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Liberté de la presse : la France reste "mauvaise élève", selon RSF

mercredi 18 février 2015

Reporters sans frontières publie la version 2015 du classement de la liberté de la presse dans le monde. Les démocraties s’enfoncent dans leurs dérives.

Par Guerric Poncet

Reporters sans frontières (RSF) a publié jeudi son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde. Les régimes totalitaires continuent sans surprise d’occuper le bas du tableau, pendant que plusieurs tendances inquiétantes se confirment dans les démocraties. Les pays nordiques gardent la tête du classement, mais "les autres membres de l’Union dévissent globalement", explique RSF, pour qui cette "tendance générale nourrit de sérieuses inquiétudes quant à la pérennité du modèle européen".


La France reste "mauvaise élève" selon RSF by chroniques2geeks

"En Europe, de nombreux pays se dotent de législations antiterroristes permettant la mise sous surveillance d’individus", poursuit l’ONG, pour qui "la France (38e) et le Royaume-Uni (34e) sont de loin les plus mauvais élèves", loin derrière des pays comparables comme l’Allemagne (12e) ou la Belgique (15e). Devant la France, on trouve par exemple la Jamaïque, la Slovaquie, le Costa Rica, la Namibie, le Ghana, l’Uruguay, le Surinam ou encore le Cap-Vert. De leur côté, les États-Unis (49e, juste devant les Comores) se rapprochent dangereusement de la zone orange.

Vivement une (vraie) loi sur le secret des sources

"La mise sur écoute administrative, dans un contexte où le secret des sources est mal protégé, est un indicateur très négatif", nous confie Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Cette mesure a été introduite en France par la loi de programmation militaire (LPM) en 2013. "Au nom de la sécurité nationale et de la lutte contre le terrorisme, le juge, qui est pourtant le garant des libertés fondamentales, se voit retirer la décision de mise sous surveillance" des citoyens et donc des journalistes, regrette RSF dans son communiqué.

En 2014, une nouvelle loi antiterroriste "est venue parachever ce dispositif de surveillance en diminuant au passage la protection juridique des journalistes et en mettant en place un système de censure administrative de sites web", ajoute encore l’organisation. Et ce n’est pas tout : "Peu à peu, on sort des infractions de presse hors du spectre de la loi de 1881" (sur la liberté de la presse), comme certains cas d’injures ou de diffamation, s’inquiète encore Christophe Deloire. "Il ne faut pas, au nom de certains principes très louables, donner la possibilité à des magistrats de juger des journalistes en comparution immédiate, ce serait extrêmement dangereux", nous confie-t-il, se souvenant avec émotion des "discours extrêmement clairs" de François Hollande en faveur de la liberté de la presse.

Pour que la France remonte dans le classement, "il faudrait que le projet de loi sur le secret des sources soit adopté", estime Christophe Deloire. "Cependant, les dernières versions du texte n’étaient plus satisfaisantes, et il faut être très attentif aux raisons qui peuvent légalement justifier une atteinte au secret des sources", prévient-il, évoquant le trop flou "intérêt de la nation" qui doit figurer dans le texte.


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