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Racisme - Afrique du Sud : l’hydre est toujours là

samedi 9 janvier 2016

Le commentaire désobligeant et déplacé d’une citoyenne sud-africaine blanche du KwaZulu-Natal réveille les vieilles blessures du racisme durant l’apartheid.

Penny Sparrow est agent immobilier à Park Rynie, dans la province du KwaZulu-Natal, à l’est de l’Afrique du Sud. Les festivités de fin d’année et ses débordements l’ont conduite à dénoncer sur Facebook "l’attitude de Noirs qui laissaient des détritus sur la plage". "À partir de maintenant, a-t-elle dit, j’appellerai les Noirs sud-africains des singes, puisque les adorables petits singes sauvages font la même chose qu’eux : ramasser et jeter les déchets", a-t-elle écrit.

L’ANC sort de ses gonds et porte plainte

Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin officielle du régime d’apartheid en 1994, a réagi en portant "plainte pour outrage contre plusieurs Sud-Africains qui ont tenu des propos racistes sur les réseaux sociaux", indique l’AFP. "Il est troublant de constater que des personnes intolérantes qui ont un temps gardé leurs opinions pour elles-mêmes semblent désormais décomplexées", a ajouté le porte-parole du parti, Zizi Kodwa. L’ANC a également saisi la commission sud-africaine des droits de l’homme (SAHRC), estimant que de tels commentaires "dénigrent" et "insultent" la majorité noire du pays. En effet, plusieurs autres Sud-Africains blancs ont aussi récemment publié des commentaires à connotation supposée raciste. Un analyste économique, Chris Hart, a ainsi été suspendu par l’établissement bancaire Standard Bank pour un message sur Twitter suggérant qu’il y avait une "haine" croissante "envers les minorités", en référence à la minorité blanche.

Penny Sparrow s’excuse, mais le mal est fait

Devant le tollé, Penny Sparrow a effacé son commentaire et présenté des excuses, affirmant que son "intention n’était pas d’insulter personnellement quiconque". Parallèlement, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), dont elle est membre, s’est démarquée d’elles en affirmant "exécrer" le racisme. Il a aussi porté plainte contre l’agente immobilière, accusée selon le DA de "déshumaniser les Sud-Africains noirs". Ces commentaires mettent en lumière les divisions raciales et la sensibilité du sujet en Afrique du Sud, 22 ans après la fin officielle de l’apartheid. Selon un sondage publié en décembre par l’Institut pour la justice et la réconciliation, une grande majorité (61,4 %) des Sud-Africains estiment que "les relations raciales sont restées les mêmes ou se sont détériorées depuis les premières élections démocratiques en 1994".


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