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1er juin 1879. Des Zoulous tuent le fils de Napoléon III engagé chez les Rosbifs.

lundi 1er juin 2015

Exilé à Londres avec son père, Louis-Napoléon veut démontrer son courage en partant combattre en Afrique australe.

Quand on porte le nom de Bonaparte, quand on vit pépère en exil à Londres et qu’aucune guerre européenne ne menace, n’est-ce pas légèrement idiot de risquer sa vie contre des Zoulous en Afrique australe ? Probablement, mais Louis-Napoléon, fils de Napoléon III et d’Eugénie, désire faire honneur au sang du grand Napoléon Ier coulant dans ses veines. L’intention est bonne, sauf que le jeune homme se fait tuer le 1er juin 1879. Pis ! Il portait l’uniforme britannique. A-t-il pensé à son tonton dont les Anglais étaient l’ennemi juré ?

Premiers combats

C’est à 14 ans que petit Louis-Napoléon prend goût aux armes quand son bravache de père l’emmène à Metz pour combattre les Prussiens. L’odeur de la poudre monte alors à la tête du garçon. C’est tellement plus excitant que la Gameboy. Surtout, il est fier de "combattre" aux côtés de papa, même si celui-ci est vaincu. Après la défaite de Sedan, l’empereur, sa femme et le p’tit prince sont venus à Londres pour serrer la pince du prince de Galles. Le p’tit Louis y poursuit ses études, puis fréquente l’académie militaire de Woolwich. C’est alors que l’Angleterre fait face à une révolte zouloue en Afrique australe.

Louis, qui a désormais 23 ans, décide d’accompagner ses camarades de promotion sur le champ de bataille. "Lorsqu’on appartient à une race de soldat, ce n’est que par le fer qu’on se fait connaître." Dans son cercueil, Napoléon III, mort depuis six ans, écrase une larme. En revanche, sa mère, bien vivante, le supplie de renoncer à son dessein. Il lui répond : "Quand j’aurai fait voir que je sais exposer ma vie pour un pays qui n’est pas le mien, on ne doutera plus que je sache la risquer mieux encore pour ma patrie." Mais c’est la réincarnation de son grand-oncle, ce gosse-là ! Louis-Napoléon obtient l’aval de la reine Victoria pour combattre sous l’uniforme britannique et le voilà qui embarque en février 1879 à bord d’un navire appareillant pour Le Cap. De là, il rejoint le Natal (actuelle Afrique du Sud), où il intègre une unité d’éclaireurs.

La "cause impériale"

Le 1er juin 1879, il part en patrouille dans le veld avec quelques hommes. Rien à signaler. Après avoir galopé plusieurs heures, la petite troupe met pied à terre près d’une rivière afin de prendre du repos et de faire boire les chevaux. Personne n’a aperçu les guerriers zoulous embusqués dans les hautes herbes, qui surgissent en tirant des coups de feu. Deux soldats britanniques s’écroulent, tués sur le coup. Les autres sautent à cheval pour s’enfuir. Louis les imite, mais lorsqu’il se met en selle, la sangle rompt. P’tit Louis est à terre. Il faut dire qu’il s’agit de la vieille selle que son père utilisait lors de la bataille de Sedan. Le jeune soldat chute violemment à terre où il se fait piétiner le bras droit par son cheval, qui s’enfuit avec son sabre. Devant une meute de Zoulous déchaînés, n’ayant qu’un pistolet pour se défendre, Louis-Napoléon est plus mal barré qu’un flic isolé dans la cité de la Cayolle au sud de Marseille... N’ayant que sa main gauche de valide, il ne peut pas vraiment faire usage de son arme. Le jeune homme fait pourtant face à ses adversaires avec courage, il faut dix-sept coups de lance pour l’arracher à la vie.

Les guerriers zoulous se précipitent pour éviscérer et mutiler les deux soldats britanniques tombés sous leurs balles, mais respectent Louis, considérant qu’il s’est battu comme un lion. Ils se bornent à emporter ses vêtements et ses armes, lui laissant une chaîne en or comportant deux médailles, qu’ils prennent pour des amulettes. Quelques semaines plus tard, les Zoulous sont faits prisonniers et peuvent témoigner du courage du jeune prince. Le digne sang de son grand-oncle coulait bien dans ses veines, mais à quoi bon l’avoir prouvé si ce sang est maintenant répandu en terre étrangère ? À l’annonce de la mort du jeune prince, l’émotion est vive en France. Eugénie fait rapatrier le corps de son fils pour le faire inhumer à l’abbaye Saint-Michel de Farnborough, dans le sud de l’Angleterre. Le p’tit prince a laissé un testament beau comme de l’antique : "Je n’ai pas besoin de recommander à ma mère de ne rien négliger pour défendre la mémoire de mon grand-oncle et de mon père. Je la prie de se souvenir que tant qu’il y aura des Bonaparte, la cause impériale aura des représentants."


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