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Une voie nouvelle pour Haïti

mercredi 16 septembre 2015

Au lieu de décréter un Plan Marshall pour la reconstruction effective d’Haïti, les grandes puissances, qui se disent « amies d’Haïti », font à nouveau le choix de nous maintenir dans la dépendance avec des élections financées, contrôlées, manipulées, avilissantes, au détriment de la vraie démocratie et des intérêts du peuple haïtien. Les élections du 9 août viennent confirmer : 1.- que le pays est de plus en plus dépendant avec des millions en dons gérés de façon humiliante par le PNUD en lieu et place du CEP. 2.- que le système électoral actuel, incontrôlable, ne fait qu’augmenter la division avec un nombre incroyable de candidats, une grande insatisfaction, la violence employée comme moyen de gagner les élections, la violation de droits de citoyens et, par surcroit, des décisions arbitraires, sans recours, du CEP. La gouvernance du pays est elle-même régulièrement en difficulté parce qu’assujettie à une Constitution qui régule mal la chose publique, compte trop de failles et d’articles aux interprétations contradictoires, ainsi que l’obligation de financer trop d’élections et de générer un trop grand nombre d’élus et de fonctionnaires improductifs. L’économie nationale est donc en ruine, la dépendance augmente et l’orgueil national continue de s’effriter. En conséquence : Il faut pour Haïti un nouveau modèle, UNE VOIE NOUVELLE. C’est ce que nous tentons de proposer ici de façon sommaire. Il reviendra à une équipe de réflexion de l’analyser, de l’évaluer et de tracer la voie devant permettre au pays d’avancer. A.- LA SITUATION ACTUELLE D’HAITI JUSTIFIE LE BESOIN D’UNE NOUVELLE VOIE Les Grandes Puissances déclarent : - Haïti ! Seul PMA d’Amérique - Haïti ! Pays le plus pauvre de la Caraïbe - Haïti ! Pays failli, pays dépendant Ces assertions nous mettent en état de révolte, car Haïti est le pays le plus RICHE de la Caraïbe, riche en cultures variées. CARIFESTA vient de le prouver. Haïti a une histoire unique ayant réussi le tour de force de faire proclamer l’abolition de l’esclavage et d’arriver à mettre un terme au colonialisme sur son territoire. Le territoire renferme des sites mémorables à visiter, un très riche patrimoine à exploiter, en commençant par celui des ancêtres, de nos ancêtres Tainos. Mais hélas ! Au lieu de s’atteler à cette tâche porteuse, nous, Haïtiens, acceptons de jouer ce jeu macabre de la division, d’élections tragicomiques, d’élections de la honte qui doivent coûter 74 millions que nous n’avons pas. Ce sont nos hommes politiques qui s’organisent en une multitude de partis politiques soi-disant représentés par une masse de candidats racolés pour l’occasion, sans conviction réelle de servir le pays pour le bonheur de la majorité nationale. C’est donc nous qui assassinons notre pays ! Il nous revient donc à nous, Haïtiens, d’abandonner définitivement cette voie destructrice pour nous engager dans une voie nouvelle qui vise la production de richesses et qui s’aligne sur une Constitution bien articulée et des élections à la mesure de notre pauvreté, dans le respect de la dignité nationale. B.- LA VOIE NOUVELLE 1- La REGIONALISATION ciblant la production de richesses Le problème majeur du pays étant la misère, la voie nouvelle doit avoir pour objectif premier la production de richesses. Nous proposons : • de regrouper les départements du pays en 5 RÉGIONS, afin de mieux cibler les besoins de développement de chacune d’elle, incluant les communautés de l’intérieur du pays • d’organiser chaque région de façon à mieux maximiser l’exploitation de ses richesses naturelles, culturelles et historiques et créer des emplois productifs pour retenir sa population. Une nouvelle Constitution devra donc définir les termes généraux de la RÉGIONALISATION et formuler les paramètres pour une meilleure gestion de la chose nationale. Il faudra : • réviser les postes électifs régionaux et ceux des institutions nationales • réduire de façon significative la fréquence des élections • réduire considérablement le nombre de fonctionnaires improductifs • réguler sans équivoque la relation entre gouvernance régionale et gouvernement central • réviser le rôle des députés au niveau de la gouvernance régionale et du pouvoir central • accorder une priorité au financement de l’éducation et de l’agriculture. 2.- Révision de tout le système électoral, cause de tant de discordes. Il faut : - choisir un système électoral à la mesure de notre pauvreté en utilisant le service civique obligatoire, rémunéré sur la base de frais raisonnables et non de salaires démesurés -utiliser toutes les ressources disponibles en Haïti pour la production du matériel nécessaire, matériel réduit aux limites du possible - mettre les candidats et la société civile à contribution partout où c’est possible. (Les candidats pourraient être responsables de l’impression et de la distribution de leurs propres bulletins selon des normes établies par le CEP) - redéfinir les conditions de reconnaissance d’un parti politique et de validité de candidatures pour réduire le nombre de candidats (comme on le fait aux Etats-Unis où on arrive à 2 grands Partis et à 2-3 candidats à la Présidence alors que chez nous, le nombre aux élections du 9 août 2015 tient de la tragicomédie) - refuser toute participation et assistance financière étrangère - échelonner les élections de façon compréhensive sur la base des départements ou des Régions. Ceci permettra au CEP de concentrer ses efforts et ses ressources sur une région à la fois, d’améliorer la performance, la sécurité et les coûts des joutes. (Exemple d’élections législatives et locales : Mois 1 : Région Nord ; mois 2 : Région centre/Artibonite ; mois 3 : l’Ouest, etc. à faire tous les 4 ou 5 ans en fonction du renouvellement du Sénat – séquences à étudier et à fixer) - étudier la possibilité de garantir la fiabilité du vote en confiant aux représentants de différents candidats la responsabilité des bureaux de vote, l’un devant veiller sur la bonne conduite de l’autre - mise en place d’une Commission Constitutionnelle. Le dernier recours des élections par le CEP sera la Commission constitutionnelle - ENVISAGER – nous disons bien envisager- l’élection à la présidence soit par région ou soit à un second degré par des représentants départementaux élus par les maires de régions. C- IDÉOLOGIE SUGGÉRÉE Les leaders politiques parlent de socialisme, de communisme…, mots qui n’évoquent rien pour la majorité nationale. Le développement de la Corée du Sud a été réalisé par l’application d’une forme de Faire-ensemble promue par le gouvernement central. Nous proposons d’adopter et de vulgariser la philosophie du Konbitisme propre à notre pays, à notre culture, similaire à bien des égards à l’option coréenne. C’est d’ailleurs avec émotion que le samedi, à la clôture du programme RANMASE de Radio Caraïbes, nous écoutons le chant " L’Union fait la force" de Michel Ange Bazile. Il illustre parfaitement bien le message du Konbitisme et devrait être plus largement diffusé. Nous encourageons aussi le Touris Lakay, qui veut favoriser le développement des localités de l’intérieur et porter la diaspora à s’intéresser au pays et à investir chez elle, « lakay pa li ». Le Touris lakay est une konbite de trois forces, un tètansanm de la communauté locale, de sa jeunesse dispersée et de sa diaspora. D.-VOIES ET MOYENS POUR LA KONBITE RÉGIONALE L’équipe de réflexion devra étudier les détails de la gestion régionale en rapport avec la gouvernance centrale. Le but étant de déterminer la voie à prendre pour produire de la richesse, ce Faire-ensemble de la Région devra s’effectuer à travers la grande Konbite des Maires et des techniciens de service dans la Région : agronomes, ingénieurs, etc. Les études déjà faites sur les richesses de chaque région faciliteront le travail de la Konbite régionale. Le représentant du gouvernement central, qu’il s’appelle Délégué ou Préfet, aura un rôle primordial dans la Konbite régionale ayant la charge de veiller à l’application dans la Région des grandes directives nationales. De même, un représentant de région sera délégué auprès du gouvernement central pour veiller aux intérêts de la région, présenter et défendre les projets de sa région (Ministre délégué ou Député de région ?) De toute évidence, la production agricole devra occuper une place prépondérante partout dans la quête de production de richesses. Pour illustrer une voie possible de production de richesses dans la région Artibonite, nous présentons les Annexes 1 et 2. EN CONCLUSION Nous souhaitons vivement et sincèrement que soient convoqués les Etats-Généraux de la nation ou que soit formée une Commission d’Arbitrage comme madame Fombrun l’avait proposé au Président Martelly en 2014, s’inspirant de l’article 289 de la Constitution de 87 avec tous les secteurs représentatifs de la Nation, donc à même de prendre des options impératives, incontournables, concernant les sujets d’importance pour l’avenir de la Nation : les grandes orientations d’une nouvelle Constitution et de tout ce qui divise la nation : Partis politiques, CEP, Elections… Nous souhaitons aussi que ces Etats-Généraux ou cette Commission d’arbitrage convoque elle-même immédiatement une assise des secteurs économiques pour décider des mesures à prendre en toute urgence pour mettre un frein à cette dégradation économique persistante et ouvrir la voie à la croissance. A l’équipe qui s’intéressera, à partir de nos suggestions, à faire l’étude approfondie de proposition d’options pour une nouvelle Constitution à même de redonner sa DIGNITÉ au peuple haïtien, nous demanderons de s’inspirer de l’Avant-Projet de Constitution de 1987 qui traitait déjà de Régionalisation. Il s’agit en définitive et en résumé d’utiliser au mieux ce qui existe pour produire de la richesse au bénéfice du pays dégradé et de la majorité nationale et un système électoral plus performant et moins coûteux qui nous rende notre dignité de peuple. Août 2015 ANNEXE 1 Un exemple d’option pour la production de richesses dans l’Artibonite : Son riche patrimoine historique Il comprendrait : • les Gonaïves comme lieu où fut proclamée l’Indépendance d’Haïti, avec visite de sa cathédrale du Souvenir • la ville de Marchand : autour de la maison de Madame Dessalines et d’un Mémorial à Dessalines • les forts construits par Dessalines qui dominent la ville de Marchand • des camps de montagne au niveau de ces forts • le Fort de la Crête à Pierrot où s’est déroulé le grand combat contre les armées françaises de Bonaparte avec Dessalines, Marie-Jeanne, les généraux Magny, Lamartinière… et de valeureux soldats. • le palais de La Petite-Rivière de l’Artibonite devenu Musée de la Mémoire historique des Haïtiens (voir en Annexe ce Projet qui à lui seul justifie une visite touristique) Ce circuit touristique exceptionnel prévoit l’exploitation judicieuse des vues diverses de la montagne, de la rivière, de toutes les richesses naturelles, culinaires, artistiques de la région, les danses typiques et aussi l’utilisation – pour les diverses activités - de tonnelles originales… Le projet implique la formation de guides capables d’évoquer les événements historiques déroulés dans ces divers lieux et l’organisation de visites. Ce projet commun n’exclut pas l’exploitation d’autres projets de chaque mairie. Il demeure aussi entendu que la région étudiera comment augmenter sa production agricole. Un projet conjoint pour la Région Grand Nord est disponible. ANNEXE 2 Le Palais de la Petite-Rivière de l’Artibonite : Musée de la Mémoire Aujourd’hui, plus que jamais, il nous revient à nous, Haïtiens, de clamer haut et fort que, sur le sol d’Haïti, jamais l’esclavage n’a été accepté. Il nous faut un lieu sacré qui illustre l’histoire héroïque de ce combat incessant mené par nos ancêtres à travers le temps, tant sur le sol d’Haïti que sur la scène internationale pour la liberté et les droits de l’homme. A cet effet, il convient de faire du Palais de la Petite-Rivière, ce lieu historique situé non loin de celui, symbolique, de la Crête-à-Pierrot : MUSÉE DE LA MÉMOIRE DU PEUPLE HAITIEN DES LUTTES MENÉES POUR LA LIBERTÉ ET LES DROITS DE L’HOMME » Quatre salles ou espaces seraient aménagés comme suit : Salle 1.- Luttes des premiers occupants indiens contre l’occupant espagnol Il faut célébrer la résistance légendaire de nos ancêtres tainos : Caonabo, Hatuey, Anacaona, les combattants de la Vega Real… Leur lutte pour la liberté et leur droit à vivre en paix leur a coûté très cher, mais a été tardivement couronnée de succès. En effet, l’Espagne a été forcée d’expédier un ambassadeur, Barrio-Nuevo, pour signer le Traité du Bahoruco avec le cacique Henri, lui reconnaissant à lui et à son groupe, non seulement leur liberté, mais leur indépendance. C’est le premier Traité de Paix signé en Amérique. Salle 2 : Luttes des esclaves contre l’occupant français Près de deux cents ans de révoltes et de luttes constantes des marrons de la liberté, Makandal, Colas Jambes Coupées…, jusqu’aux esclaves du Bois-Caïman faisant le serment de combattre l’esclavage au péril de leur vie : Boukman, Toussaint, Jean-Francois, Biassou. Lutte qui conduit en 1793 à l’abolition de l’esclavage à Saint-Domingue. Salle 3 : Luttes pour l’Indépendance Nos ancêtres ont eu l’intelligence de s’UNIR pour combattre le colonialisme et conquérir l’indépendance. Ils mènent une lutte acharnée et sans merci jusqu’au combat de Vertières, du 18 novembre 1803, qui aboutira à la proclamation de l’indépendance le premier janvier 1804. Dans cette salle, en plus des grands héros honorés au Panthéon national, Toussaint, Dessalines, Pétion, Christophe, on réservera une place d’honneur à tous ces autres héros faiseurs de liberté et d’indépendance : Ogé et Chavannes, Charles et Sanite Belair, Lamour Dérance, Lamartinière, Marie-Jeanne, Cappoix… Salle 4 : Luttes après l’Indépendance I.- Support sans relâche aux autres peuples d’Amérique pour la conquête de leur liberté et de leur indépendance : Dessalines aide Miranda ; Pétion accompagne Bolivar jusqu’à la victoire ; Geffrard épaule la République dominicaine… II.- Révoltes contre l’occupant américain en 1915 : Charlemagne Péralte, Benoit Batraville… III.- Interventions marquées sur la scène internationale : - A la tribune des Nations-Unies, le général Nemours prend la défense de l’Ethiopie qu’envahissait l’Italie en déclarant : « Craignez d’être un jour l’Ethiopie de quelqu’un ! » - Emile Saint-Lôt soutient la naissance des Nations Unies… Ce Musée/Centre d’Interprétation à la mémoire de notre histoire de peuple contribuera à restaurer la fierté nationale, à former notre jeunesse et à informer les visiteurs sur la geste héroïque trop longtemps occultée ou mal connue. PS : 1- Il faudra aussi penser à aménager une salle de projections, de conférences…, et à faire usage abondamment du Service Civique obligatoire dans la Constitution. 2.- Rien n’empêche de rendre hommage à Christophe qui a bâti ce palais, ni d’avoir un espace consacré à l’histoire de la Petite-Rivière de l’Artibonite. ANNEXE 3 Propositions de mesures à prendre en urgence pour améliorer l’économie et l’environnement -Restriction sévère de certaines importations (voitures, pèpè…) - Amélioration conséquente des postes de douanes ; - Des équipes de contrôle de l’environnement dotées de moyens d’actions punitives immédiates. - Contrôle des détritus de rues avec des moyens d’application de sanctions sévères et trouver comment en produire moins et comment on pourra les transformer au bénéfice de la communauté. - Contrôle des naissances accompagné de sanctions motivantes. - Collecte des eaux de pluies qui dévalent des pentes via des impluviums et de nombreux bassins. - Contrôle sévère de la production de charbon de bois avec accompagnement de sanctions drastiques - Subventions substantielles aux produits destinés à remplacer le charbon de bois. - Réduction du nombre de partis politiques et de candidats. - Recherches intensives pour l’utilisation judicieuse de nos mornes tètkalé (peut-être la mise en place de panneaux solaires). - Recherches intensives sur l’utilisation de sources alternatives d’énergie pour diminuer au maximum l’importation des produits pétroliers.


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