt-sept députés sur cent dix-neuf. Jusqu’à cette date, la Chambre des députés ne siège pas et les sénateurs virevoltent au lieu de tenir séance régulière. Le premier ministre en poste, qui le sera peut-être après le 7 février, n’a jamais reçu l’onction d’aucune législature. Issu d’un accord politique qui a fait son temps, Évans Paul n’a pas la légitimité. Il n’a jamais eu la haute main sur son gouvernement. Seul le président Michel Martelly peut le représenter pour le poste ou lui trouver un remplaçant avant que le premier ministre ne se retrouve avec les deux pieds dans une seule chaussure. Aucune ville du pays n’est dirigée par un conseil municipal élu. Les résultats des dernières élections ne pourront plus être publiés un jour, sauf si un accord politique intervient entre les grands protagonistes de la crise. Après que le président a nommé une pléthore d’agents exécutifs intérimaires, nous sommes devant un vide immense dans les mairies. Le pouvoir judiciaire a à sa tête une Cour de cassation édentée. Sur douze juges, seuls six sont en poste. L’âge de la retraite ou la fin de leur mandat ont décimé la plus haute cour du pays. Reste le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). On connaît les péripéties qui ont émaillé la vie de cette jeune institution depuis sa création. Le CSPJ est fragile comme une fleur. Il y a aussi l’opposition multiforme et les mille propositions qui fleurissent. Pour le moment, tant que le président en poste ne se pose et se choisit des interlocuteurs, ni la rue ni les mots ne changent rien à la situation. La présidence et l’opposition, en se regardant en chiens de faïence, se maîtrisent sans avancer. Que nous reste-t-il quand on sait que, constitutionnellement, le mandat du président de la République prend fin le 7 février ? Il nous reste les charges, les devoirs et les responsabilités du président de la République qui doit se ressaisir, se dépasser pour trouver une solution avant que les événements ne nous l’imposent avec les conséquences que cela aura nécessairement pour le pays et pour chacun. Monsieur le président Michel Martelly, vous le pouvez encore, offrez-nous le meilleur de vous !!! Soyez le président de tous les Haïtiens, sans distinction et partez par la grande porte de la présidence.
Frantz Duval


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie