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Godson Orélus : « Nou pral mache pran bandi yo »

mardi 10 mars 2015

« La police est déterminée à mener une bataille acharnée contre les tueurs », a martelé le directeur général de la PNH, Godson Orélus. L’air grave, il a indiqué qu’il y a « urgence en la demeure » et que l’ « état d’alerte est décrété ». Pas un jour ne passe, ces jours-ci, sans que l’image d’une personne mortellement attaquée par des bandits ne fasse le tour de la Toile. On dirait que ces derniers étaient murés dans une caverne depuis des années et qu’ils viennent de se réveiller avec fracas. Ils frappent fort. Loin de se laisser faire, la PNH « va les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements ».

Conscient que le pays a besoin de la stabilité pour le déroulement des éventuelles élections au cours de cette année et que la population est préoccupée de l’abâtardissement du climat sécuritaire, Godson Orélus, peu après une réunion avec les hauts gradés de la PNH, a révélé que « de grandes décisions sont prises pour avoir un contrôle plus soutenu de la rue » et subséquemment, « mettre les bandits hors d’état de nuire ». Les demandes de congé, de permission sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, a confié Godson Orélus, qui a mis l’emphase sur chacun de ses mots. Mais, s’est-il empressé de rappeler, c’est une décision provisoire compte tenu de la gravité de la situation actuelle où l’insécurité a monté d’un cran et que les premiers tueurs se dissimulent déjà dans l’ombre.

« Nou pral mache pran bandi yo. Lapolis la pral mache dèyè yo et n ap jwenn yo […] », a dit Godson Orélus, le ton guerrier, haussant un peu la voix, dans les locaux de la direction générale de la PNH. Comme une déclaration de guerre aux bandits, il a annoncé l’amplification des fouilles, patrouilles, avant d’appeler, comme toujours à la collaboration de tous dans le combat pour assainir le climat métropolitain. Très optimiste, le successeur de Mario Andrésol croit dur comme fer que la police a « la capacité de s’y prendre », tout en cherchant la confiance de la population. Le dos à ces beaux mots, les bandits ne chôment pas, ne chômeront peut-être pas facilement dans à un moment où tuer et cambrioler semblent s’ériger en métier dans une Haïti broyée par un taux de chômage chronique (plus de 70% de la population active, selon la Banque mondiale) et une pauvreté systémique.

« Le haut-commandement est derrière moi »

N’y a-t-il pas une connexion entre l’évasion des 327 criminels dangereux à la fin de l’année dernière et la flambée de l’insécurité actuelle qui rappelle tristement les traditionnelles périodes de fêtes de fin d’année ? Existe-t-il des tensions internes au sein de l’institution policière et des manœuvres de secteurs puissants dans la société aux fins de la déstabiliser ? Godson Orélus, que des défenseurs des droits humains indexent bien souvent comme inféodé au pouvoir en place, est sans équivoque. « Le haut commandement reste soudé et est derrière moi », a-t-il affirmé, les yeux bouffis, bien entouré des hauts gradés de la PNH, regrettant au passage le fait "qu’un bandit qui a fait de la prison en soit sorti généralement plus violent".

Par ailleurs, le cas d’Oriel Jean, ancien chef de sécurité du président Aristide, assassiné lundi dernier, est pris très au sérieux, comme toujours ici dans les premiers jours ayant suivi un crime. « On avance à très grands pas avec l’enquête », a souligné Godson Orélus. Dans l’intervalle, les homicides sur des personnes revenant de la banque sont nombreux, nonobstant les différentes mesures prises et adoptées en 2013 pour freiner ce fléau. Reconnaissant que « la situation est complexe », le commandant en chef de la PNH a parlé de l’élaboration d’un éventuel plan, sans le nommer, pour y faire face. Scrutation.

AUTEUR

Juno Jean Baptiste

jjeanbaptiste@lenouvelliste.com


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