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Les élections tenues sans violence

lundi 26 octobre 2015

Les élections générales se sont déroulées sans incidents majeurs en Haïti dimanche, permettant aux citoyens, qui se sont déplacés nombreux, de voter notamment pour choisir leur futur président, offrant l’espoir d’une stabilisation politique.

A Port-au-Prince, les files d’attentes se sont étendues devant l’entrée des bureaux de vote, une scène qu’Haïti n’avait pas connue depuis près d’une décennie.

Les 5.8 millions d’Haïtiens votaient pour le premier tour de l’élection présidentielle, le second tour des législatives et le tour unique des municipales.

Cet engouement citoyen détonne nettement avec la précédente journée d’élections : le 9 août, le premier tour des législatives avait été fortement perturbé par des violences et des fraudes provoquant deux morts et une abstention massive.

"Le 9 août j’étais parti de chez moi pour voter mais j’ai vu les bousculades, des gens qui mettaient le désordre et jetaient des choses. Alors j’ai fait demi tour car je ne voulais pas prendre des coups de bouteilles", raconte Franzty Jeudi. "Aujourd’hui ça se passe vraiment bien : je suis venu voter avec mes parents et on est à l’aise", sourit le jeune homme de 26 ans.

Dans le grand marché de Canapé-Vert, au coeur de la capitale, les urnes se sont remplies progressivement au fil de la journée. A l’entrée, des agents mandatés par le conseil électoral provisoire ont veillé à ce que les personnes qui se présentaient étaient bien en possession de leur carte d’identité.

Les policiers en faction aux abords et à l’intérieur de ce grand centre de vote avaient le sourire et ont géré sans difficultés l’affluence d’électeurs.

"La police a mis une bonne stratégie sur pied, ça me satisfait. Beaucoup de corrections ont été faites suite aux dérives qui ont eu lieu le 9 août", observe Willy Saint-Fort après avoir glissé ses bulletins dans les quatre urnes posées sur l’étal d’ordinaire occupé par des fruits et légumes.

Discutant tranquillement avec ses amis, l’homme de 43 ans évoque un moment historique pour son pays. "Je veux féliciter les citoyens et citoyennes qui ont pris conscience que, pour que le pays change, c’est à nous Haïtiens d’agir, de nous mettre ensemble pour qu’on ait des bons dirigeants", exulte Willy Saint-Fort. "Il n’est plus question de gouvernement provisoire ou de violences".

- ’Avoir un autre pays’ -

Même sentiment de succès dans une petite école publique à proximité de la place du Champ de mars, où se situe le palais présidentiel.

"C’est une élection qui s’est déroulée dans la parfaite sérénité sans aucun cas d’irrégularités", témoigne Frantz Philémon. "On a exprimé notre volonté citoyenne d’avoir un autre pays. C’était une parfaite réussite".

Après cet engouement et satisfaction, les électeurs haïtiens doivent désormais attendre car les résultats de ces élections ne devraient pas être connus avant début novembre.

Pour ces scrutins, c’est la logistique qui s’est avérée le problème majeur. Faute d’espace par exemple dans le lycée de Pétionville, les isoloirs ont été posés sur des petites tables ou des coins de bancs.

"C’est vraiment lamentable mais c’est toujours comme ça pour les élections", se désole Frantz Ernso, un observateur d’une organisation de la société civile haïtienne. "Les gens votent accroupis devant des bancs".

Depuis le séisme ravageur de janvier 2010, qui avait fait plus de 200.000 morts et jeté à la rue un million et demi d’habitants, Haïti a entamé un long processus de reconstruction, ralenti par le contexte politique conflictuel.

La crise profonde entre l’exécutif et l’opposition depuis l’arrivée à la présidence de Michel Martelly en mai 2011 a empêché la tenue des élections locales et législatives.

Les élus municipaux, faute de scrutins, ont été progressivement remplacés par des agents exécutifs intérimaires, nommés directement par la présidence. Le parlement haïtien a lui cessé de fonctionner le 13 janvier dernier.

Il y avait officiellement 54 candidats en lice pour succéder au président haïtien Michel Martelly. Certains se sont ralliés à des prétendants plus populaires mais, ne l’ayant pas fait dans les délais impartis, leur portrait, leur nom, le symbole et le numéro de leur parti figuraient sur le bulletin de vote : ce qui a provoqué un casse-tête pour la moitié des électeurs qui sont analphabètes. AFP


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