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Burkina : l’armée reprend la caserne des ex-putschistes, tourne la page du coup d’Etat

mardi 29 septembre 2015

En reprenant la caserne où étaient retranchés des ex-putschistes, l’armée loyaliste semble avoir repris le contrôle de la situation dans le pays, et tourné la page du coup d’Etat qui a ébranlé le Burkina depuis le 17 septembre.

A l’issue d’un bras de fer entre anciens putschistes et autorités légales, l’armée du Burkina a lancé un assaut pour reprendre la caserne Naaba Koom II. Des soldats du RSP (ancienne garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré) qui rechignaient à désarmer pour conserver des moyens de pression, y étaient retranchés.

"La situation est calme. Un assaut a été donné. Il n’y a pas eu d’affrontement. Ils (le RSP) ont quitté la caserne", qui jouxte le palais présidentiel à Ouagadougou, a déclaré le chef d’état-major des armées du Burkina, le général Pingrenoma Zagre.

Avant ce dénouement, l’armée qui affichait une volonté claire d’en finir avec ces irréductibles, avait tiré à quatre reprises avec des armes lourdes sur la caserne, suivis par des tirs nourris, selon un journaliste de l’AFP.

Auteur du coup d’Etat avorté, le général Gilbert Diendéré — un très proche de l’ex-président Compaoré renversé en 2014 par la rue après 27 ans de pouvoir —, a déclaré mardi soir à l’AFP qu’il se "mettrait à la disposition de la justice" de son pays.

Il a ajouté qu’il ne se "trouvait plus" sur cette base militaire, sans donner davantage de précisions.

Auparavant, l’ex-chef putschiste avait appelé sur une radio burkinabè ses hommes à "déposer les armes pour éviter un bain de sang".

La médiation régionale avait proposé une amnistie pour les putschistes, immédiatement rejetée par la société civile, qui n’a cessé de rappeler que le putsch avait fait une dizaine de morts et une centaine de blessés.

- ’éviter l’affrontement’ -

Augmentant d’un cran la pression, l’armée avait annoncé leur avoir donné "encore une chance" aux putschistes retranchés de "se rendre pour éviter" un "affrontement".

Cinq jours après sa dissolution officielle par le Conseil des ministres de vendredi, le RSP, les auteurs du putsch tentaient encore mardi de ralentir leur désarmement pour pouvoir mieux négocier.

Mais l’armée a encerclé mardi matin toute la zone autour de la caserne, plaçant véhicules blindés, pick-up et hommes armés de mitrailleuses et de RPG aux carrefours, a constaté l’AFP.

Situé à proximité, l’aéroport de Ouagadougou a été fermé mardi jusqu’à nouvel ordre.

La circulation était interdite dans ce secteur et le chef d’état-major Pingrenoma Zagré avait "pour des raisons de sécurité, invité les populations à éviter tout mouvement dans la zone de Ouaga2000, quartier sud où se trouvent le Palais présidentiel Kosyam et la caserne".

- ’guerre de communication’ -

Avant ce dernier coup de pression de l’armée sur les ex-putschistes retranchés, les deux parties étaient entrées ces derniers jours dans une bataille de communication avec des annonces contradictoires successives sur l’état du désarmement notamment.

Le régime de transition a parallèlement procédé à l’arrestation, "en lien avec le putsch", de Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Compaoré, qui souhaitait se présenter à l’élection présidentielle prévue le 11 octobre, selon des sources sécuritaires concordantes.

Il fait partie, avec le général Diendéré et sa femme Fatou Diallo Diendéré, des 14 personnes dont les avoirs ont été gelés samedi par la justice, qui a aussi bloqué ceux de quatre partis, dont le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti de Compaoré.

L ?Union africaine a levé la suspension du Burkina Faso de l’organisation panafricaine et annulé, dans l’immédiat, la mise en ?uvre des sanctions contre les instigateurs du coup d’Etat, tout en prévenant que "ces sanctions peuvent être réactivées à tout moment, au cas où les éléments du RSP (...) tenteraient d ?entraver la conduite de la Transition et d ?en compromettre l’aboutissement".

Perpétré le 17 septembre par le RSP, le putsch a finalement échoué une semaine plus tard.

La crise a coûté environ 50 milliards de francs CFA (75 millions d’euros), selon le conseil des ministres lundi.


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