Liga - Le Real se passe de vrai milieu défensif, un pari risqué d’Ancelotti
Face à Barcelone, dimanche (21h), le Real Madrid a l’occasion de reprendre la première place du championnat. Ce Clasico à fort enjeu risque aussi de mettre à jour certaines difficultés de l’équipe madrilène. A commencer par l’absence d’un pur milieu de terrain défensif. Un choix délibéré de Carlo Ancelotti… que le Real pourrait avoir à regretter.
"Au Real, lorsqu’on attaque, on se retrouve souvent avec beaucoup de joueurs devant. Le plus dur, c’est de maintenir l’équilibre de l’équipe." Toni Kroos sait de quoi il parle. Arrivé cet été, l’international allemand évolue souvent dans l’axe du milieu de terrain madrilène. Le trident choisi par l’Italien est en effet régulièrement composé de trois milieux créateurs, choisis parmi Isco, James Rodriguez, Modric et Kroos.
Tous partagent une aisance technique évidente ainsi que des qualités offensives indiscutables. Le problème est ailleurs : défensivement, le Real n’a plus la sérénité qui le caractérisait jadis. Ces dernières semaines, l’absence de Sergio Ramos n’a fait qu’exacerber ces difficultés. Depuis sa blessure contre Séville, le 4 février, la Casa Blanca a enchaîné les contre-performances : humiliation face à l’Atlético (4-0), défaites à Bilbao (1-0) et contre Schalke 04 (3-4) ou encore nul face à Villareal (1-1).
Son retour a coïncidé avec une victoire pleine obtenue aux dépens de Levante (2-0), dimanche. Mais il serait illusoire de croire qu’en Sergio Ramos résident toutes les réponses aux difficultés madrilène. Le problème est évidemment plus large. Et il concerne au premier chef l’entrejeu des Merengue. Le milieu du Real manque à la fois d’impact et de science défensive.
La sentinelle, denrée utile des équipes modernes
Longtemps, les forces en présence ont fait l’affaire. Elles la feront certainement, très souvent, à l’avenir. Mais quid des grands rendez-vous ? Le Real tente de se persuader qu’il peut, indéfiniment, se passer d’un milieu placé devant sa défense. Tactiquement et physiquement, le pari semble audacieux. Ce que font Busquets au Barça, Thiago Motta et David Luiz au PSG ou Matic à Chelsea n’est ni vain ni facultatif.
C’est au contraire un maillon essentiel de la chaîne des plus grandes équipes. Conserver un milieu de terrain "fixé" devant la défense assure l’équilibre d’un onze. Le bloc madrilène, très porté sur l’offensive, se trouve parfois coupé en deux (donc dépassé) à la perte de balle, lorsque l’adversaire se projette vite vers l’avant. Au plus haut niveau, le Real se prive également d’une puissance et d’un impact physique précieux dans les duels.
La presse espagnole prête régulièrement au Real un intérêt pour Pogba, Verratti ou encore Matuidi. Trois gratteurs de ballons au volume de jeu énorme, mais tous des milieux plutôt habitués à évoluer en tant que relayeur. Finalement pas si éloignés que ça d’Isco, Kroos et Modric. Tous ont pour eux une qualité fondamentale : l’intelligence.
Leur sens du jeu est infiniment utile à leur équipe, pour anticiper les trajectoires, orienter et animer le jeu. Pour le Real, il sera peut-être insuffisant ce dimanche lorsqu’il s’agira de protéger Ramos et Pepe, les deux défenseurs centraux, de couper les lignes de passes catalanes, de resserrer le bloc ou de serrer le marquage de Lionel Messi. Nul doute que Carlo Ancelotti a ces données à l’esprit, lui qui disait il y a quelques mois : "J’aime beaucoup aligner Isco avec Kroos au milieu. Par contre, ça oblige à trouver une autre réponse sur le plan défensif…"
