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Wilson Jeudy a l’ambition de rester maire de Delmas

samedi 25 avril 2015

Ni roi ni président, Wilson Jeudy a son palais. Palais qu’il a construit en guise de réponse au « palacio » de Santo Domingo qu’il a visité en 2009. Le maire de Santo Domingo voulait à son tour visiter la mairie de Delmas. « J’ai trouvé que ce serait vraiment une honte de ma part de laisser le premier citroyen de Santo Domingo visiter la mairie de Delmas dans un tel état (à Delmas 31), dit-il. Je me suis dit qu’avant de quitter le maire de Santo Domingo nous visiter, je me devais de donner une répons adéquate. Le palais municipal d’aujourd’hui est cette réponse. »

Le maire nous accueille dans son magnifique bureau. Avant 2006, Wilson Jeudy était quasiment un inconnu même s’il était juge, ancien employé des Travaux publics, de la TNH ou encore des douanes. Wilson Jeudy se rappelle quand le pasteur Luc Mésadieu, responsable du parti MOCHRENA dont il était membre -, l’avait contacté pour lui demander s’il accepterait d’être candidat à la mairie de Delmas. Une proposition que l’actuel homme fort de Delmas ne voulait pas tout à fait accepter vu « qu’il n’avait rien à offrir aux habitants de la commune ». « Au départ, je ne comprenais vraiment pas la fonction de maire, confesse le fils d’Antoinier Jeudy et d’Indiana Jean-Baptiste. Je faisais des promesses fallacieuses à la population. »

Fervent croyant, Wilson Jeudy évoque Dieu pour expliquer tout ce qu’il entreprend. « J’ai demandé à Dieu de prendre le contrôle, de me guider dans mes actions et de m’orienter, poursuit-il. A chaque fois que j’aurai à prendre une décision, qu’il soit toujours présent. J’ai donc remis à Dieu les clés de la ville. »

Comme première action, après la proclamation des résultats le 10 mai, Wilson Jeudy, ancien candidat malheureux à la présidence de 2010, avait convoqué, au Karibe, la population de Delmas, notamment le secteur privé pour un programme en huit piliers. « C’est ce programme que nous mettons en pratique », fait-il remarquer.

Civitax pour augmenter les recettes fiscales

Wilson Jeudy mise sur les recettes fiscales. Le citoyen doit payer ses impôts. Dotée d’un programme « Civitax » mis en place en partenariat avec la USAID, la mairie a une banque de données permettant d’avoir une idée sur le nombre de maisons dans la commune. « Grâce à Civitax, les recettes fiscales ont beaucoup augmenté, affirme le maire démissionnaire. C’est un appui majeur de le USAID. On a recensé environ 50 000 maisons dans la commune. Le travail n’est pas tout à fait terminé. » ?

Depuis plusieurs mois, les maisons dont les propriétaires ont payé leurs impôts locatifs sont faciles à identifier dans la commune. Elles comportent une plaque de numérotation délivrée par la mairie. Innovant. « On a délivré beaucoup de plaques de numérotation, il nous reste toutefois encore un très grand nombre à distribuer », souligne Wilson Jeudy, qui invite tout le monde à se mettre en règle.

« Les gens doivent payer leurs impôts, soutient le maire. Quand les gens refusaient de payer leurs impôts, Jésus-Christ a dit qu’il faut payer à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Mais ce n’est pas à Dieu d’abord, mais à l’Etat. Si tout le monde paie ses impôts, Haïti sortira de cette galère. »

Fier de ses réalisations…

Dur de caractère, le premier citoyen de Delmas n’est pas quelqu’un de conciliant quand il s’agit de prendre ses décisions. Pour lui, la ?grogne de ses administrés de temps à autre, c’est tout à fait normal. « Au niveau décisionnel, je ne joue pas, affirme-t-il. Je n’ai pas de mère, ni de père... Quand je donne un travail à faire, il doit être bien fait. »

Fraîchement élu, Wilson Jeudy se rappelle avoir fermé la mairie et mis tous les employés en disponibilité pendant trois mois. Une grande décision, non moins osée. « La mairie était vraiment en mauvais état, il n’y avait pas de matériel, explique-t-il. Avec l’argent que je devais payer les employés pendant ces trois mois, je l’ai équipée d’ordinateurs, de véhicules, de tout… J’avais fait un choix économique. »

« On avait ensuite recruté des hommes et des femmes en fiscalité et on a fait un recensement général, poursuit le maire. On avait recensé 57 à 80 mille maisons à Delmas, c’est à partir de là qu’on a trouvé de l’argent pour atteindre nos objectifs. Si on ne fait pas un choix économique, on ne peut pas travailler. »

Aujourd’hui, Wilson Jeudy, originaire des Gonaïves n’a pas à se vanter de ses différentes réalisations. Même ses détracteurs admettent qu’il a transformé la commune, au niveau d’infrastructurel. Des places publiques (construites ou rénovées), deux écoles municipales, un lycée, une école nationale, une bibliothèque municipale, six marchés publics… « Les réalisations sont nombreuses, affirme le maire. On a aussi pu construire 22 dalots à Delmas, la construction des routes, n’en parlons pas. »

Effectivement, Delmas est la commune du pays qui a pu se doter d’un important réseau routier ces dernières années. Pas des routes qui ne mènent nulle part, mais de vraies voies de pénétration qui desservent le plus grand nombre.

Le projet qui tient à cœur présentement au maire-candidat à sa réélection concerne la construction d’environ sept kilomètres de route (avec huit kilomètres de chaussée, 1m50 de trottoir) de Silo à Puitblain. « C’est un projet audacieux et ambitieux que je viens d’entamer, se félicite-t-il. Les gens sont vraiment en liesse parce que ces travaux vont mettre fin à leur calvaire. »

On lui colle souvent l’étiquette de spoliateur

Wilson Jeudy n’a pas que des amis à Delmas. Il est souvent accusé de « spoliateur » et s’est parfois retrouvé ouvertement dans des conflits terriens. « Des gens qui squattérisent les terrains de l’Etat me traitent toujours de voleur, dit-il. Je ne vole pas de terrains. D’ailleurs, les terrains sont toujours là. Leurs ‘’propriétaires’’ n’ont qu’à les récupérer. Pour ce, il faut avoir des titres de propriété. Or, ils n’ont ni qualité ni titres de propriété. »

Selon Wilson Jeudy, « à 85%, les terrains de Delmas appartiennent à l’Etat ». Le maire démissionnaire invite ses accusateurs à porter plainte et se dit prêt à répondre aux questions de la justice. « Sur les terrains qu’on dit que j’ai volés, il y a aujourd’hui des places publiques, des écoles municipales, des marchés publics… qui ont été construits », se défend le maire, soulignant qu’il a aussi acheté « beaucoup de terrain avec les fonds de la mairie ».

« Je conseille aux autres candidats de ne pas gaspiller leur argent »

La rumeur faisait croire qu’il sera à nouveau candidat à la magistrature suprême de l’Etat, mais Wilson Jeudy se la joue réaliste. Il partira plutôt à la conquête d’un nouveau mandat à la tête de la mairie de Delmas, considérée comme la plus riche de la région métropolitaine. « Les habitants de Delmas ont placé leur confiance en moi, avance Wilson Jeudy. Comme l’apôtre Paul disait : J’ai combattu le bon combat, j’ai gardé la foi. Maintenant, la couronne de la gloire m’est réservée. J’ai travaillé, les gens sont satisfaits de mon travail et me disent qu’ils me doivent un nouveau mandat. »

Très optimiste, Wilson Jeudy se voit déjà vainqueur. « Je vais gagner haut la main », soutient-il, tout en conseillant aux autres candidats de « changer d’avis, de ne pas gaspiller leur argent ». « Ils ont très peu de chance de gagner », ajoute Wilson Jeudy, qui envisage de se retirer de la politique après « son prochain mandat ». « Je suis de ceux qui croient que le génie n’a qu’un siècle. Me retirer permettra aussi à d’autres leaders d’émerger… »


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