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4 mars 1938. Inch Allah ! L’or noir jaillit en Arabie saoudite, couvrant d’or quelques Bédouins

mercredi 4 mars 2015

Après trois ans d’obstination des ingénieurs de la Standard Oil of California, le pétrole jaillit enfin en abondance du puits Dammam n° 7.


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le 4 mars 1938, le puits Dammam n° 7 se met enfin à cracher vers le ciel un geyser d’or noir. Depuis le temps que les ingénieurs, géologues et ouvriers de la Standard Oil of California (Socal) attendaient cet instant. Cinq ans ! Cinq ans à bouffer du sable, cinq ans à cuire sous un soleil de plomb. Les tests confirment que le débit est suffisant pour assurer une exploitation commerciale. Un câble de victoire est aussitôt envoyé en Californie où les patrons de la compagnie commençaient à désespérer après plusieurs fausses alertes.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’a pas suffi de planter un pic de pioche dans le sol de l’Arabie saoudite pour que le pétrole jaillisse comme un geyser islandais. Avant de tirer le gros lot qui allait faire de quelques Bédouins les rois du pétrole, il a fallu longuement prospecter. Tout commence dans les années trente, quand le roi Abdelaziz ben Abderrahmane ben Fayçal ben Turki ben Abdallah ben Mohammed ben Saoud - Abdou pour les intimes - autorise les géologues de la Socal à parcourir la région. En 1933, ces derniers repèrent un site prometteur à proximité du petit port de Dammam, dans le golfe Persique. Le forage du premier puits, appelé Damman n° 1, commence le 30 avril 1935. C’est un calvaire pour la poignée d’Occidentaux présents sur place. L’isolement est terrible. Le soleil est terrible. Le manque de filles est terrible. Mais, telles des Danaïdes, ils creusent, ils creusent. Il faut parfois improviser. Ainsi, quand la dynamite vient à manquer, on adopte la méthode locale pour creuser le rocher : à savoir allumer un grand feu directement sur le sol, puis l’arroser d’eau froide pour provoquer un choc thermique qui fend la roche.

Chaque matin, les ingénieurs et les géologues se lèvent avec l’espoir de voir jaillir la fortune, et, chaque soir, ils se couchent avec du sable plein les yeux. Les mois défilent sans que le puits délivre quoi que ce soit, même pas de quoi remplir un Zippo. Mai, juin, juillet... toujours rien ! À San Francisco, les patrons de la Socal rongent leur frein en voyant les factures s’accumuler. Mais à Damman, on ne renonce pas. Le trépan fouille de plus en plus profondément dans les entrailles de ce foutu désert. Le 25 août, enfin, le puits laisse échapper quelques bouffées de gaz et quelques verres de pétrole. L’espoir renaît, mais retombe aussi vite qu’un vent de sable. "Rien d’important, mais encourageant", signale le câble reçu par San Francisco.

1 441 mètres de profondeur

À 602 mètres de profondeur, l’or noir jaillit enfin, les pétroliers tombent dans les bras les uns des autres. Mais ils déchantent rapidement, car la production chute très vite. Le forage reprend, mais il faut se rendre à l’évidence, la grosse nappe de pétrole ne se trouve pas ici. Le 4 janvier 1936, quand le puits atteint 976 mètres de profondeur, les ouvriers arrêtent les frais.

Le forage d’un deuxième puits est entrepris un peu plus loin, baptisé Dammam n° 2. En juin, il produit 335 barils de pétrole par jour. C’est encourageant, mais pas encore suffisant pour une exploitation commerciale. Une semaine passe, l’éjaculation pétrolière décuple soudainement. "Yipeee ! We’ve got it !" À San Francisco, les patrons de la Socal sablent le champagne. Dans leur enthousiasme, ils donnent leur feu vert pour le forage de cinq autres puits. Mais ils ont vendu la peau de la gazelle trop vite, le puits n° 2 ne produit bientôt plus qu’une mixture inutilisable. Damned ! On décide donc de passer immédiatement au troisième puits, Damman n° 3. Lui se met à vomir une mixture visqueuse tout juste bonne à fabriquer du revêtement routier. Au suivant ! Les forages de Damman n° 4 et 5 sont interrompus à leur tour, car ils se révèlent aussi secs que des gosiers de dromadaires après une méharée de mille kilomètres.

Cependant, les Américains s’accrochent toujours. Impossible d’abandonner avec ce paquet de dollars déjà dépensés. On passe donc à Damman n° 6, mais il est déserté avant même le début du forage, car le géologue Max Steineke vient de dénicher un site encore plus prometteur ! Le 7 décembre 1936 commence donc le forage du fameux Dammam n° 7. Celui qui changera le cours de l’histoire de cette partie du monde. Mais le bougre aime les préliminaires. Il se fait désirer comme une jeune vierge élevée dans un couvent. Un an de sueur et de larmes pour les ouvriers. Enfin, le puits manifeste un premier signe de vie le 31 décembre 1937 en émettant un puissant jet de gaz. Les ingénieurs américains qui étaient rentrés chez eux pour les fêtes doivent revenir dare-dare. Mais il leur faut encore attendre trois mois, jusqu’au 4 mars 1938, pour atteindre la grande jouissance. Quand le trépan atteint 1 441 mètres de profondeur, le pétrole se met à couler à flots pour ne plus jamais s’arrêter. Bientôt, les puits pousseront dans le désert comme des champignons après la pluie. Le roi Abdou n’aura plus de problèmes pour nourrir ses 32 épouses et 89 enfants.

Après 45 ans de bons et loyaux services, Dammam n° 7 est mis à la retraite en 1982, après avoir produit 32 millions de barils d’or noir.
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