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Réforme territoriale : le casse-tête des capitales des nouvelles régions

samedi 18 avril 2015

Sur 13 régions, six restent inchangées, sept devront choisir un nouveau chef-lieu. Une situation qui divise en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine notamment.

Après l’accouchement douloureux de la carte des régions en décembre, un nouveau front échauffe les esprits : celui du choix des capitales régionales... et des contreparties à envisager pour les métropoles qui ne seront pas retenues. Le découpage finalement approuvé par l’Assemblée prévoit 13 régions au lieu de 22. Parmi elles, six restent inchangées -Bretagne, Pays-de-la-Loire, Centre, Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Corse. Les sept autres doivent se choisir un nouveau chef-lieu, selon une méthodologie et un calendrier précisés lundi par le ministère de l’Intérieur.

Le gouvernement nommera mardi des "préfets préfigurateurs", chargés de conduire la concertation avec les élus régionaux, avant la désignation par décret à l’été de la liste des "chefs-lieux provisoires nécessaires à l’organisation des élections" régionales, prévues les 6 et 13 décembre. Les chefs-lieux définitifs seront fixés par décret en juillet 2016, après délibération du nouveau conseil régional. Dans certaines régions, le choix du chef-lieu ne fait guère de doute : ainsi de Lyon en Auvergne-Rhône-Alpes, ou de Bordeaux en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. En Bourgogne-Franche-Comté, Dijon tient la corde face à Besançon, de même que Lille en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et de Toulouse en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Partage des pouvoirs entre Toulouse et Montpellier ?

En Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, Strasbourg a d’ores et déjà été désignée par la loi comme la capitale administrative, mais pourrait ne pas accueillir le siège de l’assemblée, selon l’entourage du maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries. En Normandie se profile une solution bicéphale, avec à Caen la préfecture de région et à Rouen le conseil régional, sur l’insistance du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, élu de Grand-Quevilly et architecte de la croissance métropolitaine rouennaise. A moins que ce ne soit l’inverse, comme le préconise la droite normande. Ce scénario à deux capitales est observé avec attention au sud de l’Hexagone. "Je souhaite un partage des pouvoirs équitables (entre Toulouse et Montpellier), comme dans une autre région (...) celle de (Laurent) Fabius", a déclaré le maire DVG et président de la métropole de Montpellier Philippe Saurel.

Pour M. Saurel, qui se présente régulièrement comme un proche du Premier ministre Manuel Valls, si l’hypothèse de Toulouse devait se confirmer, il "faudra(it) résister". A Amiens, la maire UDI Brigitte Fouré s’appuie aussi sur l’exemple normand pour contester le leadership de Lille, et réclamer qu’Amiens devienne la capitale administrative de la grande région. Dans une ville déjà fortement touchée par la désindustrialisation et un chômage bien supérieur à la moyenne nationale, la perspective de nouvelles pertes d’emplois, cette fois dans les administrations, a déclenché une levée de bouclier et réussi à faire l’unité d’élus peu portés d’ordinaire au consensus. Mme Fouré évoque 5 à 7.000 emplois publics en danger.

Solution "polycentrique"

Selon Michel Neugnot (PS), vice-président de la région Bourgogne chargé de suivre le dossier pour l’Association des régions de France (ARF), l’Etat devrait tenter d’apaiser les inquiétudes en "déconcentrant" ses propres services, de manière à équilibrer l’emploi public dans les différents pôles urbains. Cette solution "polycentrique" est déjà envisagée en Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, où l’administration régionale sera répartie sur Bordeaux, Limoges et Poitiers. "Aucun des emplois publics de ces trois régions n’est menacé", a affirmé Alain Rousset, président PS de la région Aquitaine et de l’ARF.

Dans la future région "Alca", un travail de concertation a déjà commencé : les maires des principales villes du Grand Est se sont ainsi rencontrés lundi à Strasbourg dans le but de créer un groupe de contact en vue de préparer la répartition des services publics. "Si toutes les directions administratives sont centralisées à Strasbourg, et qu’il ne reste dans les villes comme Metz ou Châlons que des unités opérationnelles, on va droit à la catastrophe", a prévenu le député-maire UMP de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu. La capitale administrative de la Champagne-Ardenne, qui doit déjà faire face à la perte de 1.250 emplois militaires dans le cadre de la loi de programmation 2014-2019, est la "plus petite préfecture de région" et aussi "la plus dépendante de la présence des services de l’Etat", a-t-il souligné.


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