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Haïti n’est pas prête pour l’exploitation des mines

vendredi 21 août 2015

« Il reste beaucoup à faire avant qu’Haïti ne soit prête pour l’exploitation de l’or », a conclu un rapport de l’Organisation d’aide humanitaire et de développement (Oxfam). Ce rapport, qui évalue la capacité d’Haïti pour l’exploitation minière à grande échelle, relate qu’ il existe très peu de faits pouvant suggérer que les réglementations et capacités haïtiennes actuelles ou proposées en matière de gestion minière et fiscale soient adéquates pour gérer de manière efficace ce secteur. « Il y a très peu pour ne pas dire qu’il n’y a pas d’indicateurs prouvant que le système de gestion des finances publiques d’Haïti a la capacité de gérer efficacement les revenus attendus de l’exploitation minière », souligne le rapport. C’est pourquoi, insiste le rapport, les défis en matière de gouvernance et de réglementation doivent être relevés avant qu’Haïti ne puisse exploiter ses ressources d’or, d’argent et de cuivre. « Le gouvernement haïtien devrait d’abord promouvoir et structurer un système de gestion intelligente des revenus à investir dans des initiatives visant le développement en faveur des plus pauvres », soutient Damien Berrendorf, directeur d’Oxfam en Haïti. Tout comme l’exploitation minière peut être une bénédiction, elle peut être une malédiction pour le peuple haïtien si ce secteur n’est pas bien réglementé. Les revenus potentiels provenant de l’exploitation minière pourraient être utiles au pays dans sa quête de solutions aux problèmes persistants liés au développement, le rapport d’Oxfam soutient qu’il faut prendre des mesures claires pour s’assurer que ces revenus sont gérés de manière responsable. Sinon l’argent généré pourrait être mal géré ou se perdre en manœuvre de corruption, et non pas dirigé vers des initiatives pour la réduction de la pauvreté et de l’inégalité. Les dispositions prises en matière d’études d’impact environnemental, de transparence financière, de dédommagement pour les terres réquisitionnées, et de cautions financières devraient être renforcées, de même que les dispositions concernant les fermetures et les coûts de nettoyage des mines abandonnées. Oxfam espère que son nouveau rapport permettra de tenir informé le système de gestion du gouvernement haïtien et d’assurer que les rentrées minières sont reçues de manière éthique, au bénéfice de toutes les communautés et de manière responsable vis-à-vis d’elles. Aux autorités gouvernementales et à la société civile, l’organisation humanitaire recommande de prendre des dispositions. « Le moratoire qui concerne toutes les nouvelles concessions d’exploration et d’exploitation devrait être formalisé à travers une loi ; le moratoire devrait être maintenu et appliqué jusqu’à ce qu’Haïti soit à même de démontrer des progrès significatifs en ce qui concerne les standards minimaux de transparence fiscale », sont parmi les recommandations de l’Oxfam. Il recommande aussi de remanier « l’avant-projet de loi minière afin d’intégrer la contribution des représentants de la société civile et d’experts indépendants ». Cet avant-projet devrait refléter les plus hauts standards en termes de respect des droits humains, de protection de l’environnement, et de transparence, ceci incluant le respect du principe de consentement libre, préliminaire et informé des communautés qui seront potentiellement affectées par l’activité minière. « L’avant-projet de loi qui contient de sérieuses lacunes pourraient mettre en péril l’environnement d’Haïti et le bien-être des communautés affectées, et pourraient même restreindre la capacité du gouvernement haïtien à réglementer la question minière de manière effective », relate le rapport.
Edrid St Juste edrid@lenouvelliste.com


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