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Athlétisme - Mondiaux 2015 : pourquoi le 100 mètres est si indécis

mardi 25 août 2015

La suprématie d’Usain Bolt sur l’épreuve reine du sprint est contestée depuis le début de la saison. De là à voir la star jamaïcaine s’incliner ?
Par Tidiany M’Bo

Dimanche aux alentours de 15 h 15, les yeux seront rivés sur cette fameuse ligne droite, ce 100 mètres tant attendu et dont la finale s’annonce plus ouverte que jamais. Avec en trame de fond une question : Usain Bolt peut-il être battu ? La superstar de l’athlétisme mondial, qui empile les titres depuis son avènement au plus haut niveau lors des JO de Londres en 2008, a pris l’habitude de ne laisser que des miettes à ses rivaux dans les grandes compétitions. Mais cette année, un certain nombre d’éléments laissent penser qu’il peut être dominé. Explications.

En 2013, Usain Bolt a triomphé aux Championnats du monde de Moscou sur 100 mètres en remportant la finale en 9’77. Disqualifié lors des Mondiaux 2011 à Daegu après un faux départ, il récupérait ainsi le titre qu’il avait décroché pour la première fois en 2009 à Berlin, avec à la clé le record du monde (9’58). Sauf que depuis ce titre mondial en 2013, Bolt a presque disparu des écrans radars. Principalement à cause de problèmes physiques récurrents. Tantôt le pied, tantôt le dos – dont il souffre régulièrement depuis son adolescence –, tantôt la jambe gauche, celle qui l’a récemment empêché de s’aligner au meeting Areva au Stade de France.

Sa saison 2014 s’est résumée à quatre petites courses, avec comme meilleur temps un 9’98 réalisé à Warszawa en Pologne. Et le cru 2015 n’a pas été beaucoup plus rassurant puisqu’il a attendu le meeting de Londres au mois de juin pour enfin poser un temps de référence en 9’87.

La menace Gatlin, Powell et Gay en embuscade

Tant et si bien qu’en son absence, la concurrence a pris confiance. Au point de contester sérieusement sa suprématie. Depuis que Bolt est en retrait, le maître du sprint se nomme Justin Gatlin. L’Américain de 33 ans est un repenti : champion olympique à Athènes en 2004, il a été contrôlé positif à la testostérone deux ans plus tard et suspendu pour 8 ans par l’agence antidopage américaine (USADA). Sa peine ramenée à 4 ans, il a cravaché pour revenir au plus haut niveau et, depuis 2012, il est celui qui apparaît le plus en mesure d’inquiéter Bolt. Vainqueur de la Diamond League en 2013 et 2014, il détient aujourd’hui les quatre meilleures performances mondiales de l’année 2015, la meilleure en 9’74 (réalisée en mai à Doha). Un temps sous lequel Bolt n’est plus descendu depuis trois ans.

Si Gatlin devrait être le seul à réellement pouvoir s’opposer à Bolt, un autre Jamaïcain, Asafa Powell, pourrait jouer les trouble-fête s’il parvient enfin à s’affranchir de la pression dans les grands rendez-vous. Souvent placé, l’homme aux 80 courses sous les 10 secondes, revenu en 2014 après une suspension de 18 mois pour dopage, n’a jamais fait mieux qu’une 3e place en individuel sur 100 mètres aux Mondiaux ou aux JO. Un paradoxe pour celui qui a été titulaire par deux fois du record du monde de la discipline. Cette fois-ci, Powell, qui détient les meilleures performances mondiales de l’année derrière Gatlin (9’81 et 9’84), pourrait jouer mieux qu’un rôle d’arbitre.

Autre sprinter attendu, Tyson Gay. L’Américain, à la différence de Powell, a déjà connu le bonheur d’un titre mondial sur 100 mètres (à Osaka en 2007, en 9’85). Il est également le 2e homme le plus rapide de tous les temps derrière Bolt (9’69, réalisé en 2009 à Shanghai). Le souci, Gay a entre-temps lui aussi été pris par la patrouille. Suspendu pour dopage durant l’été 2013 à quelques jours des Mondiaux de Moscou, il a plafonné à 9’87 en 2015. Un temps qui le place potentiellement parmi les médaillables.

Vicaut s’en rapproche

Derrière, la meute des poursuivants s’est considérablement homogénéisée. Une génération de sprinters, nés entre 1992 et 1995, tape à la porte. Un groupe dont fait partie le Français Jimmy Vicaut, qui a récemment décroché le record de France et égalé le record d’Europe en 9’86, lors du meeting Areva au Stade de France en juillet dernier. Un chrono qui le place au 4e rang des meilleures perfs mondiales de la saison. De quoi nourrir les fantasmes. Avec lui, le Jamaïcain Kemar Bailey-Cole (23 ans, SB en 9’92 mais finalement forfait) et l’Américain Trayvon Bromwell (20 ans, SB en 9’84) incarnent la relève. Une relève qui pourrait déjà s’inviter sur le podium, en attendant mieux.

Consultez notre dossier : Championnats du monde d’athlétisme


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