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30 mai 1431. Avant de brûler vive, Jeanne d’Arc s’écrie : "Casse-toi Jean-Marie !"

samedi 30 mai 2015

C’est pour avoir enfilé un pantalon alors qu’elle avait juré de ne plus s’habiller en homme que la Jeanne est condamnée

Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Si l’évêque Cauchon et les Anglais obtiennent la condamnation à mort de Jeanne d’Arc le 30 mai 1431, ce n’est pas parce qu’elle aurait entend des voix ou bien qu’elle a pris les armes, ou encore que le FN l’a prise pour héroïne. Ce ne serait guère suffisant devant un tribunal ecclésiastique. Alors il a fallu trouver un stratagème : l’obliger à devenir relaps, un crime qui vaut la mort. Relaps signifie ne pas respecter sa promesse de ne plus retomber dans l’hérésie.

Voici comment ces salopards d’Anglais, aidé de Cauchon s’y prennent. Le 24 mai, les juges ecclésiastiques du tribunal organisent une mise en scène macabre pour l’amener à avouer ses fautes. Ils traînent Jeanne au cimetière Saint-Ouen de Rouen, où ils ont fait dresser un simulacre de bûcher. Terrorisée, la jeune fille reconnaît ses fautes et, contre la promesse de la faire transférer de sa prison tenue par des soudards, elle signe (d’une croix, alors qu’elle sait parfaitement écrire) tout ce qu’on veut sans pouvoir imaginer le piège machiavélique ourdi par ce cochon de Cauchon : elle reconnaît ne pas avoir entendu de voix, abjure ses erreurs et se soumet à l’autorité de l’Église. Elle accepte également de ne plus s’habiller en homme. C’est le piège qu’elle ne devine pas ! De retour dans sa cellule, les Anglais lui jettent quelques frusques féminines dont elle se vêt.

"J’aimerais mieux être décapitée sept fois"

Trois jours plus tard, le 27 mai, elle demande à ses gardes anglais de lui enlever ses chaînes pour se lever. L’un d’eux se précipite sur elle, mais c’est pour lui arracher ses habits de femme, la laissant nue. Les autres lui lancent ses anciens habits d’homme. Elle refuse de les enfiler : "Messieurs, vous savez qu’il m’est défendu : sans faute, je ne le prendrai point." Ceux-là se contentent de ricaner. Durant toute la matinée, elle reste aussi peu vêtue qu’une nudiste sur l’île du Levant. Vers midi, dame Nature lui rappelle que même une future sainte doit satisfaire à certains besoins. Comme il n’est pas question de sortir en tenue d’Ève, elle se résout à enfiler ses habits d’homme pour "nécessité de corps". Quand elle réintègre sa geôle, elle a beau pleurer et supplier, les Anglais refusent de lui rapporter sa jupe. La voilà donc retombée dans son hérésie...

On l’a compris, tout cela avait été prémédité par Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais. Le mardi 29 mai, le tribunal ecclésiastique qui l’a convoquée la condamne comme relapse. Elle n’a pas tenu sa parole de ne plus s’habiller qu’en femme. Normalement, la sentence aurait dû être prononcée par le tribunal séculier. Mais l’évêque n’a pas envie qu’on lui sabote sa stratégie. Dès le lendemain matin, le moine frère Martin Ladvenu annonce la sentence à Jeanne, qui s’effondre.Elle trouve cependant la force d’écrire une lettre aux militants de l’UMP : "Dans cette affaire terrible, je vous le dire une nouvelle fois, mon intégrité totale. votre courage, vos sourires, vos espoirs m’ont porté et m’ont poussé toujours à donner le meilleur de moi-même..."

Elle pleure, interpelle le moine : "Hélas ! me traite-t-on ainsi horriblement et cruellement qu’il faille que mon corps net et entier, qui ne fut jamais corrompu, soit aujourd’hui consumé et rendu en cendres ! Ah ! j’aimerais mieux être décapitée sept fois que d’être ainsi brûlée. Hélas ! si j’eusse été en la prison ecclésiastique à laquelle je m’étais soumise et que j’eusse été gardée par des gens d’Église, non pas par mes ennemis et adversaires, il ne me fût pas si misérablement méchu comme il est." Paroles rapportées par frère Jean Toutmouillé (sic) qui accompagne Ladvenu. À croire qu’il a un magnétophone dans sa capuche. Jeanne se confesse, puis reçoit les derniers sacrements, ce qui est plutôt curieux dans la mesure où elle est excommuniée et déclarée hérétique. Au chanoine Pierre Maurice elle demande : "Maître Pierre, où serai-je ce soir ?" Et lui de répondre, sans se mouiller : "N’avez-vous pas espoir en Dieu ?" Elle lui répond que, Dieu aidant, elle sera probablement au paradis. Mais elle a beau tendre l’oreille, cette fois, elle n’entend pas de voix pour confirmer son espoir...

"Jésus, Jésus"

Menée par le bourreau, Geoffroy Thérage, encadrée par huit cents hommes de guerre anglais portant haches et glaives, Jeanne d’Arc est conduite sur la place du Vieux-Marché où le bûcher est dressé. Tout au long du chemin, le moine Ladvenu et d’autres lui font sermon. Elle pleure, se lamente. La plupart des hommes d’Église qui l’accompagnent, ainsi que nombre d’Anglais, sont gagnés par la compassion. En chemin, elle réclame une croix, qu’un paysan lui fabrique avec deux morceaux de bois. Elle la glisse dans son corsage. À l’arrivée sur place, le bourreau a du mal à attacher Jeanne au poteau entouré de fagots, car il est placé plus haut que d’habitude. Elle demande alors à Ladvenu et à un autre moine nommé Isambart de La Pierre de tenir un crucifix devant elle.

Elle gémit à plusieurs reprises : "Jésus, Jésus." Est-il sourd ? La foule est émue. Un soudard anglais qui avait promis d’être le premier à mettre un fagot dans le bûcher est frappé par la grâce. Le bourreau met le feu sous les fagots. Une lourde fumée âcre s’élève, entoure la jeune femme qui s’entête à appeler Jésus. Mais, apparemment, les voix ne vont que dans un seul sens... Bientôt, la fumée la cache. Elle meurt probablement asphyxiée. Les Anglais demandent au bourreau de pousser en arrière les fagots pour que le corps de Jeanne en train de brûler soit visible de tous. Qu’un petit plaisantin ne vienne pas par la suite raconter qu’elle n’est pas morte brûlée. Le feu éteint, il reste au milieu des cendres encore quelques morceaux bien saignants, notamment le coeur, étrangement intact, selon plusieurs témoins. Le feu est allumé une deuxième fois pour réduire tout cela en cendres, puis une troisième fois. Enfin, acte ultime, pour que personne ne vienne récupérer les cendres en guise de reliques, le cardinal de Winchester demande au bourreau de les répandre dans la Seine. Ainsi meurt Jeanne, pour un pantalon
29 mai 1770. Bal masqué organisé pour le mariage de Louis XVI avec Marie-Antoinette.
28 mai 1659. Louis XIV octroie le monopole de la vente du chocolat à un Toulousain.
27 mai 1610. Ravaillac, l’assassin d’Henri IV, meurt dans d’effroyables souffrances
26 mai 1755. Le bandit Louis Mandrin est roué vif à Valence après sa capture en Savoie.


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