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Baltimore retrouve un semblant de calme grâce au couvre-feu

mercredi 29 avril 2015

Baltimore a retrouvé un semblant de calme grâce à un couvre-feu nocturne effectif mardi après deux jours de violences qui ont secoué la ville, déclenchées par la mort d’un jeune Noir décédé dans un commissariat.

La police a lancé des fumigènes et des bombes au poivre pour disperser des manifestants défiant le couvre-feu, entré en vigueur mardi à 22H00 (mercredi 02H00 GMT).

Mais rien de comparable aux émeutes qui ont secoué la ville lundi, lors desquelles des bandes de jeunes ont incendié bâtiments et voitures, saccageant les magasins des zones paupérisées de cette ville du nord-est américain, en réaction à une violence policière dirigée contre la communauté noire.

Selon la police, dix personnes ont été arrêtées dans la nuit, dont sept pour violation du couvre-feu contre plus de 250 arrestations la veille.

Les autorités ont imposé un couvre-feu nocturne d’urgence dans le but de faire cesser les violences. Quelques centaines de manifestants ont initialement refusé de s’y plier, selon les estimations des télévisions, et un incendie a été allumé devant une bibliothèque.

Pendant les minutes précédant ce couvre-feu nocturne, des policiers avaient sillonné la ville en voitures de patrouille avec des porte-voix, et même un hélicoptère avec un haut-parleur, pour prévenir de son imminence.

La police a averti qu’elle arrêterait toute personne se trouvant dehors, sauf pour des raisons professionnelles ou médicales.

Des troupes de la garde nationale ont été également déployées en soutien à la police dans cette cité portuaire où les violences ont éclaté lundi juste après l’inhumation d’un jeune homme noir, Freddie Gray, 25 ans, mort quelques jours plus tôt dans des circonstances encore inexpliquées alors qu’il était détenu par la police. Un drame qui a exposé une nouvelle fois la méfiance entre la communauté noire et la police.

De nombreux habitants dans les quartiers de l’ouest de la ville se sont mis à déblayer les devantures de magasins et les rues.

Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a condamné comme beaucoup d’autres responsables les violences qui ont enflammé la ville de 620.000 habitants, mais admis qu’elles étaient révélatrices d’une crise latente entre la jeunesse noire et la police.

"Nous avons vu trop d’exemples d’interactions entre la police et (...) des gens, surtout des Afro-américains, souvent pauvres, qui soulèvent des questions troublantes", a déclaré M. Obama.

Il a exhorté la police et la communauté noire à "l’introspection" après plusieurs faits divers où des Noirs non armés ont été tués par des policiers blancs. Ces drames avaient provoqué des manifestations qui ont viré parfois aux émeutes, notamment à Ferguson (centre).

- Méfiance -

Une enquête a été ouverte sur la mort de Freddie Gray mais de nombreux habitants estiment qu’il s’agit du dernier exemple des brutalités policières auxquelles les Noirs sont régulièrement confrontés.

Les émeutes qui ont secoué la ville ont contrasté avec le calme et la sérénité de la cérémonie des obsèques de Freddie Gray.

Beaucoup à Baltimore ont condamné les violences, tout en évoquant leur méfiance vis-à-vis de la police.

Aretha Williams, employée dans un grand magasin de la ville, explique ainsi, devant une ligne de policiers en majorité blancs : "Je pense que beaucoup sont racistes dans la police" et "gagnent un droit de tuer en devenant policier".

Pour Clarence, retraité de 68 ans, Baltimore n’a pas été aussi tendue depuis les émeutes de 1968, lors desquelles six personnes ont été tuées et 700 blessées. "Cette violence policière c’est triste. Vous avez un homme menotté, vous ne le frappez pas", juge-t-il, ajoutant : "il semble que ça va en s’empirant".

Le gouverneur Hogan a décrété l’état d’urgence dans cette cité située à une soixantaine de kilomètres de Washington.

Baltimore, l’une des villes les plus violentes des Etats-Unis au début des années 1990, avait retrouvé un certain calme depuis plusieurs années et de nombreux quartiers ont été réhabilités mais des poches de grande pauvreté subsistent


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