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NATIONAL Pacte national d’éducation de qualité

« L’éducation n’est pas une priorité, mais l’urgence », dit Manigat

vendredi 30 octobre 2015

Le Pacte national pour une éducation de qualité a déjà reçu plus de 5 000 signatures (rien que pour la version papier), a confié jeudi le ministre Nesmy Manigat. Si les signataires respectent leurs engagements, d’ici à 2020, de grands pas seront franchis dans la lutte pour la réforme de l’éducation.

Président de la République, Premier ministre, ministres, directeurs généraux, candidats, enseignants, syndicalistes, journalistes, pour ne citer que ceux-là, ils ont tous signé le Pacte national pour une éducation de qualité, présenté récemment par le ministère de l’Education nationale et l’Office national du partenariat en éducation (ONAPE). Ce document en sept points ou sept engagements invite les décideurs publics (exécutif, législatif, judiciaire), la société civile et la communauté éducative à s’engager à une réforme éducative. « Les signataires prennent l’engagement que la mise en œuvre de la politique de gratuité et d’obligation scolaires se fera prioritairement par le biais d’un accroissement de l’offre publique d’éducation en fonction d’une nouvelle cartographie scolaire qui tient compte des infrastructures disponibles et de la démographie de chaque section communale. L’État mobilisera une partie des ressources allouées au secteur pour réhabiliter son réseau d’écoles nationales et de lycées de façon à en faire des établissements de référence quant à la qualité des formations dispensées », tel est le premier point de ce document, qui est un résumé des différentes réflexions déjà faites sur le secteur dans le passé. Pour le ministre Nesmy Manigat, qui a reçu Le Nouvelliste jeudi à son bureau, il faut rééquilibrer le parc scolaire public-privé. Les écoles publiques doivent être renforcées. Aujourd’hui, 400 000 enfants ne sont toujours pas scolarisés. « Il y a tellement de priorités que nous oublions l’urgence de l’éducation, avance le ministre Nesmy Manigat. L’éducation n’est pas une priorité, mais l’urgence. » Quels sont les engagements pris par les signataires ? L’esprit d’un Pacte national pour une éducation de qualité est de se mettre tous d’accord (à l’écrit) sur une cause : la réforme de l’éducation. Le deuxième point dudit pacte stipule « qu’au cours de la période 2016-2020, l’État haïtien consacrera au financement public de l’éducation le plus élevé des deux montants suivants : soit 35% du budget national, soit 8% du produit intérieur brut (PIB) du pays. C’est le montant minimum à consacrer au financement public de l’éducation haïtienne. » Avec un budget annuel d’environ 15 milliards de gourdes (les taxes de la diaspora représentent 10% de ce montant), le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle ne peut pas faire des miracles. Une grande partie de ce montant est consacré au salaire et très peu à la formation initiale et continue des maîtres. Pas (assez) d’écoles pour former les maîtres. Avec ce Pacte national pour une éducation de qualité, le ministre Nesmy Manigat souhaite également une meilleure gestion des fonds alloués au secteur. « Il ne s’agit pas de doubler les mauvaises dépenses et les gaspillages, dit-il. C’est l’obligation des résultats, à faire saine gestion, d’audit et de contrôle des fonds mis à la disposition du ministère. C’est une obligation de reddition des comptes. » Par ailleurs, le pacte met aussi en garde les imposteurs et des personnalités influentes qui ont souvent tendance à se mêler des affaires éducatives, qui ne les concernent pas. « Les signataires s’assurent que les décisions concernant le fonctionnement des écoles, le recrutement et l’affectation des agents éducatifs sont prises en toute transparence, dans le refus du clientélisme et dans le respect des normes établies, notamment en privilégiant la voie de concours », indique l’engagement no 3 du document. Statut particulier des personnels de l’éducation L’une des principales revendications des enseignants était la revalorisation du métier d’enseignant. A travers ce pacte, « les signataires s’engagent à mettre en œuvre le statut particulier des personnels de l’éducation de façon à améliorer, d’une part, la condition enseignante et, d’autre part, à relever les exigences à l’entrée et le niveau de rendement de la profession enseignante ». Les signataires s’engagent aussi à garantir l’exercice des droits syndicaux. Une éducation de qualité passe par la formation des enseignants. Ainsi, les signataires du pacte s’engagent à promouvoir la formation « tout au long de la vie ». « Les signataires s’engagent à mettre tout en œuvre pour faciliter la disponibilité de l’offre de formation tout au long de la vie afin d’assurer : l’employabilité des jeunes, la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée, et la mise en adéquation des compétences professionnelles avec les exigences du marché du travail », stipule l’engagement no 5. Pour le ministre de l’Education nationale, nous avons une école non adaptée aux besoins et aux attentes des élèves. C’est l’une des causes de l’abandon scolaire. Le curriculum doit être révisé. Négligé depuis des décennies, l’enseignement technique et professionnel doit être aussi développé et amélioré. A travers ce pacte, « les signataires s’engagent à mettre tout en œuvre pour que la prochaine législature ratifie toutes les lois se rapportant à l’enseignement technique et professionnel, à savoir, un cadre pour la régulation de ce sous-système, la mise en place d’un mode de reconnaissance des acquis, le développement d’un curriculum en adéquation avec le marché du travail. » Dernier engagement : réguler et moderniser l’enseignement supérieur. Cela passe, entre autres, par la ratification d’un ensemble de lois devant permettre à ce niveau d’enseignement de répondre aux besoins du marché du travail, de créer un organe de régulation, d’améliorer les capacités d’accueil, et de favoriser le développement de la recherche. Signer le Pacte national pour une éducation de qualité, c’est une chose ; respecter ses engagements, c’en est une autre. Le ministre le sait mais se veut optimiste. « On ne peut rien réussir si l’on ne crée pas un consensus minimal de plusieurs acteurs clés, estime Nesmy Manigat à moins de quatre mois de son mandat. Quelles que soient les priorités en santé, en agriculture… on ne pourra pas les atteindre sans des ressources humaines qualifiées. »


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