Un 16 décembre commémoré sur fond de mobilisation

16 décembre. Date jubilaire de la transition d’Haïti vers la démocratie. Plusieurs milliers de manifestants ont été sur le macadam ce mercredi. L’ancien sénateur Louis Gérald Gilles estime que ce choix répond à une conjoncture. « Aujourd’hui, nous sommes obligés d’accompagner le peuple haïtien dans sa bataille contre ceux qui s’opposent à l’organisation d’élections libres, honnêtes et démocratiques », explique-t-il. À quelques pas, la candidate de Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse, se fait remarquer, salue de la main ses sympathisants. Celle qui a reçu la bénédiction de Jean-Bertrand Aristide –l’un des pontes de ce quart de siècle – assimile cette période au « combat du peuple haïtien pour la dignité ». « Aujourd’hui, le peuple réclame le respect de son vote. Il ne peut pas y avoir de second tour sans les résultats du premier tour », fait-elle savoir. Dans la même veine, Assad Volcy rappelle que le vote du 16 décembre 1990 a été un vote de rupture d’avec le duvaliérisme et son régime dictatorial. « 25 ans plus tard, les petits-fils des Duvalier et leur oligarchie retournent au pouvoir et organisent un coup d’État électoral contre la volonté du peuple haïtien les 9 août et 25 octobre derniers », dénonce-t-il. Le responsable de Pitit Dessalines explique que le peuple est sur le macadam, 25 ans plus tard, dans le but réaffirmer sa détermination à lutter pour le respect de ses droits. Et aussi pour rappeler à la communauté internationale que « le peuple haïtien ne se laissera pas faire et continuera sa lutte jusqu’à la victoire finale ». Comme à l’accoutumée, cette manifestation a parcouru divers quartiers populeux de la capitale, considérés comme des anciens bastions du leader de St-Jean Bosco, ce avant d’emprunter la route de l’aéroport, en direction de la SONAPI où est logé le Centre de tabulation. Sur tout le trajet, les protestataires, brandissant des pancartes, photos et drapeaux des candidats de Lavalas, Pitit Dessalines et LAPEH, ont également réclamé le départ du président Michel Joseph Martelly. Alors qu’ils s’approchaient de la SONAPI, les manifestants ont buté sur une patrouille des agents de la MINUSTAH. Il s’est ensuivi des jets de pierres, des tirs et une panique généralisée. Les agents du CIMO ont fait usage de gaz lacrymogène afin d’évacuer les agents de la force onusienne. Après plus d’une vingtaine de minutes, la manif a pu finalement atteindre les parages de la SONAPI où les organisateurs ont adressé leurs messages. Dans la foulée, Assad Volcy annonce une manifestation « nationale » le 27 décembre prochain. « Dans les 10 départements du pays, on va voter symboliquement contre Michel Martelly, contre le CEP, contre la communauté internationale […]. Cette manifestation se fera dans l’unité avec Pitit Dessalines, Fanmi Lavalas, LAPEH, etc. », prévient-t-il.
Jean Daniel Sénat jdsenat@lenouvelliste.com