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Blanchiment, racket, pots de vin : ce que la justice reproche à la Fifa

mercredi 27 mai 2015

Blanchiment, comptes cachés, millions de dollars de pots-de-vin : la justice américaine a dressé mercredi un état des lieux accablant d’une corruption selon elle « endémique » au sein de la Fifa, en annonçant 14 inculpations à New York.

Les 47 chefs d’inculpation retenus contre neuf responsables de la Fifa, dont deux vice-présidents, et contre cinq partenaires, les accusent notamment de complot de « racket, fraude et blanchiment », sur une période de 25 ans, durant laquelle ces responsables du football mondial sont accusés « d’avoir sollicité et reçu plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions » en échange « des lucratifs droits médiatiques et marketing pour les tournois internationaux de football ».

« C’est la Coupe du monde de la fraude. Aujourd’hui, nous avons sorti le carton rouge », a déclaré un responsable du fisc américain Charles Weber.

La ministre de la Justice des Etats-Unis, Loretta Lynch, a accusé en conférence de presse les personnes poursuivies d’avoir « corrompu les affaires du football mondial pour servir leurs intérêts et pour s’enrichir personnellement ».Et elle a lâché une bombe, concernant le Mondial-2010 en Afrique du Sud : « Même pour cet événement historique, des dirigeants de la Fifa et d’autres ont corrompu le processus en utilisant des pots-de-vin pour influencer la décision d’attribution » à un pays africain pour la première fois, a-t-elle dit.

Enveloppes de cash

L’acte d’accusation contre les 14 inculpés, dont sept ont été arrêtés mercredi à l’aube à Zurich, la ville où se trouve le siège de la Fifa, fait 164 pages. Il évoque une corruption devenue « endémique ». Il raconte des entreprises écrans, des paradis fiscaux, des comptes cachés à l’étranger, des enveloppes de cash, l’achat de propriétés et l’utilisation aussi « d’accords de services de consultants et autres types de contrats pour créer une apparence de légitimité pour des paiements illicites ».

Des dizaines de millions de dollars ont été retrouvés dans des comptes à Hong Kong, aux îles Caïman ou en Suisse, a précisé Charles Weber.

Le FBI a aussi perquisitionné mercredi le siège de la Confédération d’Amérique du nord, centrale et Caraïbes (Concacaf) à Miami.

Les inculpations de mercredi « ne sont que le début, pas la fin de notre effort », a déclaré le procureur de Brooklyn par intérim Kelly Currie.

Les autorités américaines n’ont pas voulu dire si d’autres inculpations étaient à attendre. Elles ont également refusé de répondre à toutes les questions sur le président de la Fifa Sepp Blatter, qui doit briguer vendredi un cinquième mandat à la tête de la surpuissante et richissime institution.

Pour l’édition 2016 du centenaire de la Copa America, prévue aux Etats-Unis, « notre enquête a montré que ce qui aurait dû être l’expression de l’esprit sportif international a servi à remplir les poches des responsables, pour un total de 110 millions de dollars. Presque un tiers du coût légitime des droits des tournois concernés », a aussi déclaré Loretta Lynch.

Plusieurs années d’enquête

Elle a ajouté que la prochaine étape était une demande d’extradition des accusés arrêtés en Suisse vers les Etats-Unis pour qu’ils y soient jugés. Six des sept ont déjà fait savoir qu’ils s’y opposaient. « Tous ces accusés ont abusé du système financier américain et violé la loi américaine, et nous avons l’intention de les tenir pour responsables », a ajouté la ministre.

L’enquête a duré plusieurs années. Selon Mme Lynch, la corruption et les pots-de vin se sont également étendus à l’élection présidentielle de la Fifa en 2011, et à « des accords concernant le parrainage de l’équipe nationale de football du Brésil par une grande entreprise d’équipement sportif américaine ». Dix autre personnes avaient plaidé coupable dans ce dossier entre juillet 2013 et mai 2015, dont Charles Blazer, ancien secrétaire général de la Concacaf et ancien membre du comité exécutif de la Fifa, et deux fils de Jack Warner, selon les autorités américaines. Charles Blazer avait en 19 ans accumulé plus de 11 millions de dollars qu’il n’avait pas déclarés au fisc, selon Charles Weber.


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