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13 mai 1980. Judias noie son fils handicapé pour toucher son assurance-vie.

mercredi 13 mai 2015

Judias Buenoano avait déjà empoisonné maris et amants. Alors, demander à un fils handicapé de l’aider financièrement, c’est un moindre mal...

Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le 13 mai 1980, il fait un temps formidable pour mourir : grand soleil et température agréable. Judias Welty, alias Buenoano, 37 ans, choisit ce jour pour noyer son fils Michael dont les membres ont commencé mystérieusement à s’atrophier depuis quelques mois. Quelle charmante attention ! Inutile de préciser qu’elle a une excellente raison d’en venir à une telle extrémité : toucher les assurances-vie qu’elle a prises en son nom en imitant sa signature. C’est qu’elle a vraiment besoin de pognon, faute d’un compagnon pour l’aider. Est-ce de sa faute s’ils sont tous morts empoisonnés à l’arsenic ? En fait, oui..., c’est elle la coupable ! Et puis tuer un fils à moitié paralysé, Dieu dans sa grande miséricorde ne lui pardonnera-t-il pas à moitié ?

Ce matin-là donc, cette bonne mère du Texas invite ses trois enfants à une partie de pêche sur l’East River, une rivière de Floride. Il y a sa fille Kimberley, 13 ans, James, 14 ans, et Michael, 19 ans, l’aîné. Laissant la fillette à terre, Judias embarque les deux garçons sur un canoë à deux places. Elle attache Michael sur une chaise de jardin coincée entre les deux bancs de l’embarcation. Et vogue la galère. La petite famille commence à pêcher. Le bateau dérive. Soudain, Judias hurle qu’un serpent s’est glissé dans le canoë. Ce qui est, bien sûr, faux. Elle se lève, imitée par James, le canoë tangue, Michael s’accroche à sa chaise. L’embarcation se retourne. Judias crie à son plus jeune fils de nager vers la rive. Elle le suit sans un regard vers son fils handicapé prisonnier sous le canoë. Alourdi par des prothèses métalliques pesant une trentaine de kilos, Michael coule avec la grâce d’un fer à repasser. À terre, la mère appelle enfin à l’aide, mais il est trop tard. Pour le gosse, pas pour la mère... Elle est riche, désormais.

Pour goûter le sel de cette triste histoire, il faut préciser que, six mois auparavant, Michael était encore un solide gaillard qui venait de s’engager dans l’armée américaine. Brutalement, son état de santé se détériore, laissant les médecins perplexes. Peu à peu, ses membres s’atrophient et se paralysent. Les médecins militaires lui font subir une foule d’examens, ce qui permet de découvrir dans son corps un taux d’arsenic sept fois plus élevé que la normale. Ils n’y comprennent rien, incapables d’imaginer que c’est sa propre mère qui a commencé à l’empoisonner. Mais le petit salopard s’accroche à la vie. C’est sans doute pour abréger ses souffrances que Judias Buenoano se résout à lui offrir une dernière partie de canotage.

Vitamines

Après le drame, la police clôt rapidement une enquête de routine. L’armée ouvre également la sienne, mais finit par verser une indemnité de 20 000 dollars à Judias pour la mort du brave soldat Michael. Le service du shérif chargé de l’enquête découvre l’existence de deux assurances-vie souscrites par Michael en faveur de sa mère peu de temps avant sa mort. Les graphologues estiment que sa signature a pu être falsifiée. Mais cela ne suffit pas encore à la faire arrêter.

Avec l’argent de son fiston, Judias ouvre un salon de beauté à Gulf Breeze (Floride). Mais cette femme est insatiable. Aussi jette-t-elle son dévolu sur une autre victime, un homme d’affaires nommé John Gentry II à qui elle s’est présentée comme une infirmière diplômée. Il en tombe amoureux, la couvre de cadeaux, lui offre des croisières de luxe. Mais cela ne suffit toujours pas à Judias. En octobre 1982, elle le convainc de souscrire des assurances-vie réciproques d’un montant de 50 000 dollars porté rapidement à 500 000 dollars. Ils se fiancent. Certains hommes deviennent vite empoisonnants. John, lui, est vite empoisonné. Sa fiancée d’infirmière lui fait avaler des vitamines qui ont le curieux effet de déclencher des vertiges et de le faire vomir. Hospitalisé le 16 décembre, Gentry constate que les symptômes cessent avec l’arrêt des vitamines. Mais, comme tous les hommes amoureux, il ne veut pas voir la réalité. Il poursuit donc sa romance avec Judias jusqu’en juin 1983, où elle lui annonce qu’elle est enceinte. Le pauvre homme gobe le bobard sans savoir que celle-ci s’est fait ligaturer les trompes en 1975 ! Sitôt après l’annonce de la merveilleuse nouvelle, il saute dans sa voiture pour aller acheter du champagne. Boum ! fait la voiture, et pas le bouchon de champagne. Judias avait piégé le véhicule, probablement avec l’aide de son fils James. Le souci, c’est que Gentry ne veut pas mourir. Ce salopard va même jusqu’à remettre à la police les vitamines qu’il avait conservées. Leur analyse montre la présence de poison.

2 300 volts

Finalement, Judias Buenoano est arrêtée le 27 juillet 1983. En fouillant chez elle, les enquêteurs dénichent la preuve qu’elle a confectionné la bombe placée dans la voiture de son amant. Elle est donc accusée de tentative de meurtre, mais on découvre vite que cette affaire n’a été qu’un amuse-gueule pour celle que les médias vont surnommer la Veuve noire. Le 11 janvier 1984, elle est accusée du meurtre de son fils handicapé. C’en est fini pour elle. Peu à peu, tout son passé criminel refait surface, car son fils est loin d’être sa première victime. En 1971, elle a empoisonné, déjà à l’arsenic, son mari James Goodyear après neuf ans de vie commune pour toucher ses trois assurances-vie. Elle utilise la même recette pour éliminer, en 1978, son amant suivant, Bobby Joe Morris, qui a l’élégance de lui léguer trois assurances-vie. Avant de mourir, Bobby aurait confessé avoir assassiné avec Judias un troisième homme dans un motel en 1974 pour le dépouiller. Mais à l’époque, la police n’avait pas pu rassembler suffisamment de preuves pour les inculper. Buenoano (c’est la traduction espagnole de son nom Goodyear) est également soupçonnée d’avoir tué un autre de ses amants nommé Gerald Dossett. Outre l’empoisonnement à l’arsenic, elle a une deuxième spécialité : l’escroquerie à l’incendie. Elle met le feu à deux de ses maisons pour toucher l’assurance. Cette femme est pleine de ressources.

Le 6 juin 1984, elle est condamnée à la prison à vie pour le meurtre de son fils. Le 6 novembre 1984, le tribunal lui rajoute douze ans pour la tentative de meurtre sur Gentry. Enfin, le 26 novembre 1985, elle est condamnée à mort pour le meurtre de son mari en 1971. Elle passe 13 ans dans le couloir de la mort avant d’être exécutée, le 30 mars 1998. Ce matin-là, elle est réveillée à 4 h 30. Elle prend une douche, se lave les cheveux et s’habille. On lui sert des brocolis, des asperges, des fraises et un thé chaud. La voilà prête pour la chaise électrique. Enfin presque : il faut la traîner jusqu’à la chambre d’exécution. Pendant qu’on l’attache sur la chaise, elle serre les poings, ferme les yeux et baisse la tête. Elle n’a pas un regard pour les quarante-six témoins entassés derrière la vitre de séparation. L’un des employés lui demande si elle a une dernière déclaration à faire. Elle murmure entre ses dents : "Non, monsieur." À 7 h 8, 2 300 volts se ruent dans son corps. Elle tressaille, ses poings restent serrés tandis qu’une légère fumée s’élève de sa jambe droite. C’est fini. Judias Buenoano a eu la délicatesse de mourir le jour où son fils aurait pu fêter son 37e anniversaire. Une touchante attention.
C’est également arrivé un 13 mai

2005 - Eddie Barclay décède à l’âge de 84 ans.

1989 - Des étudiants chinois entament une grève de la faim place Tian’anmen.

1987 - Klaus Barbie annonce qu’il ne comparaîtra pas à son procès.

1966 - Un homme et une femme, film de Lelouch, remporte la palme d’or, ex æquo, à Cannes.

1961 - Gary Cooper, 60 ans, décède des suites d’un cancer.

1940 - Devant la Chambre des communes, Winston Churchill déclare : « Je n’ai à vous offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes. »

1938 - Pierre Dac fonde le journal satirique L’os à moelle présenté comme « l’organe officiel des loufoques ».

1938 - Louis Armstrong enregistre When the Saints Go Marching In.

1882 - Naissance du peintre Georges Braque à Argenteuil.

1840 - Naissance d’Alphonse Daudet à Nîmes.

1637 - Richelieu invente le couteau de table en faisant arrondir les lames, las de voir les gens se curer les dents, à table, avec la pointe du couteau


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