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A la veille de l’élection à la FIFA, Joseph Blatter ne lâche rien

jeudi 28 mai 2015

« M. Blatter est très perturbé. Il passe un moment difficile. Il est critiqué notamment par la presse suisse. C’est dur pour sa famille. Mais il est prêt à se battre. A gagner une nouvelle élection. » Alors qu’il venait quelques heures plus tôt de lui demander solennellement de démissionner et de quitter la FIFA, le président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), Michel Platini, a exposé aux journalistes les sentiments qui animaient son ancien ami « Sepp » à la veille du 65e congrès de la Fédération internationale de football, programmé vendredi 29 mai.

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Sous pression, éreinté par de nombreux médias et chancelleries du globe, le patron du foot mondial a fait preuve de combativité en ouvrant la grand-messe de l’organisation. Dans la matinée, il avait préféré « sécher » la réunion de la cellule médicale de la FIFA afin de ne pas apparaître deux fois publiquement dans la même journée.

Boudé par les représentants européens qui soutiennent son challenger jordanien, le prince Ali-bin Al-Hussein, le dirigeant de 79 ans a été ovationné par les délégués des cinq autres confédérations continentales lorsqu’il est monté sur scène. Agrippé à son pupitre, il n’a jamais semblé aussi à l’aise que dans ce rôle de maître de cérémonie en goguette, promouvant « l’unité de la grande famille du football. » Une antienne qu’il rabâche constamment depuis 1998, date à laquelle il a pris les rênes de la Fédération internationale.

« Vous serez d’accord avec moi pour considérer que nous traversons des moments difficiles, des moments comme nous n’en avons jamais vécu à la FIFA, a-t-il gravement lancé aux 209 délégués réunis au Théâtre 11 de Zurich. Certaines actions commises par des individus ont jeté l’opprobre et l’humiliation sur la FIFA. Nous ne pouvons pas accepter que sa réputation soit traînée dans la boue. »

« Je ne peux pas surveiller tout le monde »

Vingt-quatre heures après l’arrestation à Zurich de sept responsables de la Fédération internationale de football ciblés par la justice américaine et la suspension provisoire de onze dirigeants du foot mondial, « Sepp » Blatter a fait du Blatter. En véritable animal politique rompu aux contextes les plus chaotiques, le Valaisan a fui ses responsabilités pour mieux retourner la situation en sa faveur.

« Je sais qu’on veut que je sois, en dernier ressort, responsable de tout ce que fait la communauté du football, que ce soit pour le choix des pays organisant la Coupe du monde ou pour les scandales de corruption. Je ne peux pas surveiller tout le monde tout le temps. »

« Ceux qui corrompent le foot représentent une minorité. On ne peut pas permettre que les actions de quelques-uns détruisent l’intégrité de la la grande majorité des gens qui travaillent. Nous allons coopérer avec les autorités pour que tous ceux qui ont mal agi, de la base au sommet, soient démasqués et punis. »

Cet homme d’appareil, entré à la FIFA en 1975, avant d’en gravir tous les échelons pour s’emparer du pouvoir, brigue un cinquième mandat à la tête de l’organisation. Il s’est, une nouvelle fois, engagé à « rétablir la confiance et restaurer la réputation » de l’institution afin de polir son image de patriarche réformateur. En 2011, lors de sa troisième réélection, n’avait-il pas promis de « ramener le bateau de la FIFA dans des eaux claires et transparentes » ?

« D’autres mauvaises nouvelles sont à venir »

Cravate et costume bleus (la couleur qu’il porte chaque jour depuis la mort de son père, fauché par un chauffard ivre en 1976), l’Helvète a estimé que la Fédération « allait vivre des semaines difficiles. » « D’autres mauvaises nouvelles sont à venir », a-t-il prévenu, alors que son gouvernement vient d’être amputé de deux de ses vice-présidents, visés par l’enquête du bureau de la justice fédérale américaine.

« Nous aimons le football car nous aimons ce sport, pas pour acquérir richesses et pouvoir », a-t-il clamé au terme d’une courte allocution de neuf minutes. Puis, « Sepp » Blatter a ouvert les festivités, sous un tonnerre d’applaudissements.

A la fin du spectacle (à base de ténor italien, de cors des Alpes et autres réjouissances kitchissimes), l’insubmersible patron de la FIFA a enchaîné les poignées de main, claquant des bises à ses partisans les plus fervents. Des représentants africains, asiatiques et caribéens pour la plupart. Le Valaisan a ensuite quitté la salle du Théâtre 11, se dirigeant en premier vers les salons où devaient avoir lieu les traditionnelles agapes des 209 délégués des pays membres. Le sourire aux lèvres, assuré d’être réélu à l’issue du congrès, le président de la FIFA a montré qu’il ne lâcherait rien à ses adversaires.

Rémi Dupré (Zurich, envoyé spécial)
Journaliste au Monde

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/football/article/2015/05/28/pour-joseph-blatter-la-corruption-dans-le-foot-est-le-fait-d-une-minorite_4642902_1616938.html#KGskWVgvBTj44QBy.99
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