MosaikHub Magazine

Nuit de peur et de terreur à Pétion-Ville

vendredi 13 novembre 2015

Pétion-Ville a vécu des heures de terreur dans la nuit du mercredi à jeudi. Des rumeurs faisant croire que la commune serait attaquée par des assaillants a semé la peur et le trouble dans les quartiers. La population, qui a monté la garde, a utilisé tous les moyens pour se défendre. Coups de feu, bruits de machettes ont retenti dans tous les quartiers de la commune traversés par des bandes de manifestants durant les premières heures de jeudi.

Les malfrats de la plaine du Cul-de-sac sont dans nos murs. Il était passé minuit quand la rumeur a commencé à circuler dans la commune de Pétion-Ville. Les téléphones n’ont pas arrêté de vibrer. Aux rumeurs s’est ajouté l’information qu’on venait d’appréhender l’un d’eux à Juvénat et que la population a mis fin à ses jours. La peur était à son plus haut niveau. Face à cette situation, tout le monde a cherché à se donner les moyens de se protéger. Entre-temps, des tirs nourris ont retenti dans les quartiers de Bouc-Champagne, de Juvénat et de Desermithe. « Ça vient de partout, des tirs à l’arme automatique, les gens frappent sur tout ce qu’ils trouvent pour chasser la peur et monter la garde contre les agresseurs », a expliqué Kervens, un habitant de quartier de Juvénat. Comme une traînée de poudre, le phénomène a embrasé tout Pétion-Ville, quartier après quartier. Les marmites, les machettes et les coups de feu ont retenti comme un orchestre de terreur au matin du 12 novembre à Pétion-Ville. Dans les parages de la résidence du président de la République, à Péguy-Ville, la tension a été encore plus élevée. Les gens ont gagné les rues. Les corridors aussi. Ils ont monté la garde sur les toits pour repousser toute menace. La menace n’était pourtant pas si évidente. Seul au quartier de Diègue, la police de Pétion-Ville a été alertée à la suite des mouvements d’individus suspects, qui d’ailleurs n’ont jamais été répérés par les forces de l’ordre. Ça a duré, on dirait que la nuit s’est allongée. Les six enfants de Clodener étaient en pleurs. Il a dû déménager avec eux chez un voisin où les installations paraissaient plus solides. C’est le cas pour d’autres familles qui se sont mis à l’abri chez le voisin le plus proche et se sont solidarisés face à la terreur. Les enfants et les femmes sont restés à l’intérieur alors que les hommes montaient la garde devant les maisons, à l’entrée de chaque quartier. C’est le principe. Des manifestations spontanées ont débuté avant même l’angélus. « Lapolis ap dòmi n ap bay sekirite », criaient plusieurs dizaines de manifestants ayant gagné l’autoroute de Delmas. Il est encore quatre heures du matin. Une deuxième manifestation a été aperçue au niveau de la route de Frères. Les Pétion-Villois ont appelé les autorités à garantir la sécurité de la population. Un autre groupe de citoyens a pris la direction de la résidence du président Martelly, située non loin du quartier de Brise-Tout. Les unités de la PNH ont intimé aux manifestants l’ordre de rentrer chez eux. Les manifestations ont pris fin sans grand dégât. Le calme est revenu peu à peu. De jeunes hommes, machettes et bâtons à la main étaient encore visibles dans des quartiers même après le lever du jour. « N ap di yo Petyonvil pa laplèn, si quelqu’un pense qu’il peut répéter de telles atrocités dans nos quartiers, c’est pour son malheur. Nan baz Adoken, sa pap pase », a lancé Junior, une bouteille de rhum dans la main, posté au niveau du pont de Juvénat. Juste en face, les restes d’un être calciné étaient encore visibles sur le macadam de la route du Canapé-Vert. Des curieux alignés des deux côtés de la route regardaient avec dédain ce qui restait de la dépouille de l’homme pris pour l’un des assaillants. « On l’a croisé, il était en train de nous raconter des trucs du monde invisible, enbyen monchè, nou voye misye nan mond envizib la », a poursuivi Junior sans gêne, qui n’est pas encore en mesure de confirmer que l’homme qu’on venait d’abattre était dans les rues pour faire du mal à quiconque. Il faut remonter dans les années 90, après le coup d’Etat de 1991 pour retrouver pareille manifestation dans la commune de Pétion-Ville. Les brigades de vigilance étaient de retour, mercredi soir, ils ont repris le contrôle des quartiers à Pétion-Ville.
- Louis-Joseph Olivier ljolivier@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie