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Calculez votre espérance de vie… et faites vous peur si vous cumulez les comportements qui la plombent

mercredi 16 juillet 2014

Une étude de l’université de Zurich en Suisse propose aux personnes de 75 ans de calculer leurs chances de vivre une autre décennie en fonction de leur mode de vie. Les facteurs ( cigarette, alimentation, alcool...) n’ont pas les mêmes conséquences sur cette probabilité.

Atlantico : Une étude de scientifiques de l’université de Zurich en Suisse propose aux personnes âgées de 75 ans de calculer leur pourcentage de chances de vivre une autre décennie en fonction de leur mode de vie. La cigarette serait le premier facteur de risque de mortalité ; les fumeurs ont 57% de risques de plus de mourir prématurément que les non-fumeurs. Les autres risques (alcool, absence de pratique sportive, mauvaise alimentation) représentent chacun 15% de risques de mort prématurée. Est-ce avéré ?

Pourquoi la cigarette est-elle plus néfaste que les autres facteurs ?

Christophe de Jaeger : Nous pouvons calculer plusieurs types d’espérance de vie (espérance de vie à la naissance, espérance de vie en bonne santé, espérance de vie résiduelle à 50 ans, 60 ans, 75 ans, etc…). Cette espérance de vie peut ensuite être modulée en fonction de facteurs de risque (tabac, obésité, sédentarité…). On peut donc au final, à un âge donné, par exemple 75 ans, calculer en fonction de différents paramètres, une probabilité de survie. Mais il ne s’agit que d’une probabilité, rien de plus !La cigarette prend dans ce travail de l’université de Zurich en Suisse, une très grande importance et cela ne me surprend pas, car il s’agit d’un important toxique chez des gens qui la plupart du temps fument depuis l’adolescence, sans filtres et parfois de façon importante (plus d’un paquet par jour). Dans cette population, l’intoxication tabagique fait des ravages bien plus importants que les autres facteurs de risque étudiés. La cigarette va augmenter le risque broncho-pulmonaire (cancer, bronchite chronique, insuffisance respiratoire…), mais également le risque cardio-vasculaire (infarctus…). Ceci étant dit, il est difficile de distinguer clairement l’influence de facteurs de risque souvent intimement associés : le fumeur peut être alcoolique, sédentaire et mal s’alimenter…

Quant à l’alcool, il serait le plus faible facteur. Un homme qui boit énormément, mais ne fume pas, pratique, une activité physique et mange des fruits a 64% de chances de vivre une autre décennie contre 67% pour un homme dans la même situation, mais qui ne boit pas. Comment expliquer cela ?

Dans le cas présent, l’abus d’alcool est partiellement contrebalancé par le sport et l’alimentation. La situation serait totalement différente si l’on opposait un groupe ayant une forte consommation d’alcool, sédentaire et s’alimentant mal ce qui correspond mieux à la réalité, à un groupe qui ne boit pas, fait du sport régulièrement et s’alimente correctement.

Plus étrange encore, une femme qui consomme beaucoup d’alcool, fume, ne mange pas de fruit et n’a pas d’activité sportive a 47 % de chances de vivre une autre décennie contre 45% pour une femme avec le même comportement si ce n’est une consommation moyenne d’alcool. L’alcool a t-il vraiment une influence sur notre espérance de vie ?

Dans ce cas, la différence n’est pas significative et on le comprend bien : avoir une consommation moyenne d’alcool est déjà trop et en boire un peu plus ne changera pas vraiment la statistique. L’alcool a bien évidemment une influence sur notre espérance de vie, mais qui va dépendre du type d’alcool, de la quantité prise, de la durée de l’intoxication et des capacités génétiques de chacun à le métaboliser, ainsi que des autres comportements de vie qui peuvent participer à une relative atténuation du risque alcool, comme le sport, ou une alimentation saine…

On remarque que les fumeurs consomment moins de fruits que les non-fumeurs. Qu’est ce que cela révèle ? Une division plus globale de la population, entre ceux qui tiennent à un mode de vie sain et les autres ? Une conséquence de la perte d’appétit occasionnée par la cigarette ?

Le vrai biais est justement là. Les populations sont généralement homogènes dans leurs comportements. Par exemple, un sportif ne fumera que rarement, il s’alimentera plutôt sainement et consommera que peu d’alcool. Et c’est ce que l’on observe habituellement. Dans la vraie vie, les personnes accumulent soit les bons points, soit les mauvais.

Un homme qui ne fume pas, ne boit pas, pratique une activité physique et mange des fruits a 67% de chances de vivre une autre décennie contre 74% pour une femme avec le même comportement. Comment expliquer cette différence ?

Il y a toujours eu une différence d’espérance de vie entre hommes et femmes en général et à l’avantage des femmes. Les scientifiques du monde entier avancent régulièrement de multiples hypothèses quant à cette différence sans pour autant trouver une vraie explication. On évoque parfois la différence de vie professionnelle entre homme et femme, le rôle de certaines hormones, mais encore une fois, nous manquons d’explications fiables.

Ces différents facteurs ont un effet sur notre espérance de vie dès les premières prises ou après un long moment de consommation ?

L’impact sur l’espérance de vie de facteurs comportementaux n’apparaît qu’après de longues années d’exposition. Dans certains cas, cet effet nocif peut être annulé en quelques années par une modification du comportement. Par exemple, un sédentaire qui va se remettre durablement au sport va changer de groupe et améliorer son espérance de vie. Il n’est donc jamais trop tard pour changer et améliorer son capital santé et il me semble que c’est le vrai point d’intérêt que doit conserver le lecteur en mémoire. Un comportement qui change et s’améliore aura toujours un impact positif sur la qualité et sur l’espérance de vie.

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