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Un américain pense détenir la vérité sur la mort d’Oussama Ben Laden

jeudi 14 mai 2015

ETATS-UNIS - Les circonstances du décès du chef d’Al-Qaïda seraient moins claires que ce qui a été annoncé...

« Justice est faite » : c’est par ces mots que le président américain Barack Obama avait annoncé le 2 mai 2011 la mort d’Oussama Ben Laden, tué au Pakistan par des soldats américains et enterré en mer, dix ans après les attentats du 11 septembre. Mais de nombreuses zones d’ombre sont apparues au fil des années sur les circonstances de sa mort. Dans le dernier numéro de la London review of books, le journaliste américain Seymour M.Hersh apporte une version différente de l’officielle.

Une dénonciation

D’après ses sources, les services secrets pakistanais ont participé de près à l’exécution d’Oussama Ben Laden, qu’ils retenaient dans leur pays depuis 2006. « Nous avions besoin d’un otage pour surveiller Al-Qaida et les Talibans », aurait expliqué le directeur général d’ISI, l’agence de renseignement pakistanaise. La CIA aurait été informée de la présence de Ben Laden dans une maison de villégiature à Abbottabad par une dénonciation. « En août 2010, un ancien officier des renseignements pakistanais a proposé de dire à la CIA où trouver Ben Laden en échange de la récompense promise par Washington en 2001 », écrit Seymour M.Hersh.

« Ils nous ont dit qu’ils allaient nous affamer si nous ne les aidions pas »

Après avoir vérifié la crédibilité des déclarations de cet homme, qui travaille désormais à la CIA à Washington, les Américains auraient placé la résidence de Ben Laden sous surveillance. Le président Obama aurait toutefois clairement demandé à ses agents de s’assurer qu’il s’agissait bien du terroriste recherché avant d’entamer toute opération. Les services secrets pakistanais n’auraient pas été difficiles à convaincre pour se mettre au service de la CIA : un ancien dirigeant d’ISI explique que s’ils n’avaient pas coopéré, « tous les programmes d’aides américains auraient été coupés. Ils nous ont dit qu’ils allaient nous affamer si nous ne les aidions pas ». La CIA ajoute avoir procédé à un « chantage » : « Nous leur avons dit que nous ferions fuiter le fait qu’ils avaient Ben Laden chez eux. Nous savions que les Talibans et les groupes djihadistes au Pakistan et en Afghanistan n’aimeraient pas ça. »

Ben Laden, mort ou mort

Une fois la coopération du Pakistan obtenue, il fut relativement facile pour les Américains de monter l’opération d’exécution de Ben Laden. Un médecin, déjà enrôlé par ISI, qui se rendait régulièrement chez Ben Laden alors très malade, a été chargé de recueillir des échantillons d’ADN. Pendant ce temps, les militaires américains s’entraînaient pour l’assaut dans une réplique de la maison du terroriste. « C’était absolument clairement un meurtre prémédité, assure un ancien des renseignements. Ils n’allaient pas laisser Ben Laden vivre ». La Maison Blanche a toujours assuré que Ben Laden aurait été capturé vivant s’il s’était rendu, tout comme elle a maintenu que les soldats américains s’étaient défendus dans le cadre d’un échange de coups de feu. « A part ceux qui ont été tués Ben Laden, aucun autre coup de feu n’a été tiré », selon l’enquête du journaliste.

Où est le corps de Ben Laden ?

La version officielle de l’exécution fait aussi état de nombreux documents qui auraient été récupérés chez Ben Laden et démontreraient qu’il était encore un pilier de l’organisation terroriste. « La Maison Blanche devait donner l’impression que Ben Laden était encore opérationnellement important. Sinon, pourquoi le tuer ? Une couverture a été créée : on a dit qu’il existait un réseau de coursiers allant et venant avec des fichiers et des instructions. » Les traductions des documents saisis tendraient plutôt à démontrer que Ben Laden n’avait que très peu de contacts avec l’extérieur.

Quant aux funérailles en mer, personne ne peut témoigner les avoir vues. Les membres de l’équipage du bateau sur lequel elles auraient eu lieu ont eu ordre de ne pas en parler, aucun journaliste n’a vu lui-même les photos qui en auraient été faites. D’après un ancien consultant américain, des déclarations de militaires américains ayant participé à l’opération auraient poussé la Maison Blanche à trouver une explication à l’absence de corps : « Certains membres de l’armée se vantaient auprès de leurs collègues d’avoir mis le corps de Ben Laden en lambeaux avec leurs mitraillettes ». Si ces déclarations sont vraies, « il n’y aurait pas eu grand-chose du corps de Ben Laden à jeter à la mer », conclut Seymour M.Hersh.


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