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Coup d’État au Burkina Faso : la presse africaine s’exprime

lundi 28 septembre 2015

Sans être exhaustif, ce panorama par le Togo, la Mauritanie et le Bénin donne une certaine idée des regards de la presse sur cet événement aussi exceptionnel que grave.

Les médias togolais avant le 18 septembre

Les journaux togolais se sont appesantis sur le coup d’État militaire perpétré mercredi au Burkina Faso, pays voisin du Togo, par le général Dienderé, ex-chef d’état-major du président Blaise Compaoré. Le quotidien Liberté parle de « démocratie mitraillée », tandis que L’Éveil de la Nation titre : « Les autorités de la transition au Burkina Faso trahies par leur politique d’exclusion. » L’Alternative qui y voit un « mouvement suspect de Blaise Compaoré » écrit que « le peuple burkinabé résiste à un coup d’État militaire contre la révolution ». Pour La Dépêche, « le RSP bloque la transition » et suspecte la « main noire de l’ex-président Compaoré ». « On croyait les carottes cuites et les marrons définitivement tirés du feu pour une élection présidentielle apaisée au Burkina Faso. Que nenni », écrit Togo matin qui fait remarquer que « la transition au Burkina est à reprendre ». Le Canard indépendant, fustigeant un coup d’État qui ternit l’image du continent noir, écrit que « l’Afrique doit pouvoir dire non », car, estime cet hebdomadaire, « une fois encore, l’Afrique vient de montrer que nous sommes encore très loin d’une certaine maturité politique, d’une certaine maturité démocratique, une maturité toujours mise à mal lorsque des hommes en treillis se mêlent souvent par la force d’affaires politiques ».

Les médias mauritaniens avant le 19 septembre

Le quotidien L’Authentique du jeudi présente le nouveau président de la transition au Burkina Faso : le général Gilbert Diendéré comme l’homme qui sait tout . « Durant 30 ans, il a dirigé de main de maître les commandos du RSP et a été l’homme de confiance du président Baise Compaoré déchu en octobre 2014 à la faveur d’une révolte populaire », ajoute-t-il. Le quotidien Nouakchott-Info étale tout son désespoir dans un commentaire consacré à cet événement. Ce journal déplore en effet le sort « d’une Afrique victime de ses militaires. Un continent sur lequel le mauvais sort s’acharne et qui continue à accumuler les déboires, victimes de bidasses qui privilégient les canons au détriment de la matière grise ». Quant au Calame, il livre une déclaration du président du Mouvement pour la refondation (MPR), Kane Hamidou Baba, lequel « condamne fermement le putsch de Ouagadougou » dénoncé comme « une forfaiture » et proclame « sa solidarité avec le Conseil national de transition (CNT) et le gouvernement ». Par ailleurs, M. Kane appelle à la fermeté de la communauté internationale pour « un retour rapide à l’ordre constitutionnel ». Expliquant le coup de force au Burkina Faso, le journal Tahalil évoque « un rapport recommandant le démantèlement du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ».

Les médias béninois avant le 27 septembre

Pour Fraternité, ce dénouement de la situation est un « exploit diplomatique de plus pour le président Boni Yayi ! » Le quotidien commente : « Même en fin de mandat, le président béninois continue d’aligner de bonnes actions en faveur de la paix dans la sous-région et de donner une image positive de son pays ». Désigné par la Cedeao, médiateur dans la recherche de solution à la crise au Burkina Faso, le président Boni Yayi n’a pas failli à sa mission. Avec l’implication active du président en exercice de la Cedeao, le chef de l’État sénégalais Macky Sall, Boni Yayi a réussi là où beaucoup ne l’attendaient pas. En effet, l’étonnement était mardi dernier, à son paroxysme quand, grâce au travail méticuleux du médiateur, les putschistes et les forces loyalistes burkinabés sont parvenus à un accord, se félicite le quotidien. Prenant le contre-pied de son confrère, Le Matinal, dans sa rubrique satirique « Agbaya », titre « IL A TOUT GÂTÉ ! » et écrit :« On vous l’avait bien dit, dans le happy end du coup d’État le plus bête du monde fait par un stupide général pour que sa femme soit député, la Cedeao qui a désigné facilitateur notre YINWE national, a été d’une inefficacité qui fait glousser encore le monde entier ». Le quotidien ironise : « … ce facétieux de médiateur en chef qui a MACKY SALLement laissé notre docteur de TCHAOUROU servir la salade à la fin, après lui avoir imposé longuement le silence. C’est ainsi que ce fut lui qui promit, la nuit du lundi devant les caméras du monde entier, une Bonne Nouvelle pour le lendemain qui ne viendra jamais, les braves burkinabés ayant trouvé la salade trop infecte ! » La Presse du jour rapporte, pour sa part, la réaction des syndicalistes béninois qui exigent la traduction du Gl Gilbert Diendéré à la Cpi. Le journal écrit que cinq confédérations syndicales ont, lors d’une sortie médiatique, marqué leur solidarité aux syndicalistes burkinabés et aux populations de ce pays, dénonçant et condamnant sans complaisance les violations systématiques des droits humains à travers les tueries organisées par les putschistes du RSP, les violences gratuites exercées contre les hommes des médias et les destructions massives de leurs matériels de travail. 

D’après la même déclaration rapportée par le journal, ils exigent la traduction du général Gilbert Diendéré et tous ses complices devant les tribunaux nationaux ou à défaut à la Cour pénale internationale (Cpi) pour répondre de leurs crimes. Enfin, ils demandent à la Cedeao d’éviter de créer des situations qui peuvent être évoquées comme des précédents dangereux ou des jurisprudences à des ennemis et autres prédateurs des libertés démocratiques dans notre sous-région et de tenir grand compte des aspirations du peuple burkinabé. La Nouvelle Tribune s’intéresse au général putschiste et titre ; « Burkina : le langage plutôt sport du général Diendéré ». « Des regrets. De plates excuses à la nation et au peuple burkinabés. Comme si les femmes et les hommes tombés au cours de cet accès de folie du RSP avaient reçu des balles en passant par hasard près du camp de Naabakool lors d’un exercice qui dérape. Le général serait comme le défenseur d’une équipe qui a trop appuyé un tacle qui met en charge les chevilles du joueur adverse… Ils saccagent, blessent et causent la mort. Et Dienderé voudrait que ces incidents soient oubliés », s’interroge le journal.


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