MosaikHub Magazine

Manno, Wooly, Caleb… moins Ti-sax

mercredi 1er avril 2015

Roland Léonard

L’ambiance est intime : pas grand monde, mais l’attention et l’intérêt sont au rendez-vous et proportionnels à la qualité des chansons. C’est à croire que, de nos jours, l’appréciation des bonnes choses devient l’apanage d’une minorité, de quelques fidèles sur lesquels ces artistes peuvent compter.

La soirée est décontractée et conviviale. Sans cérémonie, la maîtresse des lieux introduit le spectacle en peu de mots. C’est Manno Charlemagne qui pointe d’abord sur scène, flanqué de sa guitare. Il entame son tour de chant avec une satire de la religion sur des airs comme « Salve mater misericordiae » et le refrain du carnaval 1958 de « Ti-Ta-To » du Bel-Air sur le satellite (Spoutnik I). Il enchaîne, en duo avec Wooly, par le sublime « Pouki » comme au bon vieux temps de Marco Jeanty. La chanson est toujours actuelle, belle et poignante. Elle n’a pas une ride.

Et c’est, pendant toute cette première partie, un défilé des tubes de ce grand chansonnier, réveillant bien des souvenirs du temps de la fronde : « Foure men w », « Le capitaine America », un boléro en français, « Viejo » de Jean-Claude Martineau, très attachant, très émouvant. Sans oublier le traditionnel « Minis Azaka » et tant d’autres.

Une jeune chanteuse à la bonne voix accompagne Manno. Elle se fait apprécier seule, avec des variations vocales, dans « Sole latibonit-o », « Pòs Machan » de Bob Dévieux (accompagnée en style de bossa-boléro par Wooly) et « Ayiti » d’Émeline Michel et Ralph Boncy. Cette jeune et jolie cigale se nomme Guerdy.

On n’oubliera pas de si tôt « Ban m yon ti limyè » de Manno Charlemagne, sur l’air du film « Midnight Express ». Sans désemparer, Wooly Saint-Louis Jean prend la relève avec « Loray kale » (Jacqueline Scott) ou « Graine d’ananar » de Leo Ferré ; « Lanmè Pòtoprens » (texte de Georges Castera) ; « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète » de Georges Brassens ; « Vil Bonè » (paroles de Syto Cavé) ; « Kilè n ap di ase » du même auteur ; « Pye w » (James Noel) ; « Veye non » en duo avec Manno.

Manno Charlemagne poursuit seul dans « Manman », assez triste, et « Boujwazi » ou « Ennemi de classe » ; « Fini le temps des colonies ». On en arrive ainsi à la pause.

En deuxième partie, Wooly perché sur un tabouret, avec son inséparable guitare, reprend son tour de chant avec l’accompagnement très en relief de Caleb François au piano. Et c’est : « Jardin d’hiver » de Henri Salvador ; « Mizè nou », son premier texte, composition bluesy ; « Couleur café » de Serge Gainsbourg (version de Beethova Obas) ; « Fanm nan bèl » (autre texte de Syto Cavé) ; « Port-Salut en 41 » ou « Pè Bawon ».

Manno se mêle à nouveau de la partie, montrant son goût pour « Kok gagè » et « Lanmou pa yon plezantri », en hommage à Boulo Valcourt. Wooly poursuit jusqu’à la fin avec des classiques latins et créoles des années 50-60 pour les nostalgiques de l’assistance : « Quizas quizas » ; « Sabor a mi » ; « Ti razè », etc. On était en terrain de connaissances. Robert Martino à la guitare et votre serviteur à la voix ont contribué à « Ti razè ». Ce fut une belle détente, un instant de bonheur à la fois personnel et collectif.

Manno Charlemagne a gardé la forme vocale et il est performant. Wooly tient bien la route et maintient le cap poétique. Caleb François nous enthousiasme de plus en plus : il s’affirme hardiment. Ti Sax, l’imprévisible et l’extraterrestre (o.v.n.i), a brillé par son absence.

Vive la chanson !


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie