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À 60 ans, le konpa est grand-père : il enfante le zouk qui accoucha du kizomba !

samedi 29 août 2015

L’univers est Un et indivisible. La musique est l’une des expressions humaines qui le démontre avec plus de clarté. Prenez n’importe quel rythme, fouillez un peu son histoire et vous trouverez des influences insoupçonnées. Certaines fois, comme pour le zouk, musique dérivée du Konpa, l’évidence est frappante. La musique est comme l’air qui nous entoure. Elle est libre. Elle ne se soumet à aucune frontière. Elle n’a aucune limite. Personne ne la possède. Elle appartient à l’humanité. Le konpa est, lui-même, influencé par la musique latine des années 50 . Nemours Jn-Baptiste a puisé du folklore, des troubadours qu’il a agencés avec les influences de l’époque. Après avoir subi l’influence des groupes haïtiens konpa des années 60-70,nous assisterons à l’éclosion, vers 1979,du mouvement Kassav. Mais ceci ne s’est pas produit de manière linéaire. Le Konpa, lui-même, sera secoué par une vague antillaise au milieu des années 70. C’est comme le mouvement de la mer, le flux et le reflux. L’effet boomerang nous arriva de la Guadeloupe et de la Dominique, principalement (Grammacks, les Aiglons, les Vikings et Exile One). La sonorité était nouvelle et séduisante. Les minijazz influents de l’époque, à Port-au-Prince, sont ébranlés. L’usage des cuivres et du synthétiseur rendait la musique plus robuste. Le glas a sonné pour les minijazz. Mais la réplique haïtienne fit une bouchée de cette mouvance antillaise. L’âge d’or du konpa débutera avec des ténors comme Scorpio, DP Express, Skah Shah, Djet X, Dixie Band. L’éclipse n’aura pas duré longtemps, le soleil haïtien recommença à briller de tous ses feux. La musique haïtienne occupe les ondes à 90% en Guadeloupe et en Martinique. L’art, comme la vie, n’est jamais statique ; son évolution est permanente. La domination haïtienne rencontre de la résistance. Un certain Jacob Desvarieux et les frères Decimus vont réussir à combattre leurs divergences et leur égo, pour s’unir dans une cause commune. Ils souhaitaient donner une réponse culturelle aux Haïtiens et, surtout, montrer au monde que la musique antillaise avait sa place aux côtés du rock et de la pop. LE FILS QUI DÉPASSE LE PÈRE Le zouk n’est pas meilleur que le konpa, du moins, au niveau musical. Néanmoins, Kassav a réussi à nous "dépasser " par sa capacité à mettre en oeuvre, une philosophie, un concept, une union musicale. Leur plan de match était pensé et ils ont pris soin de l’appliquer de manière impeccable. L’amateurisme et le bricolage sont mis de côté. Les studios d’enregistrement, la recherche de sonorités, l’utilisation de l’ordinateur pour la mise en ondes ont été l’oeuvre de professionnels aguerris. Bien sûr, des implications financières de gros hommes d’ affaires ont permis de transformer le rêve en réalité. Mais, avant l’argent, vient la pensée. Lezouk est né en 1979. C’est en 1984 que l’explosion internationale débuta, avec :« zouk la se sèl medikaman nou ni » Et le succès n’arrêtera plus. Disque d’or avec" kole sere" de Jocelyne Beroard. Après la confirmation aux Antilles et en France, Kassav a entrepris la conquête de l’Afrique. Un marché naturel, puisque le zouk, musique dérivée du konpa, est un creuset de rythmes africains, notamment le soukouss, fort influent, à l’époque. Le zouk va germer en Afrique. Une tournée, savamment programmée, les emmènera dans les grandes capitales du continent. Kassav connaîtra l’apogée à Luanda, capitale de l’Angola. Devant 30 000 Africains qui ne comprennent ni le créole ni le français, la magie divine de la musique triompha. Le public est à genoux. Les artistes locaux sont béats, conquis par le rythme zouk. Le phénomène fera tâche d’huile.Il s’étendra aux autres pays de l’Afrique lusophone. Le zouk africain était né. C’est le kizomba. Nous sommes en 1985. Le konpa avait 30 ans. Très jeune âge pour devenir Grand-père. KIZOMBA :RYTHME ET DANSE INDISSOCIABLE Le kizomba est un rythme langoureux et sensuel. Au fait, c’est une superposition de rythmes traditionnels angolais (semba, ancêtre de la samba brésilienne) sur le zouk antillais, lui-même d’influences haïtiennes. Dans la danse kizomba, on dénote des mouvements cubains hérités, sans doute, de la présence de l’armée cubaine de 1975 à 2002. À part l’Angola, berceau du kizomba, cette musique est écoutée et dansée presque partout :Cap-Vert, Guinée Bissau, Portugal, Brésil, France, Espagne, Angleterre, Danemark, Finlande, Belgique, Suisse, Suède, Lituanie, Serbie, Canada, États-Unis... Le kizomba en musique et en danse est disponible sur le net. Je t’encourage vivement à y accéder. Tu découvriras une musique qui ressemble à la nôtre mais très simplement arrangée. La sonorité et la gestuelle te rappeleront le konpa. Par contre le style de la danse pratiqué est beaucoup plus élaboré. C’est le paradoxe d’ une musique légère et électronique qui demande une certaine sophistication chorégraphique. La musique voyage. Les musiques du monde s’entremêlent et se mélangent. Les résultats sont surprenants. Des pays jamais visités et dont on n’a jamais entendu parler se présentent comme nos sosies culturels. Nous sommes d’essence divine . Les différences d’apparences, de couleurs, de langues ne sont que des illusions qui embellissent nos décors. L’art, la musique en particulier, est là pour nous le rappeler.
- AUTEUR Aly Acacia Alyacacia@hotmail.com


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