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Gloire et honneur à Dany

lundi 1er juin 2015

En regardant à la télévision la cérémonie d’intronisation de Dany Laferrière à l’Académie française jeudi, on a l’impression que les oiseaux ont cessé de chanter, que le vent a retenu son calme, que les vagues de la mer ne se soulevaient plus, que la terre de Dessalines faisait silence pour rendre hommage à ce digne fils de la cité de Faustin Soulouque. L’atmosphère, la tenue, le cérémonial qui caractérisent la splendeur de ce jour mémorable du 28 mai 2015 restera gravé dans l’imaginaire collectif haïtien. Relatant sans ambages son unique rencontre avec Hector Bianciotti auquel il a succédé au fauteuil numéro 2 de l’Académie française après sa mort, Dany Laferrière a mis l’emphase sur les différentes facettes de la religion vaudou à travers des clichés dont les uns plus révélateurs que les autres. Récits, souvenirs et anecdotes constituent la toile de fond du discours de l’auteur de l’Enigme du retour qui vient d’honorer la race noire après l’admission de l’inoubliable Léopold Sédar Senghor à l’Académie française il y a plusieurs dizaines d’années. Dans son discours responsif, Amin Maalouf a retracé la vie de Dany de Port-au-Prince à Petit-Goâve jusqu’à Montréal. Son enfance, son adolescence, sa vie et son œuvre ont retenu l’attention de Amin Maalouf, qui, avec force détails, a campé Dany. Sans vouloir détacher le récipiendaire de sa terre natale, le discoureur, fin connaisseur de l’histoire d’Haïti, a fait un survol de la période coloniale en ouvrant une parenthèse entre la Révolution française de 1789 et les luttes sanglantes qui ont abouti aux événements glorieux de 1804. Les rapports entre la France et son ancienne colonie ont été passés en revue. De la gestion du pouvoir de Paul Magloire, en passant par la gouvernance du Dr François François Duvalier, pour aboutir au régime de Jean-Claude Duvalier, Amin Maalouf a bien situé Windsor K. Laferrière, le père de Dany, à travers sa lutte contre le général-président jusqu’à sa courte collaboration au pouvoir de Papa Doc. C’est un discours qui a pris en compte tout ce qui touche de près ou de loin à la vie de Dany avant son élection à l’Académie française. A travers cette cérémonie de jeudi à l’Académie française, c’est l’image de tous les fils du pays de Dessalines qui est rehaussée à travers le monde. Mais pendant combien de temps la presse internationale va continuer à valoriser l’homme haïtien quand les signaux de la bonne gouvernance du pays sont au rouge ? -

Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com


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