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HAITI:Un pas de géant franchi sur le chemin électoral

lundi 23 mars 2015

Tous les partis politiques réputés hostiles à la présidence de Michel Martelly ont confirmé cette semaine, par inscription, leur participation aux élections qui se dérouleront cette année. Fanmi Lavalas, Plate-forme Pitit Dessalines et Mopod, qui réclamaient sans relâche la démission du président de la République au moyen de grèves générales et de manifestations de rue pendant plusieurs mois, ont enfin opté cette semaine pour la course électorale. La présence massive des partis politiques, toutes tendances confondues, au processus d’inscription mis en place par le Conseil électoral provisoire doit permettre à Michel Martelly de se refaire une santé, après avoir été secoué par une crise politique très coriace.

Selon toute vraisemblance, l’administration Martelly-Paul ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur pour arriver au terme de la passation des pouvoirs le 7 février 2016. La période de contestation des partis politiques, des étudiants et d’autres groupes qui lui sont hostiles a déjà touché à sa fin. Les mots d’ordre de grève générale et l’appel à la manifestation de rue ne collent pas avec la période électorale qui doit s’achever à quelques jours de la fin du mandat de Michel Martelly. Cependant, la réalité tumultueuse des élections de ces vingt dernières années est de nature à plonger un observateur dans le plus profond désarroi. Si les autorités établies croient légitime que les candidats du parti au pouvoir utilisent la violence, les biens et les moyens de d’Etat pour gagner les élections, la fin du mandat de Martelly peut lui être préjudiciable. Les élections de 1997, de 2000 et de 2010 prouvent que les violences enregistrées dans les scrutins en Haïti viennent en majeure partie des candidats et proches de l’équipe au pouvoir.

L’organisation d’élections sereines et crédibles, cette année, permettra au président de la République et à son Premier ministre de quitter le pouvoir dans les conditions de parfaite tranquillité. Une passation des pouvoirs avec calme et sérénité constituera une note positive pour le pays. Elle pourra éventuellement commencer à changer la perception de la presse étrangère face à l’instabilité que connait le pays depuis bien des temps. Mis à part le coup d’Etat de 1991, toutes les crises politiques qui ont secoué le pays pendant ces deux dernières décennies proviennent des élections frauduleuses orchestrées par les tenants du pouvoir politique.

Tenant compte de l’expérience décevante des différents Conseils électoraux qui se sont succédé, Pierre-Louis Opont et les autres conseillers ont tout intérêt à conduire le processus dans la bonne direction. Ce Conseil n’a pas droit à l’erreur dans la réalisation des différentes élections de cette année. Il doit éviter, sous quelque forme que ce soit, l’influence du parti au pouvoir, qui a toujours constitué le nœud gordien pour garantir son indépendance. Si l’institution décidait de normaliser ses relations avec tous les partis politiques sans discrimination aucune, elle franchirait un pas dans l’adoption de mesures institutionnelles pour son bon fonctionnement.

Des élections libres, honnêtes et inclusives seraient une note positive pour Michel Martelly et Evans Paul.

Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com


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