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Manifestation en Moldavie pour exiger la démission du président

dimanche 6 septembre 2015

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche en plein centre de Chisinau, la capitale moldave, pour exiger la démission du président Nicolae Timofti, accusé de servir les intérêts des oligarques et ne pas lutter efficacement contre la corruption.

Organisée par la Plateforme civile DA ("Dignité et Justice") — un mouvement d’opposition créé par des journalistes, politologues et militants de la société civile moldave qui prônent les valeurs de l’intégration européenne pour la Moldavie — la manifestation a réuni sur la place centrale de Chisinau jusqu’à 100.000 personnes selon les organisateurs. Pour sa part, la police a estimé le nombre de manifestants à 30.000.

"Nous sommes pour la vraie intégration européenne, mais les autorités actuelles ne font que parler de l’intégration, tout en faisant du pillage dans le pays", a déclaré à l’AFP Valentin Dolganiuc, l’un des dirigeants de ce mouvement créé en Moldavie au printemps, après une disparition mystérieuse d’un milliard de dollars des coffres des trois principales banques du pays.

Les autorités moldaves, qui ont pourtant paraphé l’année dernière un accord d’association avec l’UE, "ont discrédité la notion de l’intégration européenne" devant le peuple, a accusé M. Dolganiuc, appelant à "mettre fin à cet arbitraire".

Dans le même temps, des militants du parti radical de gauche Bloc rouge, qui dit soutenir la Plateforme civile, ont tenté de s’introduire dans les locaux du Parquet général à Chisinau, en provoquant des altercations avec la police qui ont fait des blessés légers.

Plusieurs militants ont ensuite été interpellés par la police, selon les autorités.

Début avril, la Banque centrale de Moldavie avait découvert que trois établissements, représentant environ un tiers des actifs bancaires du pays, avaient accordé des crédits pour un montant total d’un milliard de dollars (890 millions d’euros), soit 15% du Produit intérieur brut (PIB), à des destinataires qui n’ont jamais été identifiés.

L’annonce de cette "disparition" avait alors provoqué d’importantes manifestations de protestation à Chisinau, dont les participants ont réclamé la démission du procureur général, accusé de ne pas être en mesure d’en retrouver les responsables.

- Revenir à la normale -

Les manifestants réunis dans le centre de la capitale moldave dimanche ont réclamé la démission du président Nicolae Timofti, dont la cote de popularité, qui n’a jamais dépassé 2% depuis son arrivée au pouvoir en 2012, a chuté davantage après ce scandale financier.

Le mouvement Plateforme civile DA accuse M. Timofti, dont le mandat s’achève en mars 2016, de servir les intérêts de oligarques et de ne pas lutter de manière efficace contre la corruption.

Les manifestants ont exigé sa démission et l’organisation d’un scrutin au suffrage universel pour élire un nouveau chef d’Etat, qui est élu actuellement par le parlement.

"Nous voulons que la situation en Moldavie revienne à la normale", souligne M. Dolganiuc.

Les manifestants ont également demandé le départ des dirigeants de la Banque centrale et du Parquet général, dans une résolution rendue publique par l’avocat Andreï Nastase, l’un des organisateurs du rassemblement.

Des représentants des manifestants devaient remettre cette résolution dans la soirée au Premier ministre Valeriu Strelets, nommé à ce poste fin juillet, mais la rencontre n’a pas eu lieu, selon la même source.

Les opposants ont attendu M. Strelets pendant vingt minutes dans le bâtiment du gouvernement, "mais personne n’a voulu nous voir", a expliqué M. Nastase, ajoutant que quelques manifestants déçus avaient installé des tentes sur la place centrale pour y passer la nuit et poursuivre les protestations lundi.

Pour sa part, le Premier ministre a affirmé avoir fixé le rendez-vous aux opposants dans le bâtiment du ministère de l’Agriculture et avoir attendu lui aussi en vain, accompagné de journalistes.

Pays de 3.5 millions d’habitants, la Moldavie est nichée entre l’Ukraine et la Roumanie et est considéré par certaines organisations internationales comme le pays le plus pauvre d’Europe.

Les aspirations européennes de cette ex-république soviétique, tout comme celles de l’Ukraine, sont vues d’un très mauvais oeil par Moscou, qui a imposé un embargo sur les fruits en provenance de Moldavie.

La Russie, que l’Occident accuse de soutenir militairement les rebelles prorusses de l’est ukrainien, stationne ses forces de maintien de la paix dans la région séparatiste moldave de Transdniestrie, à la frontière avec l’Ukraine.


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