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Nucléaire iranien : poursuite des négociations, avant le retour des ministres

lundi 29 juin 2015

Les tractations internationales sur le nucléaire iranien se sont poursuivies discrètement lundi au niveau des experts, avant le retour des politiques cette semaine dans la capitale autrichienne pour trancher sur les points les plus durs de la négociation.

"Nous travaillons et il est trop tôt pour porter un jugement" sur le résultat, a déclaré le secrétaire d’Etat américain John Kerry, à la veille de la date-butoir du 30 juin qui avait initialement fixée pour un accord.

M. Kerry, seul ministre des Affaires étrangères resté à Vienne après un week-end de ballet diplomatique, a rencontré lundi matin Yukiya Amano, le chef de l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA), l’organe de l’ONU qui jouera un rôle clé dans la vérification de la mise en oeuvre de l’accord, s’il est conclu.

L’inspection des sites suspects iraniens par l’AIEA constitue un des points cruciaux de la négociation. L’agence a certes déjà accès aux sites nucléaires iraniens déclarés, mais voudrait avoir la possibilité d’élargir son périmètre d’inspections, y compris à des sites militaires.

Une demande à laquelle le Guide suprême Ali Khamenei s’est catégoriquement opposé à plusieurs reprises.

"L’idée n’est pas que nous devons avoir accès à tous les sites militaires, parce que les Etats-Unis eux-mêmes ne permettraient à personne d’avoir accès à tous leurs sites militaires", a souligné lundi un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat.

"Tous les pays ont des objectifs militaires conventionnels, des secrets militaires qu’ils n’ont pas envie de partager avec d’autres", a admis cette source.

"Mais dans le contexte d’un accord, si l’AIEA pense qu’elle a une raison d’avoir accès (à certains sites, ndlr), il faut qu’un processus lui donne cet accès", a ajouté ce responsable, ajoutant que les grandes puissances avaient défini ce processus.

Reste à savoir si Téhéran l’acceptera. Le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, rentré dimanche soir en Iran pour consultations, doit revenir mardi à Vienne.

Le Russe Sergueï Lavrov est attendu le même jour. Le Français Laurent Fabius se rendra à nouveau "cette semaine" dans la capitale autrichienne, probablement comme ses homologues britannique Philip Hammond et allemand Frank Walter Steinmeier.

- ’Contrat rédigé’ -

Il est d’ores et déjà acquis que les négociations se prolongeront de quelques jours au-delà du 30 juin, même si personne n’envisage encore d’extension à long terme.

L’Iran et les pays du P5"1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) sont engagés depuis 20 mois dans des discussions intenses pour tenter de régler le dossier. Qui bloque toujours sur des points essentiels, en dépit d’un accord-cadre conclu début avril dans la douleur à Lausanne.

La communauté internationale veut s’assurer que le programme nucléaire iranien est à vocation strictement civile et que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée des sanctions internationales qui étranglent son économie depuis une décennie.

Mais des questions clés demeurent sans réponse : la durée d’un accord qui briderait le programme nucléaire iranien, le contrôle de la mise en oeuvre de cet accord -inspections de l’AIEA- et enfin la levée des sanctions, immédiate, comme le voudrait Téhéran, ou progressive et conditionnelle, comme le réclame le P5"1.

Dimanche soir, la Haute représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini avait manifesté un optimisme prudent, assurant que toutes les parties faisaient preuve de "volonté politique" pour arracher un accord.

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Li Baodong, a déclaré de son côté qu’un accord pouvait être conclu d’ici à une semaine, selon l’agence de presse officielle Xinhua.

Mais les sons de cloche sur l’état d’avancement des négociations varient selon les interlocuteurs et les heures de la journée.

Tous s’accordent cependant à dire que les termes et les paramètres d’un accord sont largement connus. "C’est comme pour l’achat d’un appartement. Le contrat est rédigé. Il reste maintenant à se mettre d’accord sur le prix, la somme qu’il faut payer au départ et en combien d’années on paie", résume une source proche des négociations.

Mais, comme l’a souligné dimanche le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond, "des décisions très difficiles vont devoir être prises".


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