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Des Mozambicains victimes des violences politiques trouvent refuge au Malawi

jeudi 14 janvier 2016

Après des jours de marche sous un soleil de plomb, des centaines de réfugiés mozambicains se sont posés dans un camp de fortune au Malawi. Tous racontent avoir fui les violences perpétrées par l’armée à la recherche de partisans de l’opposant Afonso Dhlakama, décidé à s’emparer du pouvoir dans plusieurs provinces.

"Les soldats sont arrivés dans des véhicules gouvernementaux pour brûler les maisons et les granges de maïs et ils nous ont accusé d’héberger des soldats de la Renamo", le principal parti d’opposition au Mozambique, raconte Omali Ibrahim, un agriculteur de 47 ans.

Ce père de famille vient d’arriver au camp de Kapise dans le district de Mwanza, dans le sud du Malawi, avec sa femme et ses cinq enfants.

Autour de lui, des réfugiés s’affairent à construire des tentes sur ce terrain ocre qui surplombe un paysage de roches et de verdure. Pour la structure, ils utilisent des branches qu’ils assemblent avec des cordes faites à base d’écorce.

Omali Ibrahim fait partie de quelque 300 réfugiés traumatisés, dont nombre de femmes et enfants, arrivés au Malawi en une seule journée la semaine dernière.

Le camp de Kapise, situé à seulement 500 mètres de la frontière avec le Mozambique, abrite 1.580 personnes dans un grand dénuement, contre 300 en juin.

Les nouveaux arrivants disent fuir les violences dans leur pays. Depuis juin, des affrontements sporadiques éclatent régulièrement entre les forces gouvernementales et la Renamo, qui a rejeté les résultats des élections présidentielle et législatives de 2014.

Les tensions sont encore montées d’un cran quand Afonso Dhlakama a annoncé en décembre son intention de s’emparer du pouvoir d’ici mars dans six des 11 provinces du pays.

- Cachés dans le bush -

Les réfugiés interrogés par l’AFP corroborent la version d’Omali Ibrahim. "On aurait pu être tué par des soldats gouvernementaux si on ne s’était pas cachés dans le bush pendant deux jours", affirme Luciano Laitoni, 60 ans, arrivé avec sa femme visiblement épuisée et ses cinq enfants.

"Notre maison et une grange de maïs ont été brûlées, mais Dieu merci, nous sommes ici sains et saufs", ajoute-t-il, en transportant quelques-uns des biens qu’il a réussi à emporter.

Flora Manuel, 25 ans, accompagnée de son époux et de leurs six enfants, raconte une histoire similaire : "Nos 16 cochons et six chèvres ont été tués (...) mais on a par chance survécu et on s’est enfui".

Charles Luka est lui sans nouvelle de sa femme et ses deux filles depuis que sa maison a été brûlée. "Nous sommes de simples fermiers et je n’ai jamais vu de soldat de la Renamo. Nous ne sommes pas de la Renamo", affirme-t-il.
On nous accuse d’abriter la Renamo, mais on ne connaît pas ses soldats. On n’a aucun lien avec eux", renchérit Lignes Jimu, mère de trois enfants.

La police de la province mozambicaine de Tete, frontalière du Malawi, rejette les affirmations des réfugiés. "Ce sont des mensonges. La police est là pour protéger la population. Il est inconcevable" que l’armée puisse brûler des maisons, assure à l’AFP le porte-parole de la police, Luis Nudia, reconnaissant toutefois des tensions politiques dans la région.

Selon les médias locaux, des affrontements entre les forces gouvernementales et la Renamo à Tete le 31 décembre se sont soldés par la destruction de six maisons.

L’afflux brutal de réfugiés dans le camp de Kapise représente "un énorme problème" pour le Malawi, souligne Bestone Chisamile, un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur, qui s’est rendu dans le camp début janvier avec des responsables du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

"Le Malawi ne peut pas s’en sortir seul. Nous avons besoin de place et de nourriture pour les réfugiés, mais les solutions pour mettre fin au conflit résident entre les mains du gouvernement mozambicain", estime-t-il.

"Il n’y a pas de nourriture ni d’abri décent", constate un chef local, Yohan Kapise, propriétaire du terrain où le camp a été érigé en 2014.

L’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) sont présents sur place. Mais seuls les enfants reçoivent une aide alimentaire, du porridge une fois par jour.


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