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Lambert Wilson, entre les montagnes d’Haïti et la croisette de Cannes

dimanche 10 mai 2015

A quelques jours de l’ouverture du 68e festival de Cannes, dont il sera à nouveau maître de cérémonie, l’acteur français Lambert Wilson a achevé son premier film, un documentaire tourné dans les quartiers défavorisés "extraordinaires" de Port-au-Prince.

Q : Pourquoi avoir choisi Haïti comme lieu de tournage de votre premier film ?

R : "L’arrivée de mon filleul haïtien en France, il y a 7 ans, m’a amené à m’intéresser au pays. J’ai fait un premier voyage en Haïti en 2013, sur invitation de la Minustah pour visiter différents projets. Et celui dans la zone du Morne l’Hôpital m’a marqué. Une association locale, financée par l’ONU, construit et répare des murets dans les ravines du quartier très défavorisé de Martissant. Je trouvais étonnant ce mélange de social, d’écologique qui offre une amélioration immédiate de la vie quotidienne des gens. Car en retenant les eaux de pluies, cela enrichit les sols sur les hauteurs et ça évite les inondations des habitations situées en contrebas. Et l’action associative pour réduire la violence des gangs donne de vrais résultats. Quand Canal+ m’a laissé carte blanche pour tourner un documentaire, je n’ai pas n’hésité une seconde. J’aurais pu aller n’importe où dans le monde mais j’ai immédiatement pensé à Haïti, un peu comme une promesse tenue car je m’étais promis d’y revenir. Je voulais montrer ce projet".

Q : Et vous venez de projeter ce documentaire, "Au-delà des montagnes", à l’Elysée.

R :"Quand Canal+ a choisi le 20 mai pour le diffuser, j’ai réalisé que cela correspondait au voyage du président en Haïti. Je me suis dit : +il faut que le président voit le film+, pour lui montrer cette vision très personnelle des Haïtiens et une vision de certains quartiers qu’il n’aura pas le temps de voir. Il faut qu’il entende ce que les Haïtiens disent de leur situation. Il faut qu’il voit le courage et le travail de la société civile qui est extraordinaire et efficace dans des quartiers dans lesquels l’aide n’arrive pas souvent. Ce qui m’a marqué lors du tournage, c’est l’incroyable difficulté de leur vie, l’incroyable précarité. Le personnage principal du documentaire habite dans le quartier de Martissant, où ils sont 11 à vivre dans 10 mètres carrés sans eau courante, et sans électricité en permanence. Je n’ai pas voulu montrer le désespoir. J’ai voulu entendre les gens et leur aspiration. Je montre des gens dans une incroyable difficulté mais qui cherchent, qui travaillent, se lient ensemble pour sortir de l’adversité".

Q : Vous serez mercredi le maître de cérémonie de l’ouverture du festival de Cannes, rôle que vous avez déjà tenu l’an dernier. Comment comptez-vous renouveler la prestation ?

R : "Je n’ai pas à imaginer l’obstacle, ce que va être ce moment qui m’inquiétait beaucoup l’année dernière. Maintenant je connais le décor. Je vais considérer cette opportunité comme une tribune. En un an, le monde a vraiment changé. Ce que je vais dire maintenant ne me semblait pas une urgence, une chose impérative l’an dernier. Beaucoup de réalisatrices et d’actrices sont en compétition cette année et je vais faire une déclaration d’amour aux femmes. Au cinéma, on met la femme en lumière à l’heure où certains voudraient vraiment la mettre dans l’ombre".


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